Taux de coqueluche à travers le Canada: un tour d'horizon

Des rapports inquiétants sur les taux élevés de coqueluche ont été publiés en Europe ces derniers mois. La situation au Canada est cependant plus nuancée, le Québec enregistrant des taux inhabituellement élevés.Un récent éditorial du Lancet a tiré la sonnette d'alarme sur l'augmentation des taux de coqueluche au Royaume-Uni, notant qu'ils ont augmenté régulièrement de décembre 2023 jusqu’au début du mois de juin 2024. Plusieurs pays européens ont également connu des augmentations inquiétantes, dans des endroits où les taux de vaccination sont en baisse et même dans certains endroits où les taux sont élevés.«Le nombre de cas de coqueluche en forte hausse est également observé dans d'autres régions du Royaume-Uni et dans le monde, y compris en Europe», indique l'éditorial. Il précise également que jusqu'à présent, en 2024, la République tchèque a enregistré «le plus grand nombre de cas de coqueluche depuis plus de 60 ans, ce qui a également été observé aux États-Unis».L’éditorial indique également que «les rapports souligne que les épidémies de coqueluche se multiplient en Europe, en Asie et dans certaines parties des États-Unis, y compris en Californie du Nord, marquant la plus forte hausse depuis 2012, avec des cas en forte augmentation depuis décembre».Au Canada, la coqueluche est une maladie à déclaration obligatoire à l'échelle nationale, la surveillance étant assurée par les provinces et les territoires qui signalent les cas à l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) par l'intermédiaire du Système canadien de surveillance des maladies à déclaration obligatoire (SCSMDO). Les données du SCSMDO ne sont toutefois disponibles que jusqu'en 2021, mais les données jusqu'en 2022 seront disponibles plus tard cet été et les données de 2023 seront disponibles l'année prochaine, selon des sources de l'ASPC. En réponse à une question sur l’existence des données nationales à jour sur la coqueluche, un porte-parole de Santé Canada a répondu par courriel que «pour obtenir des données plus récentes, veuillez communiquer directement avec les provinces et les territoires». Selon l'ASPC, entre 1000 et 3000 personnes tombent malades de la coqueluche chaque année au Canada.«La coqueluche est une maladie cyclique et, à ce titre, certaines années, au Canada et dans le monde, le nombre de cas déclarés est plus élevé que d'autres. L'activité coquelucheuse augmente généralement tous les deux à cinq ans, le nombre de cas au Canada se situant entre 500 et 4500 par an. L'augmentation de l'activité coquelucheuse cette année n'est pas inattendue puisqu'elle fait suite à une période de faible incidence pendant les années de la pandémie de COVID-19.»À lire aussi: La COVID-19 estivale frappe plusieurs parties du monde, dont le CanadaContrairement à la grippe ou à la rougeole, qui font l'objet de rapports de surveillance hebdomadaires, la coqueluche ne fait pas l'objet du même suivi au niveau national.Cependant, Shelly Bolotin, docteure en épidémiologie et directrice du Centre for Vaccine Preventable Diseases, a émis des hypothèses sur les raisons de cette différence. En général, «l'activité de la coqueluche au Canada est spécifique à une région. À tout moment, l'activité peut varier considérablement d'une juridiction à l'autre, de sorte qu'il peut être difficile de prendre des décisions nationales sur la base de données provinciales ou territoriales».En outre, la coqueluche peut être considérée comme saisonnière, mais pas autant que la grippe, dont l'activité est aussi parfois régionale. Toutefois, le Canada soumet des données sur la coqueluche à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les données les plus récentes disponibles concernent l'année 2023, au cours de laquelle le Canada a signalé 1433 cas de coqueluche.La coqueluche est endémique dans une grande partie du Canada, généralement caractérisée par un faible niveau d'activité et des augmentations cycliques se produisant généralement tous les deux à six ans. Les augmentations peuvent être influencées par des facteurs tels que l'immunité de la population, la couverture vaccinale ou des changements dans l'agent pathogène, entre autres.Toutes les agences de santé publique provinciales et territoriales du Canadas ont été interrogées, et voici le scénario pour la coqueluche à la fin du mois de juillet, d'après celles qui ont répondu.QUÉBECUne alerte non datée a été publiée sur le site web de l'agence provinciale de santé publique, indiquant que la coqueluche est en augmentation dans la province. Selon le ministère de la santé de la province, 8851 cas de coqueluche ont été signalés entre janvier 2024 et le 27 juillet. Au total, 3511 cas ont été recensés en juillet. Selon un reportage de la CBC, le nombre total de cas cette année est plus de 33 fois supérieur à celui de l'année dernière à la même époque. NOUVEAU-BRUNSWICKLe taux d'incidence de la coqueluche en 2024, du 1er janvier au 13 juillet, est de 5,8 cas pour 100 000 habitants.Le taux moyen pour cette même période au cours des cinq années précédentes, de 2019 à 2023, était de 4,2 cas pour 100 000 habitants. Mais une épidémie de coqueluche a été déclarée dans la péninsule acadienne le 27 juin, avec 36 cas. Au total, 48 cas ont été signalés dans la province depuis le début de l'année.NOUVELLE-ÉCOSSELe Dr Ryan Sommers, directeur médical de la population et de la santé publique de la province, a déclaré qu'en 2024, la province avait enregistré deux cas et qu'il n'y avait pour l'instant aucune région préoccupante.