Survivants du cancer: les dangers d'une position assise prolongée et de l'inactivité

Une étude publiée dans la revue JAMA Oncology révèle que cette combinaison est commune chez les survivants du cancer et qu'elle est associée à un risque nettement plus élevé de décès, toutes causes confondues, y compris le cancer. «L'une des principales conclusions de notre étude est l'effet néfaste du comportement sédentaire», explique Lin Yang, épidémiologiste des services de santé de l'Alberta et professeure adjointe en oncologie et en sciences de la santé communautaire à l'Université de Calgary. La population des survivants du cancer a augmenté dans le monde entier et il est nécessaire d'identifier les stratégies que ces derniers pourraient utiliser afin d'améliorer leur santé à long terme. On sait que les cancers et leurs traitements ont des effets à long terme et tardifs, et qu'ils peuvent réduire l'espérance de vie, mais il est important de mieux comprendre comment l'activité physique, et maintenant la position assise, peuvent avoir un impact sur ces effets, ajoute l'épidémiologiste. Bien que certaines études montrent que l'activité physique est associée à une amélioration du taux de survie des patients atteints de certains types de cancer, les niveaux d'activité physique chez ces patients ont tendance à être faibles. Pire encore, les comportements sédentaires, en général, ont augmenté. L'étude a été menée parce que les données sur les effets du comportement sédentaire chez les survivants du cancer sont limitées, a expliqué Lin Yang. Il s'agissait d'une étude de cohorte prospective d'un échantillon national représentatif de survivants du cancer, âgés de 40 ans et plus, provenant de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) des États-Unis entre 2007 et 2014. La NHANES est une série d'études de population utilisant principalement des enquêtes (combinant entretiens et examens physiques) pour évaluer la santé et l'état nutritionnel des adultes et des enfants aux États-Unis. Elle a été lancée au début des années 1960. Les données relatives au temps passé en position assise chaque jour et à l'activité physique lors de quatre cycles de la NHANES ont été utilisées, ainsi que les caractéristiques sociodémographiques, les facteurs liés au mode de vie et les antécédents médicaux. Les données sur le diagnostic et le type de cancer ont été obtenues lors d'entretiens en personne. La période de temps passée en position assise par jour et celle consacrée à l’activité physique de loisir (APL), ainsi que l'intensité de cette dernière, ont été saisis à l'aide de questionnaires autodéclarés. La durée totale de l'activité récréative d'une personne a ensuite été classée en trois catégories: zéro (inactif); supérieure à zéro mais inférieure à 150 minutes par semaine (insuffisamment actif); et 150 minutes ou plus par semaine (actif), conformément aux directives d'activité physique pour les Américains de 2018. Les données de 1535 survivants du cancer ont été utilisées. Les participants avaient un âge moyen de 65,1 ans; 828 (60,1%) étaient des femmes et 945 (83,1%) étaient des personnes de race blanche non hispanique. Au total, 950 (56,8%) étaient inactifs, 226 (15,6%) étaient insuffisamment actifs et 359 (27,6%) étaient actifs. En ce qui concerne la position assise, 553 (35,4%) ont déclaré être assis de six à huit heures par jour, et 328 (24,9%) ont déclaré être assis plus de huit heures par jour. «Il convient de noter que 574 (35,8%) survivants du cancer ont déclaré ne pas avoir fait d’APL et être restés assis pendant plus de six heures par jour», ont écrit les chercheurs. Les femmes et les personnes ayant un statut socio-économique ou un IMC plus élevé passaient plus de temps assis que leurs homologues. Au cours d'une période de suivi allant jusqu'à neuf ans (médiane de 4,5 ans), 293 décès ont été enregistrés. Parmi ceux-ci, 114 étaient dûs à un cancer, 41 à une maladie cardiaque et 138 à d'autres causes. Les analyses ont montré que l'activité physique est associée à des risques plus faibles de mortalité toutes causes confondues et de mortalité spécifique au cancer, par rapport à l'inactivité. D'une manière générale, le fait d'être inactif présente un risque environ trois fois plus élevé de décès, toutes causes confondues. Le fait d'être assis plus de huit heures par jour a été associé à un risque près de deux fois plus élevé de mortalité toutes causes confondues et à un risque plus de deux fois supérieur de mortalité spécifique au cancer, par rapport aux personnes assises moins de quatre heures par jour. «La position assise prolongée a été associée à un risque accru de décès chez les survivants du cancer qui n'étaient pas suffisamment actifs. Plus précisément, les survivants inactifs et insuffisamment actifs ayant déclaré être assis plus de huit heures par jour présentaient les risques de mortalité globale et spécifique au cancer les plus élevés», ont déclaré les chercheurs. La bonne nouvelle, c'est que les 27,6% de survivants physiquement actifs ne présentaient pas de risque élevé de cancer toutes causes confondues et de mortalité non cancéreuse découlant d'une position assise prolongée. «De nombreux survivants du cancer connaissent des changements de vie dramatiques qui altèrent leur santé physique et psychologique, ce qui peut contribuer à un mode de vie sédentaire et mener à une moins bonne survie. Certains mécanismes biologiques hypothétiques peuvent affecter les hormones métaboliques et sexuelles, les inflammations et l'immunité», a déclaré Mme Yang. Elle a noté que certaines données suggèrent que l'activité physique peut également réduire le risque de récidive du cancer. Si l'exercice peut se révéler difficile pour de nombreux patients atteints de cancer, une activité d'intensité légère comme le tai-chi présente des avantages et peut être utilisée pour interrompre les périodes prolongées en position assise, a-t-elle ajouté. Yang a également mené une étude de synthèse qui a évalué l'efficacité thérapeutique du tai-chi dans le continuum des soins du cancer. «Il est nécessaire de mettre au point de nouvelles méthodes afin de permettre aux patients fragiles de continuer à être physiquement actifs. À l'heure actuelle, il n'existe pas de recommandations spécifiques sur les comportements sédentaires pour les survivants du cancer, car les données permettant d'établir un lien entre le comportement sédentaire et les résultats en matière de survie au cancer sont limitées», souligne l'épidémiologiste. De nombreux types d'activité physique peuvent être bénéfiques aux patients atteints de cancer, certaines études ayant utilisé 30 à 60 minutes d'exercices d'aérobic modérés à vigoureux trois fois par semaine, avec ou sans entraînement de résistance. Des activités telles que la marche rapide, le vélo, la danse, la natation, les activités sportives et autres sont toutes efficaces, tout comme 40 à 60 minutes d'entraînement de tai-chi trois fois par semaine a des effets bénéfiques sur la santé, illustre-t-elle. «Le défi consiste à personnaliser les interventions en matière d'activité physique compte tenu de la diversité des profils des survivants du cancer», poursuit Lin Yang. La Société canadienne du cancer (SCC) encourage le fait d’être actif et de faire de l'exercice, tant pour la prévention du cancer que pour les survivants du cancer. Le site web de la SCC offre aux patients des informations sur l'exercice et le mode de vie actif, y compris pour les personnes ayant eu des cancers spécifiques tels que du sein, de la prostate, le traitement du cancer des os et d'autres conditions. Le site met également en garde contre la position assise prolongée et conseille de se lever fréquemment en prenant de courtes pauses.

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