Un nouvel outil pour la prise en charge des patients atteints du cancer du poumon

Après le cancer du sein, du colon et du rectum, c'est au tour du cancer du poumon de faire l’objet d’un outil visant à faciliter la prise en charge des patients. Intitulé Algorithmes d’investigation, de traitement et de suivi pour le cancer du poumon, ce guide de pratique est le fruit du travail concerté du Groupe d’étude en oncologie du Québec (GEOQ), qui est derrière cette initiative, du Comité de l’évolution des pratiques en oncologie (CEPO) de l’INESSS et de la Direction québécoise de cancérologie au ministère de la Santé.Le contenu du document a été élaboré à la suite d’une journée de discussions entre experts québécois spécialisés dans l’investigation et le traitement du cancer du poumon. Ce groupe comprenait une cinquantaine de médecins (des pneumologues, des pathologistes, des radio-oncologues, des chirurgiens, des hématologues et oncologues, des nucléistes, des chirurgiens thoraciques) et des pharmaciennes, provenant de diverses institutions et régions.Tous ces gens s’étaient réunis bénévolement à l'automne 2013 afin de partager leurs façons de faire et tenter de se rallier autour des formes d’interventions dans le cancer du poumon reflétant à la fois les meilleures données probantes et la pratique actuelle au Québec, compte tenu des médicaments et des budgets disponibles.Le résultat de ce travail collectif se présente sous la forme d’un outil étoffé de 269 pages, offert en PDF et disponible sur les sites Web du GEOQ et de l’INESSS. Il s’adresse aux cliniciens, médecins de famille, médecins spécialistes, pharmaciens et infirmières, pour les appuyer au quotidien dans leurs interventions en oncologie et le traitement de patients atteints du cancer du poumon.Un outil semblable portant sur le cancer de la prostate devrait être lancé d’ici la fin de 2014. Il est aussi prévu de réaliser un guide similaire pour d’autres types de cancer.Cheminement du GEOQFondé en 1999 par les hémato-oncologues Bernard Lespérance, de l’Hôpital du Sacré-Cœur, et Normand Blais, du CHUM, le GEOQ a surtout travaillé au cours de sa première décennie sur le transfert des connaissances et le partage des protocoles de chimiothérapie utilisés dans la province. Même si ces références étaient très utilisées par des médecins et des pharmaciens, le GEOQ a ressenti la nécessité d’aller plus loin.«Nous nous sommes rendus compte qu’il vaudrait la peine de parvenir à une trajectoire complète allant du diagnostic aux premières lignes de traitement et idéalement jusqu’à la fin du processus», dit le Dr Lespérance.Lors de la réunion visant à développer les algorithmes, 140 questions ont été posées aux experts participants afin de connaître ce qui se fait sur le terrain au Québec, tout en s’appuyant sur l’analyse des données probantes. Cet exercice interdisciplinaire a permis à chaque spécialiste d’en apprendre davantage sur l’apport des autres spécialistes quand ils traitent un cancer du poumon.«Je suis bon en oncologie, mais j’aime savoir ce que font le chirurgien, le pathologiste, le radio-oncologue. C’est clair que l’on apprend beaucoup de l’autre et de cette pluridisciplinarité», souligne le Dr Lespérance, qui dit avoir énormément appris lui-même sur le travail des autres spécialistes lors de la réunion et de la démarche qui a amené à la production de l’outil.Les algorithmes ont été rédigés par les méthodologistes du CEPO à partir des réponses aux questions et des données de la littérature.«On s’aperçoit que l’on peut générer avec la qualité des méthodologistes un document solide, qui a une grande vision et de l’impact», se réjouit le président du GEOQ.Approche québécoiseL’un des grands mérites de cet outil est d’avoir fait converger des experts de différents établissements et qui peuvent avoir des pratiques différentes autour de certains protocoles.«Le Québec est fait de petits silos. Chaque établissement a sa façon de faire. Ce que l’on voudrait, c’est réussir à avoir de plus en plus une approche québécoise, sans forcer une seule recette, précise le Dr Lespérance. C’est clair qu’il y a de gros défis à tenter d’uniformiser une pratique.»Même s’il n’est pas toujours facile d’en arriver à des consensus, l’hémato-oncologue est très satisfait de la collaboration qui s’est installée entre les partenaires de diverses spécialités, ainsi que du produit final.«On profite de la force du nombre. Les gens ont participé avec beaucoup d’enthousiasme. Il y a des experts qui ont des visions parfois complémentaires. Malgré la multiplicité des sources, on finit par avoir des approches de plus en plus communes.»Contenu de l’outilL’outil comprend cinq sections distinctes:- les algorithmes décisionnels;- les principales recommandations pour la pratique clinique;- le résumé des données probantes et des éléments de discussion;- les principaux protocoles de chimiothérapie utilisés pour le traitement du cancer du poumon au Québec;- les références qui soutiennent ces recommandations.Des mises à jour régulières sont déjà prévues par ses auteurs afin qu’il continue de refléter les données et les pratiques les plus récentes.Le Dr Lespérance «souhaite maintenant que cet outil soit adopté et utilisé dans la pratique par le maximum d’intervenants, et que les médecins de famille fassent partie de cette logique de soins».

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