Tueries dans les écoles: les médicaments seraient-ils responsables?

Si les législateurs et les autorités souhaitent vraiment mettre un terme à la violence générée par les armes dans les écoles, ils devraient jeter un œil attentif aux prescriptions de médicaments psychotropes pour les jeunes, a affirmé un psychiatre de renom.Dans une entrevue exclusive à un média new-yorkais, le Dr David Healy, qui habite Londres, a critiqué les compagnies pharmaceutiques qui ont engrangé des milliards de dollars avec leurs inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS).Les médicaments psychotropes «prescrits aux enfants d’âge scolaire entraînent des comportements violents», a indiqué le Dr Healy.Ces médicaments sont largement utilisés aux États-Unis comme antidépresseurs par les médecins qui travaillent dans le domaine de la santé mentale et de plus en plus par les médecins des soins primaires, a-t-il noté.Selon le Dr Healy, le problème est que les médecins qui collaborent avec les écoles pour contrôler les comportements des enfants sont enclins à prescrire des ISRS sans s’inquiéter des conséquences indésirables.L'agressivité comme effet secondaire potentiel«Les entreprises pharmaceutiques ont fabriqué ces médicaments dans l'unique but de faire de l’argent, a-t-il dit. Il existe un vaste éventail de problèmes quand vient le temps de considérer la prescription de tels médicaments pour les enfants. Très peu d’enfants ont des problèmes nécessitant un traitement par des pilules qui présentent les risques des ISRS.»Les médicaments peuvent rendre les enfants «agressifs et hostiles», note-t-il.«Les enfants qui prennent des ISRS sont plus susceptibles de faire du mal ou d’injurier les autres enfants de l’école, explique le Dr Healy. L’enfant peut même devenir suicidaire.»«Nous donnons des médicaments à des enfants qui traversent des stades critiques de leur développement, et en tant que société, nous sommes en train de nous livrer à une vaste expérimentation dont personne ne connaît vraiment le résultat.»Le Dr Healy précise qu’il y a une forte corrélation entre les tueries et l’usage de médicaments.«Lorsqu’environ 9 cas sur 10 dans ces tueries dans les écoles impliquent ces médicaments qui ont été prescrits, alors une proportion significative de ces cas a été soit causée par les médicaments, soit les médicaments ont eu une contribution significative au problème», dit-il.Le président Obama, dans une série de 23 mémos et proclamations présidentiels signés en janvier dernier, a demandé aux Centers for Disease Control d’entreprendre une recherche afin d’examiner la violence engendrée par les armes à feu et d’explorer les moyens médicaux de contrôler le problème.Campagne de propagandeAjouter davantage de dépistage de maladies mentales dans les écoles augmenterait, en fait, l’incidence des tueries dans les écoles et ne réduirait pas la violence.«Vous pouvez faire un graphique avec le nombre d’enfants psychiatrisés aux États-Unis et le nombre de tueries dans les écoles et vous découvrirez que les deux sont en hausse, allant dans la même direction et en même temps», précise le Dr Healy.Il voit une «campagne de propagande» menée aux États-Unis dans les suites de la tuerie d’Aurora, au Colorado, dans un cinéma, et de celle de Newton, au Connecticut, dans une école primaire, voulant que la violence par les armes est causée par la maladie mentale et pourrait être stoppée par davantage de programmes de dépistage dans les écoles.«Si les enfants sont dépistés pour des problèmes de maladie mentale, cela conduira les médecins à obliger encore plus d’élèves à prendre plus de pilules, dit-il. Je prédirais même que le résultat de ces dépistages de maladies mentales dans les écoles sera davantage de tueries, même si les armes sont retirées et que les tueries sont faites sans armes à feu.»Il conseille les actionnaires des compagnies pharmaceutiques de réaliser que leurs actions pourraient être affectées si des juges et des jurys déterminaient que leur compagnie porte une responsabilité légale. Des cours pourraient conclure que le médicament d’une compagnie avait été prescrit à un enfant qui s’est rendu coupable d’une tuerie dans une école.Le Dr Healy précise également que les médecins qui prescrivent des pilules aux enfants ne guérissent pas nécessairement les problèmes de santé mentale.Intervention familiale plutôt que médicaleIl ajoute que les médecins sont enclins à résoudre un grand nombre de problèmes de santé en prescrivant des médicaments. Dans les générations précédentes, cependant, les familles nombreuses pouvaient fournir un contexte d’antécédents familiaux pour comprendre des problèmes de comportement et identifier des traitements pour régler un grand nombre de problèmes. Les familles voyaient là un problème de développement que l’on traitait par une intervention familiale plutôt que par la médecine.«Une étude de marché, par exemple, a fait comprendre aux compagnies pharmaceutiques qu’il était beaucoup plus difficile de vendre des médicaments pour traiter le TDAH, dans un environnement ou une communauté où la grand-mère de l’enfant est présente, reprend le Dr Healy. Parce que la grand-mère pouvait dire, “cet enfant n’a pas besoin de pilules. Son père était comme lui, et voyez, il s’en est bien sorti”. La médecine intervient avec ses médicaments lorsque les communautés n’ont plus leurs racines dans la famille.»Le Dr Healy ajoute que l’information dont disposent les compagnies pharmaceutiques sur les effets indésirables des ISRS n’est pas accessible au grand public.Afin de contrer ce problème, il a mis sur pied un site Web, RxISK.org, qui permet aux gens de poster des expériences personnelles avec les ISRS ou qui ont eu des parents, amis, enfants qui ont été lésés par ces médicaments. Ce sont des gens, selon le site, «qui se sont vu pris au piège d’un monde kafkaien lorsqu’ils ont cherché l’aide de leur médecin ou d’autres qui auraient pu les aider».L’objectif de RxISK.org est la création d’une base de données ouverte au public qui fournit un rapport qu’un patient peut apporter à un médecin ou à un pharmacien pour les informer des effets indésirables d’un ISRS particulier.Une base de données indépendante ayant trié 4800 cas dans lesquels les ISRS ont été associés à un comportement violent aux États-Unis et ailleurs dans le monde a été publiée sur Internet. Il s’agit d’une compilation des incidents apparus dans les médias, les journaux scientifiques et les témoignages de la FDA.Les ISRS retrouvés dans cette base de données incluent le Prozac (fluoxétine), le Zoloft (sertraline), le Paxil (paroxétine), le Celexa (citalopram), le Lexapro (escitalopram) et le Luvox (fluvoxamine). (Traduction: Sylvie Gourde)Source: WND

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