Un vaccin ouvre la voie à de nouveaux traitements pour les allergies

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), 50% de la population mondiale sera allergique d'ici 2050, contre 25 à 30% aujourd'hui. Actuellement, le seul traitement modificateur de l’allergie est la désensibilisation, mais il nécessite souvent des mois, voire des années avant d'avoir un réel impact. Toutefois, bien que la désensibilisation ait été découverte en 1911, elle n’a pas permis de réduire significativement l’épidémiologie des allergies jusqu’à présent, indique le Dr Guy Tropper, oto-rhino-laryngologiste (ORL) qui pratique la médecine de l'allergie depuis plus de 10 ans. Mais voilà que la donne pourrait changer, grâce à un nouveau traitement mis au point par la compagnie franco-québécoise Angany: un vaccin contre les allergies aux chats. Ce type d’allergie touche environ 12% de la population, indique le Dr Tropper, qui est également cofondateur et vice-président exécutif d’Angany. En plus d’entraîner des problèmes de santé comme l’asthme, elle affecte aussi la vie personnelle. «Dans mon bureau, les patients allergiques me demandent souvent ce qu'ils peuvent faire, car ils veulent éviter à tout prix de se débarrasser de leurs chats.» Fonctionnement du nouveau traitement L'ingrédient immunothérapeutique actif ANG-101 du vaccin d’Angany est une bioparticule qui imite la forme et la taille d'un virus. Sa surface est recouverte d’environ 3000 copies de l'allergène Fel d 1, la protéine responsable de la vaste majorité des allergies aux chats. «La bioparticule ressemble à un gros virus sophistiqué à membrane, mais est entièrement biosynthétique et ne contient rien de viral. Le système immunitaire va tout de même réagir pour se protéger et développer des anticorps capables de bloquer la réaction allergique», explique le Dr Tropper. Ainsi, le but de ce vaccin n’est pas de développer une tolérance ou une désensibilisation, mais bien de renverser la dynamique allergique en établissant une protection chez les patients. Le vaccin est présentement testé pour la première fois sur des humains à l'Imperial College de Londres. L’étude évaluera l'allergénicité et l'immunogénicité du nouveau vaccin chez des patients adultes allergiques aux squames de chat. Selon le Dr Tropper, les premiers résultats formels devraient être disponibles vers la mi-décembre. Administration du vaccin Le vaccin d’Angany est administré en injection sous-cutanée dans le bras du patient, à l'instar de la désensibilisation. Le traitement inclut une injection initiale, un vaccin de rappel quelques semaines plus tard, et des vaccins de rappel aux six ou douze mois. Il est toutefois possible que les vaccins de rappel soient davantage espacés. «C’est ce que le développement clinique nous permettra de déterminer», explique le Dr Tropper. Par ailleurs, il n'exclut pas que deux doses du vaccin puissent être curatives chez les patients très jeunes chez qui l'allergie n’est pas clairement établie. «C’est très théorique. On n’a encore beaucoup de choses à prouver», précise-t-il. Moins de risque de réactions allergiques Les études précliniques du vaccin ont démontré que ce traitement serait environ 1000 fois plus puissant que ce qui est utilisé en désensibilisation, indique le médecin. Il ajoute que les études ont aussi démontré que cette approche est entre 100 et 1000 fois moins à risque de causer une hypoallergénécité, soit une réponse allergique, chez les patients qu'un processus de désensibilisation. D'autres allergies dans la mire? Le Dr Tropper confie qu’Angany travaille aussi parallèlement à adapter sa technologie aux allergies aux arachides. Ils en sont présentement à effectuer des tests au niveau préclinique. Bien que le développement de vaccins pour d’autres types d’allergies est tributaire des résultats obtenus avec l’essai clinique concernant l'allergie aux chats, le médecin indique que son équipe envisage explorer la piste des allergies aux acariens, au pollen, au bouleau, au venin et à divers aliments. «Les résultats sont très porteurs et nous donnent de l’espoir pour traiter non seulement les allergies aux chats, mais aussi toutes les personnes allergiques en général», conclut le Dr Tropper. À lire aussi: Un timbre cutané pour traiter les allergies aux arachides chez les tout-petits?

Un vaccin ouvre la voie à de nouveaux traitements pour les allergies

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes