Un humain sur dix touché par l’arthrose en 2050

Forme d’arthrite la plus courante, l’arthrose prolifère partout dans le monde, selon une étude internationale menée dans plus de 200 pays à partir de données colligées sur la maladie articulaire durant trois décennies. En 2020, 595 millions de personnes étaient touchées, soit une augmentation de 132% par rapport à 1990. «D’ici 2050, ce nombre devrait approcher la barre du milliard», prédisent les chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), qui est affilié à l’Université de Washington, à Seattle. Les scientifiques attribuent cette hausse vertigineuse à trois facteurs principaux: le vieillissement, la croissance démographique et l’obésité. La prévalence de l’arthrose croît en effet avec l’âge. En 2016-2017, elle atteignait 3,6% des Canadiennes et Canadiens entre 40 et 44 ans, 28,1% entre 65 et 69 ans et 47,2% entre 80 et 84 ans. Autrement dit, plus la population mondiale augmente, plus les cas augmentent mécaniquement, et plus elle vieillit, plus elle souffre de douleurs articulaires. «Compte tenu de l’allongement de la durée de vie et de l’augmentation de la population mondiale, nous devons anticiper les pressions exercées sur les systèmes de santé dans la plupart des pays», souligne la Dre Jaimie Steinmetz, chercheuse principale à l’IHME. «Il est donc essentiel de se concentrer sur des stratégies de prévention et d’intervention précoce», ajoute-t-elle en insistant sur la nécessité de rendre les traitements coûteux et efficaces, comme les prothèses articulaires, plus abordables dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. L’étude, publiée récemment dans The Lancet Rheumatology, met en évidence que l’obésité ou un indice de masse corporelle (IMC) élevé sont des facteurs de risque importants pour l’arthrose. «Si l’on parvenait à lutter efficacement contre l’obésité au sein de la population mondiale, le fardeau de l’arthrose diminuerait d’environ 20%», affirment les scientifiques après avoir observé que l’obésité a joué un rôle plus important au fil du temps dans la prévalence de l’arthrose. En 1990, elle était responsable de 16% des incapacités dues à l’arthrose, contre 20% en 2020. Maladie progressive, qui peut s’aggraver avec le temps, l’arthrose aboutit à la destruction du cartilage articulaire et de l’os sous-jacent. Elle peut toucher n’importe quelle articulation mobile, mais, la plupart du temps, ce sont les genoux, les hanches, les gros orteils, les mains et la colonne vertébrale qui sont affectés. La maladie se manifeste différemment d’une personne à l’autre, les symptômes les plus courants étant toutefois la douleur articulaire, les courbatures et les raideurs matinales qui durent moins de 30 minutes, ainsi qu’une amplitude de mouvement réduite voire, parfois, de l’enflure dans l’articulation touchée. Les chercheurs de l’IHME estiment que, d’ici à 2050, les cas d’arthrose du genou augmenteront de 74,9%, ceux de la hanche de 78,9% et ceux de la main d’environ 50%. Ils s’attendent également à ce que davantage de femmes que d’hommes continuent à être aux prises avec cette affection. En 2020, 61% des cas d’arthrose concernaient ainsi des femmes, contre 39% des hommes. «Nous pensons que la génétique, les facteurs hormonaux et les différences anatomiques jouent un rôle dans cette différence entre les sexes», indique le professeur à l’École de santé publique et des populations de l’Université de Colombie-Britannique, le Dr Jacek Kopek, auteur principal de l’étude. Prévention et promotion de l’activité physique Ses collègues et lui rappellent qu’il n’existe présentement aucun traitement permettant de guérir l’arthrose. «Les systèmes de soins de santé et les gouvernements ont la possibilité de s’engager en participant à l’identification des populations vulnérables, en s’attaquant aux facteurs d’obésité et en développant des stratégies de gestion pour prévenir ou ralentir la progression de l’arthrose», avance donc la Dre Liane Ong, qui a supervisé l’étude en question. Lire aussi: Que savez-vous de l'arthrose et de sa prise en charge? (quiz) «Le rôle que joue l’inactivité physique dans l’obésité et la douleur associée à l’arthrose peut avoir des cycles négatifs opposés et involontaires. Par exemple, l’activité physique peut prévenir les blessures plus tôt dans la vie et peut même être bénéfique pour une personne souffrant de douleurs articulaires. C’est contre-intuitif, mais avoir des douleurs articulaires ne signifie pas qu’il faille rester sédentaire», souligne la chercheuse de l’IHME.

Un humain sur dix touché par l’arthrose en 2050

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