Sauver l’urgence de l’Hôpital de Lachine: des centaines de personnes répondent à l’appel

Quelques centaines de personnes de tous les horizons et de tous les âges se sont rassemblées le samedi 18 mars devant l’Hôpital de Lachine pour réclamer la sauvegarde de sa mission communautaire et le maintien de son urgence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Des citoyens et citoyennes, des professionnels et professionnelles de la santé, des personnes élues et des membres du comité «Sauvons notre urgence» sont tour à tour montés sur une estrade afin d’exprimer leur amour pour leur hôpital et énoncer leurs revendications. Une mobilisation citoyenne et politique avant la grande marche Parmi eux figuraient plusieurs membres du personnel hospitalier de l’établissement comme le docteur Paul Saba, la mairesse actuelle de Lachine, Maja Vodanovic, et ses prédécesseurs ainsi que plusieurs autres maires de l’ouest de l’île et Bernard Blanchet du regroupement citoyen Sauvons notre urgence. À l’extérieur du pays, le député de Marquette Enrico Ciccone ne pouvait être présent, mais c’est le député libéral de l’Acadie et vice-président de la Commission de la santé et des services sociaux à l’Assemblée nationale, André A. Morin, qui s’est adressé à l’assistance en son nom. Des membres de la Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne, fondatrices de l’ancien hôpital Saint-Joseph, avaient aussi répondu à l’appel pour apporter leur soutien. Après les discours, la foule a poursuivi avec une marche autour du quadrilatère entourant l’hôpital de Lachine qui fait actuellement l’objet d’un important projet d’agrandissement. Une pétition exigeant le maintien des services d’urgence et d’ambulances à l’Hôpital de Lachine est également ouverte sur le site web de l’Assemblée nationale. Les raisons derrière la mobilisation L’un des membres du comité citoyen Sauvons notre urgence, Bernard Blanchet, n’en était pas à son premier rodéo. En 1996, alors qu’il était conseiller municipal, une première fermeture avait été évoquée, puisqu’il y avait déjà un autre établissement anglophone à Lachine. Ensuite, lors de la création des centres de santé et de services sociaux (CSSS), la fusion avec l’hôpital de LaSalle avait été évoquée. «C’est important de montrer un rapport de force. La population parle. Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) transgresse des décisions qui ont été prises, il y a des années. Tu ne peux pas changer les règles du jeu en plein milieu», revendique-t-il, tout en soulignant que cet enjeu n’avait pas été apporté par le gouvernement lors de la dernière campagne électorale. Vers une «méga-clinique» plutôt qu’un hôpital communautaire? L’avenir de l’institution est actuellement en discussion au CUSM. Ce dernier évalue plusieurs options, dont celle de laisser tomber sa mission communautaire, en dépit de l’important chantier de modernisation de 220M$, en cours à l’hôpital de Lachine. Bien que l’urgence demeure ouverte pour le moment, elle n’accueille plus d’ambulances, toutes redirigées vers les autres centres hospitaliers de la région. Selon M. Blanchet et plusieurs personnes qui se sont exprimées lors de la manifestation, le but du CUSM et du gouvernement provincial serait de transformer l’hôpital en «méga-clinique». «Il manque déjà de places dans les urgences. La population est vieillissante. Ça n’a pas de bon sens de ne pas avoir tous les services», tonne-t-il avant de remarquer que de voir autant de gens rassemblés un samedi pour cette cause, «c’est puissant». Une communauté lachinoise mobilisée «Notre hôpital à Lachine, c’est important: important pour les citoyens, pour la population vieillissante qui a besoin de proximité. On demande que l’urgence soit ouverte 24 heures sur 24, que les ambulances soient admises et que notre hôpital ne soit pas transformé en clinique», renchérit une résidente du secteur, Carole Vincent. Infirmière depuis 30 ans à l’hôpital de Lachine, Nancy Haince a justement fait le choix d’y travailler pour son côté communautaire, familial. Elle se désole de devoir refaire le même combat que dans le passé pour la survie de l’hôpital et de son urgence. «On pose des questions, on n’a aucune réponse. Ça fait plein de réunions qu’on a avec la direction. On lui demande d’être transparente, de nous dire ce qu’ils vont faire. On a des réponses de politiciens», s’insurge celle qui travaille aux soins intensifs. «On est là pour sauver l’hôpital de Lachine, avec l’urgence, des soins intensifs, des soins 24/7. Les urgences débordent complètement partout. Je trouve ça vraiment insensé de nous transformer en centre ambulatoire. Ce n’est pas ça que la population a besoin», ajoute sa collègue, Marylene Beccherini, qui rappelle que la survie d’une personne en détresse respiratoire est une question de minutes. La proximité peut faire toute la différence. Enjeux de mobilité entre Lachine et le centre-ville: raison de plus de maintenir l’hôpital communautaire? Pour Mme Vincent, il faut aussi considérer la question de la mobilité. Par exemple, lorsque son père était malade, elle a pu se rendre à son chevet tous les jours pendant un mois, ce qui aurait été beaucoup plus compliqué s’il s’était retrouvé ailleurs. «Ce n’est pas tout le monde qui est capable d’aller au centre-ville. Comment les gens vont-ils faire pour aller visiter leurs proches? Tu te retrouves isolé, seul», souligne Mme Haince. En l’absence de transport structurant rapide reliant l’arrondissement aux grands hôpitaux de Montréal, la distance peut avoir un impact important sur les personnes souhaitant visiter leurs proches en cas d’hospitalisation prolongée. Comme le fait remarquer l’infirmière aux soins intensifs, l’hôpital de Lachine desservait aussi l’aéroport de Montréal-Trudeau du fait de sa proximité géographique, avant que les ambulances soient détournées ailleurs. Mme Beccherini ajoute que plusieurs patients refusent d’aller se faire soigner dans les hôpitaux universitaires, parce qu’ils veulent rester dans cet hôpital.

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