Services à domicile: les valeurs d’accessibilité et de justice sociale doivent être au centre de l'offre

Des efforts supplémentaires dans la structure de l’offre des soins et services à domicile devront être déployés pour faire face aux besoins croissants avec le vieillissement de la population, selon des chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) (1).En effet, ces besoins de services à domicile liés au vieillissement viennent s’ajouter à ceux des personnes handicapées qui veulent aussi demeurer chez elles le plus longtemps possible.C’est pourquoi Gilles L. Bourque et Yves Vaillancourt, chercheurs à l’IRÉC, estiment qu’il faut concevoir un ensemble cohérent de services basés sur les valeurs d’accessibilité et de justice sociale, c’est-à-dire une offre plurielle et solidaire.« C’est au nom de ces valeurs que devra être pensée la complémentarité des initiatives relevant du secteur public [réseau de la santé et des services sociaux] avec celles du monde coopératif et communautaire [économie sociale ou tiers secteur] et celles du marché privé », suggèrent les chercheurs dans leur note d’intervention.Instaurer un nouveau dialogueToutefois, cette plus grande intégration des réseaux de première ligne pourrait être compromise, selon les auteurs, si rien n’est fait pour régler un contentieux qui mine les relations entre le secteur public et le tiers secteur depuis la fin des années 1990.Un contentieux qui s’est intensifié lorsque le gouvernement, en 2004, a autorisé les CSSS à faire des ententes de services avec des fournisseurs de tiers secteurs, comme les entreprises d’économie sociale en aide domestique (EESAD), afin d’acheter des services liés aux activités de la vie quotidienne (AVQ).C’est pourquoi les auteurs demandent au gouvernement actuel de rétablir une démarche de délibération publique avec les acteurs concernés par la politique québécoise des services à domicile. De nouvelles règles de partage des responsabilités doivent être établies entre le secteur public, le secteur privé et le tiers secteur, estiment-ils.Cette démarche permettrait de construire de véritables liens de confiance et de coopération entre cette diversité d’acteurs, comme c’est le cas dans d’autres domaines où le tiers secteur joue un rôle clé dans les politiques publiques du Québec.« Cette reconnaissance mutuelle doit conduire à une compréhension mutuelle que le sous-financement affaiblit l’ensemble de la politique de services à domicile et touche tous les acteurs collectifs qui jouent les rôles clés dans l’organisation des services », ajoutent-ils.Remédier au sous-financementEn décembre dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux Réjean Hébert a annoncé que son gouvernement s’était engagé à élaborer une politique nationale de soutien à l’autonomie et à mettre sur pied un régime d’assurance autonomie.« Nous serions inquiets si la politique de SAD (services à domicile) se contentait d’augmenter les allocations directes et les exemptions fiscales des personnes en perte d’autonomie sans se préoccuper de l’aménagement et de l’amélioration d’une offre de services disponibles, accessibles et de qualité», expliquent les auteurs.Selon eux, cette politique publique doit continuer de miser sur la structuration de l’offre plutôt que sur celle de la demande de services.Référence:1. Gilles L. Bourque et Yves Vaillancourt, Les services à domicile : pour une offre plurielle et solidaire de qualité, Note d’intervention de l’IRÉC, novembre 2012.

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