Travailleurs de la santé: la vaccination bientôt obligatoire

Les travailleurs de la santé auront bientôt l’obligation d’être doublement vaccinés, a annoncé François Legault en conférence de presse, le mardi 17 août à 15 h. Même si 90% des travailleurs de la santé sont jusqu’à maintenant vaccinés, les 10% restants mettent à risque les patients vulnérables, a souligné le premier ministre. Les détails de cette obligation seront discutés en commission parlementaire dès la semaine prochaine. Tout le personnel en contact plus de 15 minutes avec des gens vulnérables sera touché par cette mesure, incluant le personnel d’entretien, de soins, les médecins, autant dans le système public que dans les ressources intermédiaires et les résidences privées pour les aînés. «Ce n’est pas une décision facile», a insisté le premier ministre. Contrairement au passeport vaccinal, qui impose une contrainte aux loisirs et aux activités non essentielles, l’obligation touche à l’intégrité physique de même qu’au droit au travail. «Ce n’est pas banal», ajoute M. Legault. Les modalités d’application et les conséquences en cas de refus seront discutées avec les partis d’opposition. «On ne peut pas se permettre de garder du personnel en contact avec des patients s’ils ne sont pas vaccinés. La recommandation de la Santé publique est très claire. Ils ne pourront pas travailler. Est-ce qu’ils seront payés, payés en partie ? Il faudra regarder ça», a expliqué M. Legault. Il pourrait par exemple y avoir des pénalités administratives; on écarte toutefois les congédiements. Pour donner le temps au personnel du système privé de se faire vacciner, le gouvernement caquiste veut proposer la date butoir du 1er septembre pour la première dose, et du 1er octobre pour la deuxième. La commission parlementaire discutera également de la question des proches aidants et des visiteurs dans les hôpitaux et les CHSLD. «On veut s’assurer que le virus arrête de circuler dans les établissements», a insisté le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Motifs derrière la décision L’augmentation du nombre de cas de même que la virulence du variant Delta auraient forcé cette décision. «Je sais que les Québécois ne souhaitent pas entendre parler de pandémie, mais malheureusement, le virus ne prend pas de vacances», a commenté le premier ministre. Le premier ministre Legault, de même que le ministre Dubé et le directeur national de la santé publique Horacio Arruda ont tenu une rencontre sur le sujet avec les experts de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) hier. Ces derniers s’attendent à l’unanimité à une augmentation des cas et des hospitalisations dans les prochaines semaines. «Même s’il fait chaud, que c’est l’été, la situation est inquiétante et on doit prendre des mesures», justifie François Legault. Le nombre de cas au Québec reste toutefois proportionnellement moins grand qu’aux États-Unis et en Europe. «L’un de nos indicateurs les plus importants dans le contexte de la quatrième vague va être la question des hospitalisations. On a quand même un réseau de la santé qui a été fragilisé», a rappelé le Dr Arruda. La vaccination obligatoire vise donc à ralentir la transmission chez les patients et entre les travailleurs. «On a besoin d’eux [les travailleurs de la santé] à la fois pour traiter la COVID-19, mais aussi toutes les autres services, chirurgie cardiaque, ou autre», souligne-t-il. Vaccin efficace malgré tout «Les chiffres sont clairs: les personnes qui ne sont pas vaccinées, c’est la majorité des gens qui se retrouvent avec le virus et à l’hôpital», a par ailleurs rappelé le premier ministre, qui a tenu à rassurer la population sur l’efficacité des vaccins. «Il ne faut pas tomber dans le piège des proportions», a averti Horracio Arruda. Il est ainsi normal qu’avec l’augmentation du nombre de personnes vaccinées, un certain nombre de personnes tombent tout de même malades, comme le vaccin n’est pas efficace à 100% et que le variant Delta est plus transmissible et virulent. Il faudra donc comparer l’incidence de la maladie chez les vaccinés par rapport à l’incidence de la COVID-19 chez les non-vaccinés, a rappelé le Dr Arruda. Ainsi, la forte réponse des Québécois à l’appel de se faire vacciner aurait permis de diminuer le nombre d’hospitalisation et de décès. Comparativement aux mêmes 6 semaines l’an passé, le Québec recense 60% moins d’hospitalisations causées par la COVID, et 90% moins de morts, malgré un nombre de cas de 11% supérieur.

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