«Avec l'augmentation récente du nombre de cas ailleurs au Canada et dans certaines de nos provinces voisines, nous avons anticipé une augmentation. Ce qui nous préoccupe le plus actuellement, c'est l'augmentation de l'activité coquelucheuse au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve», explique-t-il. TERRE-NEUVE ET LABRADORHealth and Community Services of Newfoundland and Labrador signale des taux de coqueluche plus élevés que les années précédentes en raison d'une épidémie persistante. Les zones urbaines et rurales de l'Est des services de santé de Terre-Neuve-et-Labrador enregistrent le plus grand nombre de cas. À la mi-juillet de cette année, plus de 150 cas avaient été signalés en 2024.Ce chiffre est plus élevé que d'habitude. De 2014 à 2023, une moyenne de 3,6 cas de coqueluche a été signalée chaque année, ce qui signifie qu'il s'agit d'une augmentation inattendue due à une épidémie en cours.Terre-Neuve-et-Labrador bénéficie d'une couverture vaccinale élevée, avec des taux de couverture supérieurs à 90% pour le vaccin contre la coqueluche chez l'enfant. Le communiqué précise toutefois que l'immunité vaccinale contre la coqueluche peut s'estomper avec le temps.ONTARIODans le rapport mensuel de juillet sur les maladies infectieuses de Santé publique Ontario (SPO), 206 cas ont été signalés à la fin du mois de mai 2024. En général, le nombre de cas mensuels dans la province en février, mars et avril 2024 était inférieur à la moyenne quinquennale prépandémique, de 2015 à 2019.«Les cas en mai étaient supérieurs à la moyenne prépandémique, mais pas au-dessus d'un seuil considéré comme significativement élevé.» En général, l'activité coquelucheuse augmente dans l'ensemble de la province plutôt que dans une seule région.«La dernière augmentation cyclique de l'activité coquelucheuse en Ontario s'est produite il y a plusieurs années. Par conséquent, une augmentation de la coqueluche en ce moment n'est pas inattendue, en particulier après une forte baisse pendant la pandémie de COVID-19», déclare l'OPS.ALBERTAAlberta Health a déclaré 347 cas confirmés de coqueluche en 2024, mais il n'y a actuellement aucune épidémie. Environ 60% de ces cas concernaient des personnes non immunisées ou insuffisamment immunisées dont le statut vaccinal était connu.«Les cas de coqueluche ont augmenté en 2023, avec un pic en septembre, mais le nombre de cas mensuels en 2024 a diminué depuis lors», selon leurs sources. MANITOBALa province continue d'enregistrer des cas, mais il y a environ 50% moins de cas qu'en 2023.SASKATCHEWANLe ministère de la Santé de la Saskatchewan a signalé une légère augmentation du nombre de cas de coqueluche. À la fin du mois de juin de cette année, le nombre de cas de coqueluche est passé de 1 à 4 par mois, soit six cas confirmés.COLOMBIE-BRITANNIQUESelon le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, en ce qui concerne les pics cycliques de 3 à 5 ans de la maladie, ceux-ci ont eu lieu en 2012, 2015 et 2016. À compter du 27 juin 2024, 72 cas confirmés de coqueluche ont été signalés, mais il n'y a pas eu d'épidémies communautaires à cette date.Bien que le nombre de 72 cas soit supérieur au nombre de cas confirmés au cours de la même période de janvier à juin des autres années de pandémie de COVID-19, il reste inférieur à celui de toutes les autres années de la dernière décennie. Un examen des cas jusqu'au début du mois d'avril 2024 a montré que la plupart d'entre eux ont été signalés chez des personnes non vaccinées. En comparaison, le nombre de cas confirmés de janvier à juin varient de 111 en 2020 à 166 en 2018 et 433 en 2016. L'étude note que les taux de coqueluche augmentent généralement à la fin du printemps et en été en Colombie-Britannique. TERRITOIRES DU NORD-OUESTCette année, au 23 juillet 2024, aucun cas de coqueluche n'a été signalé au Bureau de l'administrateur en chef de la santé publique. Le dernier cas signalé dans les T.N.-O. remonte à 2021. Le nombre annuel de cas déclarés est généralement assez faible, avec des pics d'activité qui ont donné lieu à des éclosions en 2015, 2019 et 2020. Dans l'ensemble, entre 2014 et 2023, 102 cas de coqueluche confirmés ont été signalés dans les Territoires du Nord-Ouest. En ce qui concerne la couverture vaccinale, depuis 2019, la couverture annuelle par trois doses chez les enfants de deux ans a varié d'environ 81% à 87% et s'est stabilisée à environ 81,2% en 2023. À lire aussi: Hausse importante des cas de coqueluche ces dernières semaines au QuébecNUNAVUTLe ministère de la Santé du Nunavut a signalé une épidémie dans la région de Kivallique depuis le mois de mars de cette année, totalisant 32 cas cette année, selon un rapport d'information. Le cas le plus récent a été signalé vers la fin du mois de juillet.

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