Un guide pour aider les pharmaciens salariés à mieux déléguer les tâches techniques

«Je vois des ATP (assistantes techniques en pharmacie) être seulement utilisées au comptage des médicaments alors qu’elles ont les compétences pour être affectées à la délégation validation contenant/contenu (DVCC). Il faut mieux répartir les tâches et exploiter les compétences des ATP pour aider les pharmaciens», affirme Patrick Hémery, président de l’APPSQ et pharmacien salarié. Depuis juillet dernier, les pharmaciens peuvent déléguer davantage, puisque les ATP ont le droit notamment d'administrer un médicament par voie orale, topique, sous-cutanée, intranasale, intradermique ou intramusculaire ou par inhalation afin d'en démontrer l'usage approprié, aux fins de vaccination et lors d'une situation d'urgence. Les auteurs du guide remarquent que les pharmaciens accordent une grande majorité de leur temps à effectuer des tâches techniques alors que celles-ci devraient être effectuées par des ATP. La délégation permettrait aux pharmaciens d’exécuter des activités cliniques au bénéfice des patients, soulignent-ils. Pour bien déléguer, les auteurs établissent cinq étapes: 1- Établir les procédures prioritaires Le pharmacien identifie les forces et les faiblesses uniques à la pharmacie et recueille les idées des membres du personnel afin de bien circonscrire les problématiques. 2- Évaluer les effectifs Le pharmacien évalue le nombre d’employés disponibles, détermine si la délégation implique toute l’équipe ou seulement une partie de celle-ci et sélectionne les candidats intéressés selon leur niveau de compétence et de vigilance. 3- Établir la procédure Les personnes responsables de la procédure veilleront à y inclure les objectifs visés, les membres de l’équipe impliqués, les formations à suivre, une description de l’activité et ses mesures de contrôle. 4- Former et implanter la délégation Pour la formation, définir les attentes quant aux objectifs à atteindre et standardiser la formation pour faire en sorte que chaque personne formée le soit de façon équivalente. Pour l’implantation, choisir une période de l’année ou du mois avec un achalandage réduit et une période où la plupart des employés sont présents. 5- Appliquer les mesures de contrôle Assurer la traçabilité, maintenir un registre du personnel formé et réviser régulièrement la procédure. Notons que l'OPQ a servi cet avertissement dans son guide paru il y a quelques mois: «Vous n’êtes pas obligé de déléguer toutes les tâches ou activités délégables. Identifiez plutôt les tâches et les activités dont la délégation rendra votre pratique plus efficace.» Non au transfert de suivi unilatéral Par ailleurs, la charge de travail pesant lourd sur les épaules des pharmaciens, l’APPSQ demande aux professionnels de la santé qui transfèrent un suivi thérapeutique vers le pharmacien communautaire de le faire dans un «cadre pluridisciplinaire et non de façon unilatérale». «De nos jours, un médecin va prescrire un médicament en notant sur la prescription "suivi par un pharmacien". Ce n’est toutefois pas une condition suffisante pour qu’elle soit acceptée. Peut-être que le pharmacien n’a pas les compétences pour faire le suivi ou n’a pas le temps. Je n’ai rien contre le transfert de tâches du médecin vers le pharmacien, mais il faut avoir les moyens de les faire», explique Patrick Hémery, qui travaille dans une pharmacie de Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière. Selon un sondage mené auprès de 500 pharmaciens salariés en novembre dernier, 54% des pharmaciens considéraient que leur charge de travail était inadéquate, alors que 48% des répondants trouvaient que leur charge de travail avait augmenté de plus de 50% au courant de la dernière année. De plus, le tiers des pharmaciens salariés envisageaient changer de profession au cours des cinq prochaines années. Un environnement moins bruyant Finalement, le guide aborde l’aménagement du laboratoire et le bruit ambiant. Selon l’APPSQ, le laboratoire ne doit pas être visuellement accessible au public et doit être fermé à l’aide de barrières physiques. Cela aide à réduire les bruits ambiants et à limiter les interruptions en plus de réduire, par le fait même, les risques d’erreurs, souligne l’Association. «Analyser le dossier et faire les bonnes recommandations aux patients demandent un effort de concentration soutenu. Si le pharmacien est dérangé parce qu’il est interpellé par un patient ou parce qu’il y a du bruit, il ne peut pas se concentrer», soutient Patrick Hémery. Selon son organisation, la musique, les sonneries de téléphone, les messages à l’intercom et les autres distractions sonores sont une embûche à la concentration du pharmacien. L’instauration de casques d’écoute pour répondre aux appels téléphoniques et la réduction au minimum de la musique entendue au laboratoire font partie des solutions retenues par l’APPSQ. De plus, les pharmaciens salariés estiment que les postes de travail doivent être présents en quantité suffisante pour permettre à tous les membres du personnel d'effectuer leur travail sans encombrement ni dérangement. «Par exemple, un délégataire à la DVCC bénéficiera d'un poste de travail en retrait, isolé des bruits ambiants et des interruptions de ses collègues», note le guide.

Un guide pour aider les pharmaciens salariés à mieux déléguer les tâches techniques

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes