Livre: Aider les médecins enseignants en présence d’étudiants en difficulté

Même si les candidats sont triés sur le volet avant d’être admis en médecine, près d’un résident sur dix éprouvera des problèmes d’habileté ou d’attitude, ou encore manifestera un manque de connaissances durant ses études, révèlent des recherches menées aux États-Unis. Or, les médecins enseignants ne sont pas formés pour faire face à ce genre de situations et plusieurs d’entre eux seront portés à se décourager devant ces étudiants, particulièrement ceux qui ont des problèmes de comportement.Mais comment diagnostiquer et prendre en charge les cas problématiques ? Ces difficultés que rencontre tout médecin qui a longtemps enseigné font l’objet d’un livre qui vient d’être lancé par un médecin de Québec, la Dre Miriam Lacassse, Diagnostic et prise en charge des situations d’apprentissage problématiques en éducation médicale. Omnipraticienne et membre du secteur développement pédagogique de l’Université Laval, la Dre Lacasse a obtenu plusieurs bourses afin de terminer le Academic Fellowship Program de l’Université de Toronto. Elle s’est intéressée aux situations d’apprentissage et publie aujourd’hui le résultat de ses travaux. Son ouvrage, lancé en français et en anglais par la faculté de médecine de l’Université Laval, est le premier à présenter une synthèse de la documentation sur les apprenants en difficulté en médecine et à proposer un modèle intégré d’évaluation et d’intervention. Ce livre est rempli d’observations et d’outils judicieux pour aider et conseiller les médecins enseignants amenés à traiter avec cette clientèle problématique.Symptômes et signesQuelques auteurs se sont penchés sur les caractéristiques des étudiants à risque. Il a été démontré que des cours abandonnés, repris ou incomplets sont des facteurs prédictifs de difficultés durant la première année d’études médicales. Certains cours au pré-externat, entre autres sur la relation médecin-patient, peuvent aider à détecter le manque de professionalisme chez certains individus et à prédire des problèmes ultérieurs de performance clinique.Les étudiants en difficulté présentent différents types de problèmes. Les spécialistes ont mis au point plusieurs modèles de classification pour les décrire. Essentiellement, les difficultés rencontrées portent sur quatre aspects :Problèmes de connaissances et d’apprentissage : l’étudiant souffre d’un manque de connaissances cliniques ou fondamentales, il éprouve des problèmes de communication ainsi que cognitifs, il présente des habitudes d’étude inefficaces, etc.Problèmes personnels : l’étudiant a des problèmes affectifs, de santé mentale ou physique, des problèmes de consommation, d’argent, de couple, d’isolement, des problèmes culturels s’il vient de l’étranger. Parfois, ses difficultés trouvent leur source dans son entourage ou sa famille. Certains ont des problèmes disciplinaires qui les amènent à violer des règlements ou des lois explicites.Problèmes liés à l’environnement ou au système : l’étudiant peut être victime d’une surcharge de travail ou de la pression des pairs. Le contact avec des patients gravement malades ou la mort peut l’affecter. Il peut aussi connaître des conflits éthiques, manquer de soutien, il a de la difficulté à s’ajuster à la faculté, etc.Problèmes liés à l’enseignant : parfois, c’est l’enseignant lui-même qui est à la source des difficultés (voir autre texte).Troubles d’apprentissageLa chose peut surprendre, mais environ 3 % des étudiants en médecine présenteraient des troubles d’apprentissage, comme la dyslexie et la dysgraphie (écriture). Ces étudiants travaillent beaucoup pour devenir médecins. Ils ont toujours réussi à surmonter leurs problèmes, mais leurs techniques d’études, jusque-là efficaces, sont dépassées par le rythme d’enseignement en médecine.Plans d’interventionDes plans d’intervention sont envisageables en cas d’apprentissage problématique. Ils sont classés en trois niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire. Au troisième stade, il est conseillé aux enseignants de demander de l’aide, au directeur de programme en particulier, et de ne pas attribuer la note de passage qui ne satisfait pas aux normes de la profession.Tous les étudiants ne réagissent pas positivement quand on veut les aider. La résistance et le déni constituent les obstacles les plus importants au succès d’une intervention, note la Dre Lacasse. Si l’individu demeure « sourd et aveugle », ou tente de justifier ou de nier, il faudra le confronter simultanément à plusieurs membres de son entourage.L’élaboration d’un programme de mise à niveau représentera l’ultime intervention pour aider les étudiants en difficulté. On doit suspecter un manque de motivation lorsque l’enseignant a l’impression de faire plus d’efforts que l’apprenant. Ce problème de motivation est peut-être l’indice que l’étudiant n’est pas à l’aise dans son choix de carrière. Une démarche d’orientation devrait alors être entreprise avec lui pour déterminer si un changement de programme ou de spécialité s’impose dans son cas.

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