Un lien entre la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Parkinson?

Les preuves d'un lien entre les maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR) et le développement de la maladie de Parkinson (MP) s'accumulent. La dernière en date provient d'une vaste étude de population menée en Corée, qui a montré que les personnes atteintes de PR présentaient un risque de MP multiplié par 1,74 par rapport aux témoins. Les résultats, publiés dans la revue JAMA Neurology, proviennent d'une étude de cohorte rétrospective qui s'est appuyée sur des données représentatives de la population à l'échelle nationale. «Les résultats de l'étude suggèrent que les médecins qui soignent des patients atteints de PR devraient être conscients du risque élevé de MP et qu'une orientation rapide vers un neurologue devrait être envisagée dès l'apparition des premiers symptômes moteurs de la MP chez les patients atteints de PR sans synovite», écrivent les chercheurs. Si l'on suppose que l'inflammation chronique causée par la PR contribue au développement de la MP, les raisons restent floues et peu d'études se sont directement penchées sur ce sujet. À lire aussi: Encéphalomyélite myalgique et fibromyalgie: un premier test de dépistage mis au point au Québec Pour réaliser l'étude, les chercheurs ont consulté la base de données du Service national d'assurance maladie du pays, qui couvre 97% de la population. L'accent a été mis sur les patients atteints de PR qui ont été recrutés entre 2010 et 2017 et suivis jusqu'en 2019. Le principal critère était l'apparition de la maladie de Parkinson. Au total, 54 680 personnes atteintes de PR ont été identifiées, âgées de plus de 40 ans et ayant subi un bilan de santé dans les deux années précédant leur diagnostic de PR. Parmi elles, 39 010 étaient PR séropositive (PRSP) et 15 670 étaient PR séronégative (PRSN). Des témoins sans PR, appariés selon l'âge et le sexe, ont été inclus à des fins de comparaison et étaient au nombre de 273 400. L'âge moyen des participants était de 58,6 ans et 74,9% étaient des femmes. Les patients du groupe PRSP étaient souvent plus âgés (30,2% contre 25,8%), fumeurs (11,6% contre 9,5%) et moins souvent obèses (29,4% contre 32,9%) que ceux du groupe PRSN. L'étude a défini la PR sur la base de la Classification internationale des maladies, de l'inscription au programme des maladies rares et incurables et des données relatives aux prescriptions d'ARMM afin de réduire la probabilité d'une classification erronée. À lire aussi: La goutte: la seule arthrite curable Après un suivi d'une durée médiane de 4,3 ans, 1093 patients au total ont développé une MP, dont 803 dans le groupe témoin et 290 dans le groupe atteint de PR. Les analyses ont montré que les participants atteints de PR présentaient un risque de MP 1,74 fois plus élevé que les témoins. Le risque de MP était plus élevé chez les patients atteints de PRSP que chez ceux atteints de PRSN, et le risque de MP était plus élevé dans le groupe PRSN que chez les témoins. En ce qui concerne l'utilisation des ARMM, il a été constaté que seuls 15 patients utilisaient des ARMM ou des ARMM synthétiques ciblés. Mais une analyse de ce petit groupe a montré que les patients atteints de PR qui n'utilisaient pas d’ARMM biologiques présentaient un risque plus élevé de MP que le groupe témoin, et que les patients atteints de PR qui utilisaient des ARMM biologiques ne présentaient pas un risque plus élevé que les témoins. «Ce résultat peut impliquer que les ARMM biologiques peuvent compenser le risque accru de MP... (mais) Notre étude était limitée par l'utilisation d’ARMM biologiques ou d’ARMM synthétiques ciblés chez seulement 8% des patients atteints de PR, et le nombre de cas de MP était trop faible pour tirer des conclusions définitives. D'autres études sont nécessaires», indique l'étude. Mais dans l'ensemble, l'étude a révélé que la PR «est associée à un risque accru de MP et que la PRSP conférait un risque accru de MP». Dans un article de 2022 publié dans le Journal of Parkinson's Disease et portant sur les composantes immunitaires possibles de la maladie de Parkinson, les auteurs ont déclaré que «les données épidémiologiques étayent l'hypothèse selon laquelle la maladie de Parkinson est une affection à médiation immunitaire» et que «les affections auto-immunes, telles que le syndrome de Sjögren, la spondylarthrite ankylosante et la polyarthrite rhumatoïde, semblent également être associées à un risque accru de maladie de Parkinson». L'étude note également que les gènes impliqués dans la régulation du système immunitaire sont souvent communs à la maladie de Parkinson et aux maladies auto-immunes. «Le rôle des traitements immunomodulateurs des maladies à médiation immunitaire en tant que facteur de confusion possible est sous-étudié et nécessite une analyse plus approfondie», indique l’étude.

Un lien entre la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Parkinson?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes