Si vous aviez le choix, resteriez-vous en médecine générale ou iriez-vous en spécialité ?

«Je suis encore très heureux dans ma pratique actuelle, et nullement aigri. Aussi longtemps que j’aurai du plaisir à “ consoler toujours, soulager souvent, guérir parfois”, je continuerai à exercer. Pourtant, si j’avais à choisir aujourd’hui, j’opterais pour une spécialité. Pourquoi ? En raison de la lourdeur de la charge de notre omnipratique actuelle, du “ dumping ” de plus en plus fréquent, des maladies qui débordent vers nous (MPOC, insuffisance rénale, diabète, psychiatrie, cardio, etc.), de la différence de revenus entre les omnipraticiens et les spécialistes, de l’efficacité du militantisme syndical des spécialistes (passé et actuel), des confrères qui sont déjà retraités et s’en vantent... Cela dit, je ne blâme personne. Les temps changent... et moulent les individus à l’aulne de leur époque. »Dr Denis ProulxOmnipraticienBeloeil«Il est sûr que je ferai exactement le même choix. J’adore la médecine de famille et ce n’est pas par opposition aux autres. J’ai le plus beau des métiers. J’aime la complexité de ce type de médecine. Cela demande d’être très présent, très sensible à ce qui se passe, d’avoir de bonnes connaissances et d’être un bon clinicien, mais je trouve ça très stimulant et très valorisant, quoi qu’on en dise souvent. »Dre Marie GirouxOmnipraticienneSherbrooke«Je prendrais la même décision. Mais je suis partiale parce que la médecine de famille est quelque chose de très bien pour moi. On joue le rôle de chef d’orchestre. Avec les spécialités, on fragmente l’être humain, et ce n’est pas nécessairement ce qu’il faut faire. »Dre Tuong-Vi PhamOmnipraticienneVal-d’Or«Je ferai le même choix. J’aime beaucoup mon métier et je le trouve très valorisant. Voir grandir mes patients, voir les bébés devenir des adolescents, avoir un bon lien avec ma clientèle, constater que je peux changer les choses dans la vie des gens, que je peux leur donner un bon service..., tout ça fait que la médecine est non seulement un art, mais un bel art. La médecine familiale offre une gratification importante. J’exerce depuis 12 ans et je m’aperçois que les gens sont contents d’avoir un médecin de famille, bien sûr, mais au-delà de ça, je me trouve très choyée. Je reçois des gâteaux, des tricots..., je fais un peu partie de la famille, et c’est un aspect dont on ne parle pas souvent. On crée des liens au long cours. À l’urgence, c’est une autre gratification : là, les gens sont contents qu’on règle un problème. Il faut valoriser la médecine familiale et aller chercher les aspects positifs dans ce métier, et il y en a beaucoup. »Dre Valérie GarneauOmnipraticienneTrois-Rivières«Je suis vendue à la médecine familiale. Chacun y est à sa place et on y trouve une vision d’ensemble que je qualifierai presque de “ magique ”. Avoir l’individu dans sa globalité, mettre en inter- action différents éléments dans l’analyse d’un tout, c’est fascinant. Cela nous donne un regard qui est très différent de celui du spécialiste, et très complémentaire. Ça m’a pris du temps avant de sortir un peu de ma pratique et de me rendre au programme d’aide aux médecins pour comprendre que les deux approches mises ensemble nous donnent quelque chose d’intégré assez génial et une meilleure façon d’aborder les soins aux patients. Les deux groupes auraient avantage à mieux se connaître et se comprendre. Quand on travaille chacun de son côté, on ne mesure pas le rôle ou le travail de l’autre, ni toute la richesse des deux, ensemble. »Dre Anne MagnanOmnipraticienneMontréal«Je n’aurais pas les notes suffisantes pour être admis en médecine... Je ne regrette pas le choix que j’ai fait quand j’étais dans la vingtaine. Mais si j’étais aujourd’hui étudiant en deuxième ou troisième année, dans le contexte actuel, je verrais très difficilement l’attrait de la médecine familiale. Je pencherais sûrement vers une spécialité à cause de la lourdeur, du manque de soutien, du côté administratif et, beaucoup, du manque de relève dans mon domaine. Les gens comme moi, dans la soixantaine, voient difficilement comment ils peuvent intéresser les jeunes à venir exercer là où il y a beaucoup de travail, des frais, de la difficulté à obtenir des consultations avec des spécialistes ou même de simples examens (obtenir une échographie est quasiment devenu un exploit). Faut être presque maso pour aller en médecine de famille, et la spécialité est en passe de devenir la voie facile. »Dr Denis AudetOmnipraticienCharlesbourg

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