Une hormone pour traiter les hommes en panne de désir

La kisspeptine, un neuropeptide sécrété par l'hypothalamus, pourrait stimuler le désir des hommes souffrant d'une baisse de libido due à un trouble du désir sexuel hypoactif (TDSH). Cette hormone «pourrait être le premier traitement pharmacologique pour les hommes souffrant d'un manque de désir sexuel», affirment ainsi les auteurs d'une étude publiée dans la revue JAMA Network Open. La kisspeptine est essentielle à la sécrétion d’autres hormones de reproduction impliquées dans la fertilité. Elle est codée par le gène KISS1 et module le mécanisme cérébral de la sexualité. Le gène KISS1 a été nommé d'après le lieu où il a été découvert: Hershey, Pennsylvanie, patrie des Hershey’s Kisses, les «baisers au chocolat de Hershey». La baisse du désir sexuel concerne jusqu'à 8% des hommes. Certaines études suggèrent qu'elle est déclenchée par une hyperactivation des zones impliquées dans le traitement de l'autoréférence et par une faible activité dans les régions du cerveau qui régulent le désir sexuel. Le «déplacement de l'attention des stimuli sexuels vers l'autocontrôle provoque une déficience persistante du désir sexuel accompagnée d'une détresse marquée», signale l'étude en question. Certains traitements actuellement utilisés pour cette maladie peuvent augmenter la réponse génitale, mais ils ne ciblent pas le désir sexuel. La kisspeptine était intéressante à étudier parce qu'elle joue un rôle clé dans la modulation du comportement de procréation, y compris la motivation sexuelle et les érections. Des études antérieures menées par les auteurs ont montré que le neuropeptide renforce l'activité limbique en réponse à des stimuli sexuels. Les chercheurs britanniques ont mené un essai clinique randomisé, en double aveugle, croisé dans les deux sens et contrôlé par placebo. Des questionnaires psychométriques ont permis d'exclure les facteurs de confusion tels que la dépression, l'anxiété et les troubles de l'érection sous-jacents, et des analyses sanguines ont facilité le diagnostic de la baisse du désir sexuel. Lire aussi: Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les dépendances sexuelles L'étude comprenait une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), des analyses hormonales pour étudier le traitement cérébral sexuel et la tumescence pénienne chez les hommes souffrant d’une baisse du désir sexuel. Le résultat principal était le changement de l'activité cérébrale mesurée par IRMf en réponse à des stimuli sexuels visuels pendant l'administration de kisspeptine par rapport au placebo. Plus de désir et d'érection Au total, 32 hommes hétérosexuels, tous droitiers, ont participé à l'étude. Les participants avaient un âge moyen de 37,9 ans et un indice de masse corporelle moyen de 24,9. Ils ont rempli des questionnaires psychométriques avant et à la fin de l'administration intraveineuse de kisspeptine ou de placebo. Des échantillons de sang ont par ailleurs été prélevés. Une IRMf a été réalisée de 30 à 60 minutes après la perfusion de kisspeptine ou de placebo. Les sujets ont également regardé de courtes vidéos, l'une à contenu sexuel hétérosexuel et l'autre à contenu non sexuel, à des fins de contrôle. Lors du visionnage de vidéos à caractère sexuel - mais pas des vidéos à caractère non sexuel -, la kisspeptine a modulé l'activité cérébrale dans des structures clés liées au traitement de la sexualité, et ce de manière significativement plus importante qu'avec le placebo. Les chercheurs ont également constaté une augmentation significative de la tumescence du pénis en réponse à des stimuli sexuels (jusqu'à 56% plus qu'avec le placebo). L'étude rapporte aussi une augmentation des mesures comportementales du désir sexuel.

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