Sondage: plusieurs pharmaciens sont déprimés

Cinquante pour cent des pharmaciens ont répondu avoir adopté un état de «vigilance» et 28% un état d’«alerte» contre l’épuisement professionnel, selon un sondage auxquels ont répondu cet automne 177 personnes. Près de 60,5% des répondants sont des pharmaciens salariés. Le document révèle d’autres données inquiétantes sur la détresse des pharmaciens. Par exemple: - 24% des répondants ont rapporté avoir des symptômes de dépression au moins une fois par semaine. - 28% rapportent ressentir une perte d’intérêt au moins trois fois par semaine - 20% ressentent de la nervosité tous les jours. - Plus de la moitié ressentent de la fatigue au moins trois fois par semaine - 20% disent se sentir impuissants plusieurs fois par semaine Ajoutons à cela que le quart des répondants ont déjà pensé au suicide. «Les résultats de ce sondage montrent que la détresse psychologique est un enjeu réel et sérieux qui affecte une majorité des gens œuvrant en pharmacie de différentes façons et à différents degrés», souligne la FPQ. La pandémie a augmenté la détresse De plus, le sondage montre une détérioration de la santé mentale des pharmaciens. En effet, en 2019, un sondage de la FPQ révélait que 83% pharmaciens ressentaient de la fatigue en lien avec la charge de travail et 68% répondants disaient vivre une détresse professionnelle. Ces pourcentages sont aujourd’hui de 93% et de 83%, respectivement. «Durant la pandémie, nous sommes demeurés ouverts alors que plusieurs autres secteurs d’activité ont dû s’arrêter. De plus, nous avons été frappés de plein fouet par la pénurie de main-d’œuvre. Il y a également eu les nouvelles responsabilités et les exigences sanitaires en pharmacie. Tout cela a créé beaucoup d’anxiété chez les pharmaciens», explique la directrice générale de la FPQ et pharmacienne propriétaire, Thina Nguyen. Des pistes de solution Par ailleurs, notons que, concernant la détresse, parmi les facteurs de risques dans leur pratique, une grande majorité de pharmaciens (83%) ont souligné la charge de travail jugée excessive, selon le plus récent sondage. Plusieurs répondants ont également pointé du doigt le manque de reconnaissance de la part des patients (48%), de la part de l’employeur (35%), une organisation du travail trop rigide et/ou bureaucratique (36%) ainsi qu’un manque de cohésion entre ses propres valeurs et celles de la pharmacie (35%). Selon Thina Nguyen, le système actuel «va sauter si nous ne prenons pas les mesures pour corriger la tangente». Pour éviter cela, son organisation veut trouver des pistes de solution. Les répondants du sondage ont déjà identifié quelques solutions qui pourraient les aider dans leur quotidien. Les plus fréquemment rapportées sont l’ajout de personnel et de ressources, l'obtention de plus de jours de congés et de vacances et avoir une meilleure organisation du travail. Plusieurs ont également dit vouloir changer de profession, vendre leur pharmacie ou prendre leur retraite. De son côté, Thina Nguyen a décidé de réduire les heures d’ouverture de ses trois pharmacies. «Je peux réduire les heures pour laisser un peu d’oxygène à mon équipe. Il n’y a pas lieu d’ouvrir si tard. Avec la pandémie, les gens se sont habitués à ne pas venir à la pharmacie tard le soir», observe-t-elle. De plus, elle a déjà fermé ses pharmacies les fins de semaine pour que ses employés puissent se reposer et fait les horaires selon la préférence des pharmaciens et des assistantes techniques en pharmacie. «Certains préfèrent travailler trois jours par semaine et travailler du matin au soir, plutôt que de travailler cinq jours par semaine. Je les accommode, car je ne veux pas qu’ils se désintéressent de travailler dans mes pharmacies ou bien qu’ils démissionnent.» La vice-présidente quitte ses fonctions Dans un autre ordre d’idées, la vice-présidente de la FPQ, Nirvishi Jawaheer, quitte son poste, a annoncé le président et cofondateur de l’organisation, Nicholas Bergeron, par voie de communiqué. «Cette dernière fut un pilier de notre organisation, et ce, depuis le tout début de sa création, soit il y a plus de six ans», a affirmé Monsieur Bergeron vantant l’intelligence, les connaissances diversifiées, les compétences et la «profonde humanité» de la pharmacienne. Sur Facebook, Nirvishi Jawaheer a affirmé qu’il n’était pas facile d’équilibrer le travail, la famille, ses projets personnels en plus de s’occuper de son bien-être et celui des autres. «Il faut à un moment donné remettre ce que tu as de précieux entre les mains de cette nouvelle génération de personnes bienveillantes afin de poursuivre ton trajet de vie», explique la pharmacienne propriétaire d’une pharmacie Jean Coutu à Montréal. Celle-ci dit avoir aimé ses dernières années, passées à valoriser et à promouvoir la profession de pharmaciens. «Ce n’était pas toujours facile d’aller à contre-courant. Cependant, je vis selon mes valeurs et il faut se lever pour défendre ses convictions.» La FPQ se veut un porte-voix pour tous les pharmaciens, autant les salariés dans le secteur communautaire et hospitalier, que les pharmaciens propriétaires.

Sondage: plusieurs pharmaciens sont déprimés

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes