Super job: Paméla Paquet, anesthésiologiste pour Médecins sans frontières

Pouvez-vous décrire votre travail actuel? Je suis anesthésiste à Québec, au CHU de Québec-Université Laval, où j’ai une pratique générale plus axée sur l’anesthésie pédiatrique et obstétrique. Je m’implique également auprès de Médecins sans frontières depuis 2021 et j’ai effectué jusqu’à présent trois missions au Sud-Soudan, en Haïti et en République centrafricaine. En ce moment, j’effectue mon fellowship en anesthésie globale à l’hôpital universitaire d’Oxford (Royaume-Uni). Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler pour Médecins sans frontières? Ce qui m’a le plus motivé à faire ce genre de mission, c’est la perspective de lutter contre les inégalités dans le monde grâce à ma passion pour la santé globale et à mon expertise en anesthésiologie. En tant qu’anesthésiologistes, nous formons une communauté internationale et je pense que nous pouvons et devons nous engager dans un travail d’équipe à l’échelle planétaire. Le partage, l’apprentissage et l’enseignement dans des contextes très divers sont d’une grande richesse. Pouvez-vous nous parler d’une situation difficile à laquelle vous avez été confrontée? Je me trouvais à Bentiu, au Sud-Soudan, dans un camp de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui cherchaient à s’abriter des inondations et des violences extrêmes. Nous fournissions des soins chirurgicaux d’urgence dans des tentes spécialisées. Notre équipe était composée d’un chirurgien généraliste et d’un anesthésiologiste (moi) de garde 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant sept semaines. Nous avons pratiqué plusieurs césariennes difficiles. L’une d’entre elles concernait une femme de 20 ans qui est arrivée dans un état critique. Son bébé était déjà mort et elle était à peine consciente. Je me suis précipité au bloc opératoire pour la sauver, mais lorsque j’ai appelé la banque du sang, on m’a dit que son groupe sanguin n’était pas disponible. L’équipe s’est réunie d’urgence, a déployé tous ses efforts pour la sauver et a finalement trouvé sa sœur dans le camp, qui avait heureusement le même type de sang. Elle en a donné pour sauver sa sœur. Cette histoire est l’une des nombreuses qui me sont restées en tête après ma mission. Je suis toujours étonnée par la résilience et la détermination des personnes que nous avons soignées dans le camp. Quelles sont les qualités requises pour effectuer ce type de travail? La flexibilité, le travail d’équipe, le leadership, la créativité et les compétences en communication sont très utiles. La pratique n’est pas facile et comporte de nombreux défis. Il faut donc une forte motivation pour tenir le coup malgré les longues heures de travail, les déplacements, l’hébergement de base, les problèmes de sécurité, le manque de ressources et l’adaptation aux différences culturelles. Cela dit, le travail peut aussi être extrêmement gratifiant.

Super job: Paméla Paquet, anesthésiologiste pour Médecins sans frontières

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