Travailler en équipe: tout est dans la communication

La communication est à la base d’un travail d’équipe efficace. Un atelier sur le sujet dans le cadre du 12e Congrès de médecine d’urgence en région, qui se tenait en septembre aux Escoumins, a plongé les participants en pleine simulation pour apprendre les principes de la gestion de crise à appliquer en situation d’urgence. Le Dr Marc-Alain Bussière, médecin de famille à l’urgence de l’Hôpital d’Alma, et le Dr Louis-Simon Grenier, médecin de famille à l’urgence de l’Hôpital de Jonquière.Photo : Catherine CrépeauL’atelier animé par Mireille Lévesque, inhalothérapeute et enseignante au cégep de Chicoutimi, avec les Drs Louis Gagnon, médecin d’urgence à l’hôpital de Chicoutimi, Marc-Alain Bussière, médecin de famille à l’urgence de l’hôpital d’Alma, et Louis-Simon Grenier, médecin de famille à l’urgence de l’hôpital de Jonquière, est normalement donné aux résidents de l’hôpital de Chicoutimi. Pour la première fois, il était dispensé dans un congrès, à de « vrais professionnels », qui ont joué le jeu avec enthousiasme. Médecins de famille, inhalothérapeutes et infirmières ont participé à trois simulations sur mannequins, jouant leur propre rôle.Tous les participants ont d’ailleurs confirmé avoir en banque des expériences de mauvaise communication à l’urgence. « Nos meilleurs souvenirs », lance avec sarcasme l’un d’entre eux. Une infirmière soulève pour sa part la présence de trop de chefs, soit trop de médecins et pas assez d’infirmières. Une participante inhalothérapeute évoque le changement fréquent d’équipe. « C’est rare qu’on travaille avec les mêmes personnes pour être capable de dire “je sais quoi faire parce que la dernière fois, c’était comme ça”. Les cas et les équipes sont toujours différentes. »Il est cependant possible de contrer ces difficultés en adoptant les principes de gestion de crise en situation d’urgence. Décrits dans la littérature depuis des années, ils ont d’abord été appliqués à l’aviation puis chez les militaires, rappelle le Dr Gagnon. Ils ont été repris en médecine dans les années 1990, en anesthésie, mais leur application tend à percer dans d’autres spécialités.À lire aussi: Congrès de médecine d’urgence en région (1re partie)Des principes de baseUne bonne communication repose sur quelques principes simples : identifier un leader, procéder à l’ABCDE et à l’évaluation des patients, s’assurer que le leader est bien positionné pour avoir une vue d’ensemble de la situation, voir à ce que chaque geste soit posé par la personne appropriée, appeler à l’aide, éviter la surcharge de bruit ou faire sortir les personnes qui n’ont pas besoin d’être présentes. Les propos devraient être clairs, concis et surtout dirigés vers une personne précise pour éviter les flous ou que des actions ne soient entreprises de façon adéquate. « On nomme la personne à qui on s’adresse en lui disant “prépare-moi ça” et on attend qu’elle confirme “ok, je te prépare telle chose”. Le leader doit s’assurer qu’il a été bien compris », explique le Dr Gagnon. Et quand l’arrivée d’un patient est annoncée, le leader devrait profiter de l’attente pour distribuer les tâches et établir les priorités.Le Dr Gagnon souligne aussi l’importance d’aplanir la hiérarchie. « Souvent, le leader est un médecin. Certains peuvent carrément ne pas être à l’écoute des autres, faisant en sorte que les autres membres de l’équipe n’osent pas intervenir quand ils voient ou suspectent quelque chose chez le patient. Or, tous sont égaux dans l’équipe », insiste-t-il en soulignant que tous les membres d’une équipe devraient se sentir à l’aise de transmettre leurs observations, que ce soit une rougeur ou un changement de rythme respiratoire, et de les répéter jusqu’à obtenir une réponse directe. « N’hésitez pas à répéter si vous pensez que vous n’avez pas été entendu, cela peut avoir une importance pour la situation et sauver le patient », indique le Dr Gagnon. Ils peuvent même se permettre des suggestions, en prenant soin de ne pas inonder le leader de leurs commentaires, ce qui pourrait nuire à la communication et à l’intervention.Au terme des trois simulations, les participants ont avoué être plus à l’aise au sein de leur équipe, formée au début de l’atelier, et remarqué que les échanges étaient plus fluides, même si tout n’était pas au point. « L’important est de prendre conscience de la dynamique d’équipe et de retenir des concepts à appliquer dans votre milieu », conclut le Dr Bussière.

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