Toux chronique: quid de l’efficacité et de la tolérabilité du géfapixant?

Il n'existe actuellement aucun traitement pour la toux chronique réfractaire ou inexpliquée (TOCRI) approuvé par Santé Canada. Les lignes directrices cliniques recommandent un traitement par orthophonie ou par neuromodulateurs, telles que la morphine, la gabapentine, la prégabaline ou l’amitriptyline. Cependant, ces thérapies ont des effets indésirables qui en limitent la dose, ils sont inefficaces chez certains patients et peuvent ne pas convenir pour une utilisation prolongée1. Les antagonistes du P2X3 constituent une nouvelle classe d’antitussifs pour la TOCRI. Ils bloquent le récepteur P2X3 – un canal ionique régulé par l’adénosine triphosphate situé dans les fibres C des voies respiratoires –, ce qui réduit l’activation des fibres C qui transmettent les signaux d’action au tronc cérébral et au cortex somatosensoriel qui contrôlent la toux1. L’utilisation du géfapixant n’est pas encore approuvée au Canada ni aux États-Unis. Cependant, ce médicament fait l’objet d’un examen réglementaire dans les deux pays et dans d’autres, en tant que traitement de la TOCRI. Bien que des essais cliniques spécifiques aient mis en évidence l’efficacité de l’antagoniste des P2X3 dans le traitement de la toux chronique réfractaire ou inexpliquée, aucune étude n’a encore évalué toutes les données issues des essais randomisés sur le géfapixant. De telles informations permettraient d’éclairer les organismes de réglementation, les rédacteurs de lignes directrices, les organismes payeurs, les cliniciens et les patients quant à ses avantages et sa tolérance1. Pour faire la lumière sur cette question, des chercheurs de l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, ont entrepris une revue systématique et une méta-analyse dose-réponse pour évaluer l’efficacité et la tolérabilité du géfapixant chez les patients souffrant de TOCRI1. Les principaux indicateurs mesurés étaient la fréquence de la toux, sa gravité, la qualité de vie des patients, les effets indésirables liés au traitement, ceux entraînant son arrêt de même que les effets indésirables liés au goût1. À lire aussi: Quiz sur le traitement de la toux Voici les principaux résultats de cette étude publiée dans la revue JAMA Network Open: L’analyse comprenait neuf essais contrôlés randomisés, portant sur un total de 2 980 patients. Comparé au placebo, le géfapixant (45 mg deux fois par jour) a eu de faibles effets sur la fréquence de la toux éveillée (réduction de 17,6% [IC 95%, 10,6%-24,0%]; certitude modérée), sur la sévérité de la toux sur l’échelle visuelle analogique (ÉVA) de 100 mm (différence moyenne, -6,2 mm [IC 95%, -4,1 à -8,4]; certitude élevée) et sur la qualité de vie spécifique à la toux mesurée par le questionnaire de Leicester Cough (différence moyenne, 1,0 point [IC 95%, 0,7-1,4]; certitude modérée). Comparé au placebo, le géfapixant (45 mg deux fois par jour) a vraisemblablement entraîné une augmentation importante des effets indésirables liés au traitement (32 de plus par centaine de patients [IC 95%, 13-64 de plus]; certitude modérée) et des effets indésirables liés au goût (32 de plus par centaine de patients [IC 95%, 22-46 de plus]; certitude élevée). Comparé au placebo, le géfapixant (15 mg deux fois par jour) a eu de faibles effets sur les effets indésirables liés au goût (6 de plus par centaine de patients [95% IC, 5-8 de plus]; certitude élevée). Comparé au placebo, le géfapixant (45 mg deux fois par jour) a entraîné une augmentation importante des effets indésirables conduisant à l’arrêt du traitement (RR, 4,3 [IC à 95%, 3,2-5,8]; certitude modérée)1. Les chercheurs concluent que, comparé au placebo, le géfapixant (45 mg par voie orale deux fois par jour) a conduit à des améliorations modestes de la fréquence de la toux, de sa sévérité et de la qualité de vie spécifique. Il a également réduit la fréquence de la toux de 17,6%, diminué la gravité de la toux de 6,2 mm sur l’ÉVA de 100 mm et amélioré la qualité de vie spécifique d’un point sur le questionnaire de Leicester Cough (score compris entre 3 et 21). Les patients traités par le géfapixant (45 mg deux fois par jour) ont présenté une augmentation de 32% des effets indésirables liés au goût par rapport au placebo. Les scientifiques maintiennent que, bien que le géfapixant puisse apporter un bénéfice à certains patients souffrant de toux chronique réfractaire ou inexpliquée, l’ampleur du bénéfice est probablement faible et le risque d’effets indésirables liés au goût est élevé.

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