4e édition du Rendez-vous de l'Ordre: sortir de sa zone de confort pour le bien du patient

L’art de communiquer – avec ses collègues, ses employés, les médecins – s’est imposé comme l’un des thèmes majeurs de ce congrès. En ce qui concerne ces derniers, pas de doute, il y a encore du travail à faire (lire Loi 41 : un atout pour mieux communiquer avec les médecins). D’autant plus que les défis risquent de se multiplier, les deux professions étant amenées à travailler encore davantage ensemble.En effet, dans les prochaines années, les pharmaciens auront de multiples occasions de travailler et de partager de l’information avec les médecins, que ce soit pour les informer d’actes qu’ils auront posés, ou parce que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) proposera une nouvelle façon de prévenir et de gérer les maladies chroniques s’appuyant sur les principes d’interdisciplinarité, ou encore parce que de plus en plus de pharmaciens pratiqueront au sein de Groupes de médecine familiale (GMF).Et ce, avec ou sans la bénédiction et le financement du gouvernement actuel. Geneviève Landry, de la Direction de l’organisation des services de première ligne du MSSS, n’avait pas d’annonces à faire sur le sujet spécifique de l’augmentation du nombre de pharmaciens dans les GMF. Rendue publique sous le gouvernement précédent, la promesse de fonds additionnels attribués aux GMF pour l’embauche de professionnels de la santé (infirmières cliniciennes, psychologues, pharmaciens, etc.) n’a été ni confirmée ni infirmée. « Il faut faire avec ce que l’on a », a souligné la représentante du MSSS.Le rôle déterminant du pharmacien en première ligne« Le pharmacien joue un rôle clé auprès des patients avec le médecin et l’infirmière », a rappelé Geneviève Landry. C’est pourquoi, selon elle, le pharmacien doit être présent « partout » dans le système de santé, même si cela lui demande d’adapter sa pratique pour jumeler travail en pharmacie communautaire et en GMF dans le cadre d’une pratique mixte.Car dans le modèle de gestion des maladies chroniques adopté par le MSSS, les soins aux patients sont dispensés en équipe. Par exemple, en Estrie, les pharmaciens n’ont pas attendu l’encouragement financier du MSSS pour faire leur entrée en GMF. Ils y sont présents et cela fonctionne a t-elle fait remarquer.Geneviève Landry a aussi mis l’accent sur la nécessité de s’assurer de la continuité des soins en première ligne et donc sur l’importance de l’échange d’information entre les pharmacies communautaires, les cliniques médicales et les établissements de santé.« Un des plus gros défis, en première ligne, est de trouver comment on peut faire pour que les différents acteurs se parlent. Alors allez voir vos agences, vos CSSS pour avoir une coordination régionale », a recommandé la coordinatrice en développement et gestion de projets du MSSS.Investissez-vousCe conseil, Claire Pagé, pharmacienne (maintenant retraitée) et ancienne présidente de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, l’a donné dans le cadre d’un atelier très apprécié. En compagnie de Caroline Pichette, pharmacienne en milieu communautaire et membre du comité régional sur les services pharmaceutiques (CRSP) de la Capitale-Nationale, elle a dressé un portrait du réseau de la santé et des secteurs clés où les pharmaciens peuvent intervenir.Claire Pagé a d’abord expliqué la donne actuelle : 42 % du budget de la province va à la santé « ce qui représente tous les impôts personnels des Québécois ! » a-t-elle ajouté. Malgré cela, il semble que les sommes d’argent disponibles soient encore insuffisantes pour bien « faire fonctionner » le système de santé.Les dépenses en santé augmentent en moyenne de 5,6 % par année, mais le gouvernement n’accordera que 3 % d’augmentation au budget de la santé cette année. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’argent dans le réseau. « Il arrive de l’argent frais tous les ans », a précisé Claire Pagé. Mais il faut savoir, dit-elle, où s‘investir comme pharmacien pour faire avancer les choses ou se donner les moyens de régler un irritant organisationnel.Elle estime que, si les pharmaciens ne s’impliquent par plus avant au sein du réseau de la santé, le jour pourrait arriver où l’on assistera à l’imposition de plans d’effectifs de pharmaciens. Pour éviter cela, elle suggère d’aller frapper aux portes du MSSS, où les pharmaciens sont présents ou gagneraient à être présents à la direction des affaires pharmaceutiques et du médicament ainsi qu’à la direction de l’organisation des services de la première ligne intégrés. Ils ont aussi, bien sûr, leur place dans les directions qui négocient les salaires et autres planifications d’effectifs dans le réseau.Dans les Agences régionales, plusieurs responsabilités peuvent aussi interpeller les pharmaciens, que ce soit en matière de répartition des ressources humaines, du développement et de la gestion des réseaux locaux de services de santé et de services sociaux, ou encore dans le cadre de la prestation de services régionaux de santé publique, en matière de surveillance de l’état de santé et de bien‐être, de promotion, de prévention et de protection.Enfin, plusieurs s’engagent dans un des comités régionaux de services pharmaceutiques (CRSP), instances malheureusement trop souvent oubliées des pharmaciens, déplore Claire Pagé.CRSP : des actions concrètes pour améliorer le réseauComme l’a démontré Caroline Pichette pendant cet atelier, les CRSP peuvent être fort actifs pour apporter des solutions concrètes à des problèmes, améliorer les pratiques et même faciliter le travail de tous. Dans la région de la Capitale-Nationale, « son » CRSP a traité neuf dossiers au cours de l’année 2013-2014. Il a par exemple mis en évidence une lacune du DSQ.N’ayant pas accès aux résultats de laboratoire du DSQ, les pharmaciens communautaires auraient pu demander, dès le moment où la Loi 41 serait entrée en vigueur, des tests de laboratoire déjà réalisés. L’intervention du CRSP de la Capitale-Nationale a permis de régler ce problème avant même que les pharmaciens y soient confrontés.Le CRSP a également mis au point un formulaire standardisé de demande de profil pharmacologique (voir L’actualité pharmaceutique, février 2014). Un endroit y est réservé pour l’obtention du consentement des patients. Négliger de demander le consentement du patient peut d’ailleurs amener le pharmacien sur une pente glissante. Il s’agit en effet de l’un des pièges à éviter selon Lynda Chartrand, syndic de l’OPQ, et l’avocat Philippe Frère (lire Frauder peut vous faire perdre votre pharmacie en page 10).Pour Manon Lambert, directrice générale et secrétaire de l’OPQ, les CRSP sont « une main tendue du réseau aux pharmaciens », d’où l’importance de participer à leur assemblée générale et de s’y impliquer.Lire la suite du dossier

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