Un test génétique pourrait prédire le risque de cancer de la vessie

L’étude en question a été menée par des chercheurs de la France, de l’Iran et des États-Unis. Elle a permis d’identifier des mutations sur dix gènes, qui permettent de prédire le type de cancer de la vessie le plus courant jusqu’à 12 ans avant le diagnostic. Le cancer de la vessie est assez commun. Bien qu’environ la moitié des patients diagnostiqués avec une forme avancée de la maladie survivent plus de cinq ans, les chercheurs de l’étude affirment que ce chiffre pourrait dépasser 80% si elle était détectée à un stade précoce. «Le diagnostic du cancer de la vessie repose sur des procédures coûteuses et invasives telles que la cystoscopie, qui consiste à insérer une caméra dans la vessie. Disposer d’un test urinaire plus simple, capable de diagnostiquer avec précision et même de prédire la probabilité d’un cancer des années à l’avance, pourrait permettre de détecter davantage de cancers à un stade précoce et d’éviter des cystoscopies inutiles chez des patients en bonne santé», a partagé Florence Le Calvez-Kelm, du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), et chercheuse principale de l’étude. L’équipe de chercheurs a utilisé le test UroAmp, un test urinaire développé par Convergent Genomics, une entreprise liée à l’Université de santé et de science de l’Oregon, qui identifie les mutations de 60 gènes. Les chercheurs se sont concentrés sur 10 gènes spécifiques et leurs mutations liées au cancer de la vessie. Il ont effectué des tests en utilisant des échantillons provenant de l’étude de cohorte Golestan, qui regroupe 50 000 participants suivis pendant 10 ans et ayant fourni des échantillons d’urine au moment de leur recrutement. Résultats Les résultats présentés le 10 mars dernier au congrès annuel de l’Association européenne d’urologie (EAU) à Milan, en Italie, semblent prometteurs. Au total, 40 personnes de la cohorte ont développé un cancer de la vessie au cours des 10 ans de suivi. Les chercheurs ont pu tester les échantillons d’urine de 29 d’entre elles ainsi que les échantillons de 98 autres participants, servant de population témoin. Parmi les 29 participants ayant développé un cancer de la vessie, le test a pu prédire un «futur» cancer de la vessie chez 19 d’entre eux, soit un total de 66%, même si les échantillons d’urine avaient été prélevés jusqu’à 12 ans avant le diagnostic clinique. Un cancer de la vessie a été diagnostiqué chez 14 de ces participants dans les sept ans suivant le prélèvement d’urine, et le test a permis de prédire le cancer chez 12 d’entre eux, soit 86%. Le test a aussi permis de prédire quels étaient les participants n'ayant pas développé de cancer à partir du groupe témoin chez 94 des 98 participants (96%). Tests connexes Le test a également été utilisé au Massachusetts General Hospital et à l’Ohio State University aux États-Unis à partir d’échantillons prélevés avant une cystoscopie chez 70 patients atteints d’un cancer de la vessie et 96 personnes qui n’avaient pas de cancer. Toutefois, contrairement à l’étude de cohorte mentionnée plus haut, certains de ces échantillons ont été fournis par des patients atteints de cancer le jour où ils ont été diagnostiqués, plutôt que plusieurs années auparavant. Des mutations ont été trouvées dans les échantillons d’urine de 50 des 70 patients (71%) dont les tumeurs étaient visibles lors de la cystoscopie. Dans certains cas, il s’agissait d’un nouveau diagnostic et dans d’autres, d’une récidive du cancer. Aucune mutation n’a été trouvée chez 90 des 96 patients (94%) dont la cystoscopie s’est révélée négative. Sauver davantage de vie Florence Le Calvez-Kelm se réjouit de ses résultats. «Nous avons clairement identifié les mutations génétiques acquises les plus importantes qui peuvent augmenter de manière significative le risque de développement d’un cancer dans les dix ans. Nos résultats sont cohérents dans deux groupes très différents: les personnes présentant des facteurs de risque connus qui subissent une cystoscopie et les personnes supposées être en bonne santé», a-t-elle partagé. Elle indique également que ce type de test pourrait être utilisé lors de dépistage de routine pour les groupes à haut risque comme les fumeurs ou les personnes exposées à des agents cancérigènes pour la vessie. «Ce type de test pourrait également être utilisé lorsque les patients consultent leur médecin pour du sang dans les urines, afin de réduire le nombre de cystoscopies inutiles. Si nous pouvons identifier le cancer de la vessie à un stade précoce, avant que la maladie n’ait progressé, nous pourrons sauver davantage de vies», ajoute-t-elle.

Un test génétique pourrait prédire le risque de cancer de la vessie

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes