Trois conséquences inopinées de la COVID-19

Les vagues qui se succèdent depuis mars 2020 et les mesures de santé publique prises en conséquence ont entraîné, par ricochet, la détérioration de la santé mentale des Canadiens. Stress, anxiété, sentiment de solitude, les sondages montrent qu’«elle est mise à rude épreuve alors que les gens ont de la difficulté à accéder aux réseaux de soutien ou à trouver de l’assistance auprès de leur communauté», observe Mélanie Josée Davidson, la directrice de l’évaluation de la performance du système de santé de l’ICIS. Résultat, la consommation de substances psychoactives (alcool, cannabis, opioïdes, antidépresseurs, etc.) a augmenté ces 20 derniers mois et cette réalité s’est répercutée sur l’activité hospitalière. «Il y a eu deux fois plus de personnes hospitalisées en raison de l’utilisation de ces substances qu’à cause de la COVID-19», relève Mme Davidson. De mars 2020 à juin 2021, les hospitalisations pour consommation de substances ont ainsi augmenté de 9% — soit plus de 16 000 hospitalisations supplémentaires — tandis que celles liées à d’autres motifs ont diminué. Cette hausse a été plus forte chez les personnes vivant dans des collectivités au revenu le plus faible (+ 13%) que chez les mieux nanties (+ 5%). «Ces résultats peuvent refléter le fardeau inégal de la pandémie sur les personnes qui utilisent des substances», note l’ICIS. Plus d’hospitalisations à cause de l’alcool En revanche, les visites à l’urgence en raison de l’alcool ont reculé de 9% durant la même période. Cette baisse a été plus marquée chez les jeunes: elle se chiffrait à 36% pour les 10 à 19 ans et à 18% pour les 20 à 29 ans. «Ce recul peut être attribuable à la fermeture des bars et des restaurants, à la réduction des fêtes et des interactions sociales ainsi qu’au confinement des jeunes à la maison», indique la dirigeante de l’ICIS. À l’inverse, les hospitalisations induites par l’alcool ont augmenté de 10% depuis le début de la pandémie, la hausse la plus marquée ayant été observée chez les adultes d’âge moyen (22% chez les 30 à 39 ans). Les hospitalisations pour des affections pouvant découler de la consommation chronique d’alcool ont quant à elles particulièrement augmenté. L’ICIS a par exemple recensé près de 4300 séjours à l’hôpital supplémentaires pour des troubles communément reliés à l’alcool, comme les maladies du foie, et près de 8000 hospitalisations additionnelles pour des troubles mentaux et du comportement en lien avec la boisson. Les soins pour des blessures auto-infligées en hausse chez les jeunes femmes La pandémie a également entraîné une diminution des visites à l’urgence (- 7%) et des hospitalisations (- 6%) pour des blessures auto-infligées. Cependant, les soins hospitaliers pour de telles blessures ont augmenté chez les filles et les femmes de 10 à 24 ans, principalement dans les derniers mois étudiés par l’ICIS. D’octobre 2020 à juin 2021, elles ont davantage visité les services d’urgence (+ 10%) ou été hospitalisées (+ 12%). Depuis le début de la pandémie, ces filles et femmes de 10 à 24 ans ont été à l’origine de près de 40 % de toutes les visites à l’urgence et de plus de 30% de toutes les hospitalisations pour des blessures auto-infligées. Enfin, dernière conséquence inattendue de la COVID-19 relevée par l’ICIS, les chutes accidentelles ont entraîné, dans l’ensemble, moins de consultations à l’urgence (- 22%) et d’hospitalisations (- 4%) comparé à 2019. La baisse la plus importante a été enregistrée chez les 5 à 19 ans, qui ont fait moins de sport qu’à l’accoutumée.

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