Société - La rationalité technique ne répond pas à tout : On a besoin d'entendre un autre discours

La place de la spiritualité en santé préoccupe de plus en plus les intervenants de ce milieu, comme en témoigne la forte participation aux conférences annuelles organisées par le Centre de pastorale de la santé et des services sociaux de Québec (CPSSS).Le 13 novembre dernier, 350 personnes, dont près de 25 méde-cins et des dizaines d’infirmières, ont pris part à la plus récente de ces journées pour y entendre deux conférenciers de marque : le Dr Serge Marquis, un médecin adepte de la méditation et coauteur du livre Bienvenue parmi les humains, et Matthieu Ricard, ce Français qui vit depuis près de 30 ans dans des monastères tibétains et qui sert d’interprète au dalaï-lama dans les pays francophones.La salle était bondée à cette occasion et les organisateurs ont même dû cesser des inscriptions un mois avant la présentation, ce qui en a conduit plusieurs à réclamer la tenue d’une deuxième journée. En 2007, le thème, qui portait plus spécifiquement sur le lien entre le soignant et le patient, avait attiré plus de 600 personnes. Lors de la première édition, en 2006, 250 personnes s’y étaient inscrites. C’est sans doute leur emploi du temps chargé qui empêche des médecins d’y assister en plus grand nombre.Comment expliquer cette forte présence du personnel médical à des journées où il n’est jamais question de traitements cliniques ? « Il y a vraiment, dans le réseau de la santé, une soif d’entendre un autre discours, croit Bruno Bélanger, agent de planification et de programmation au CPSSS. En démarrant ces journées, nous faisions le pari qu’il était important d’offrir à ces personnes le temps de penser à elles et aux questions fondamentales qu’elles se posent au travail. Les évaluations que nous avons faites tendent à démontrer que ces journées répondent à un besoin parce qu’elles amènent ailleurs que dans la rationalité technique. »Les conférences du CPSSS, un organisme fondé il y a 10 ans et regroupant une quarantaine d’animateurs de pastorale œuvrant dans le milieu de la santé et des services sociaux de la région de Québec, ne touchent donc pas uniquement les rapports qu’entretient le personnel de la santé avec ses patients, mais elles les conduisent au cœur de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font dans leur travail.Dans les années 1960 et 1970, le Québec a mis l’Église de côté. On s’est dit que les réponses fondamentales viendraient de la rationalité technique. La spiritualité a alors été vue comme archaïque et dépassée. Près de 50 ans plus tard, on prend conscience que l’être humain ne vit pas seulement de cette rationalité technique, mais qu’il a besoin de trouver un sens à ce qu’il fait. Des recherches faites par M. Bélanger auprès de 24 patients en soins palliatifs, dont plusieurs sont des baby-boomers, ont révélé qu’ils font référence à quelqu’un de plus grand qu’eux, bien qu’ils ne l’appellent pas forcément « Dieu ». Mais ils sentent cette présence. Selon M. Bélanger, les gens qui travaillent dans le réseau de la santé sont sensibles à cette soif d’ouverture à ce quelque chose de plus.Le CPSSS publie depuis peu un magazine dont le titre est éloquent, Spiritualité et santé.Lire la suite de Société - La spiritualité a-t-elle sa place en médecine ?

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