Sanction: il rejette les demandes de son patient malgré ses maux de tête

Pour cette raison, un médecin spécialiste de l'Hôpital de Hull, à Gatineau, a récemment été radié pour deux mois par le conseil de discipline de son ordre professionnel. En 2015, le Dr Khalil Khalaf rencontre son patient en raison d’une hydrocéphalie communicante, qui est un problème de résorption du liquide céphalorachidien. Après avoir procédé à une investigation, le médecin considère qu’il doit effectuer une chirurgie par dérivation ventriculo-péritonéale. Ainsi, en mars 2017, le neurochirurgien lui installe une tubulure dans le cerveau afin d’évacuer le liquide céphalo-rachidien. Un petit dispositif contenant un aimant contrôle le débit de drainage. En juin de la même année, le patient subit une IRM cérébrale; il a donc été exposé à de puissantes forces magnétiques. Or, cet examen a provoqué un changement dans le calibrage de l’appareil installé dans le cerveau du patient. Plutôt que d’être calibré à 1,5, il l'est désormais à 0,5, ce qui augmente le débit du drainage. Quelques jours plus tard, le patient se présente à l'hôpital, en raison de céphalées et d'une sensation de pression. À ce moment, le Dr Khalaf omet de procéder à une vérification de la valve susceptible d’avoir été déréglée par l’examen d’imagerie. Il n'a plus revu son patient après cette date. En novembre, une chirurgienne de garde à l’hôpital, constate après vérification que le dispositif du patient est calibré à 0,5 et l’ajuste à 1,5 de manière à diminuer le débit. Opéré pour un hématome Deux mois plus tard, le 9 janvier 2018, le patient est opéré pour un hématome sous-dural après s’être présenté la veille à l’urgence. Selon le neurochirurchien, le Dr Cyril Barthélémy-Ducharme, ce volumineux hématome est «probablement secondaire à un drainage trop important de la valve, mais également possiblement au traumatisme du mois d’octobre». Le médecin fait référence à un événement survenu quelques mois plus tôt, lorsque le patient s’est cogné la tête. Pour sa défense, le Dr Khalil Khalaf a tout d'abord affirmé que le radiologiste ayant effectué l’IRM en juin 2017 aurait pu, au moyen d’une radiographie, voir la position du marqueur sur le dispositif du drainage de son patient. Le médecin fautif croyait à tord que le radiologiste avait fait cette vérification. Mais contrairement à ce que plaide le médecin, le protocole de l'Hôpital de Hull ne prévoyait pas à l’époque une telle vérification, indique la décision disciplinaire. Ce n’est que depuis février 2020 qu’une procédure spécifie qu’à la suite d’une IRM, le radiologiste doit vérifier si le dispositif de drainage est déplacé et déprogrammé. Aujourd’hui, le neurochirurgien reconnait qu’il aurait dû vérifier le réglage du dispositif de drainage, d’autant plus que cette vérification est simple et ne prend que quelques minutes. La qualité de la médecine en cause Selon le conseil de discipline, le manque de suivi auprès de son patient «comporte une gravité intrinsèque, car la qualité de la pratique médicale est en cause. Un tel suivi est au cœur de la profession médicale». Le Conseil note toutefois qu’il s’agit d’un acte isolé et que le médecin n’avait pas d’antécédents disciplinaires. Ainsi, il a décidé d’appuyer la recommandation conjointe des deux parties qui demandaient une radiation de deux mois. Selon le conseil de discipline, cette recommandation «illustre un équilibre entre la nécessité de protéger le public et le droit de l’intimé d’exercer sa profession de même que l’impact global de cette sanction sur ce dernier». Néanmoins, le Conseil estime que le médecin a encore du chemin à faire pour améliorer sa pratique. «Considérant l’importance pour tout médecin de demeurer à l’écoute de son patient, le cheminement de l’intimé, bien qu’important en raison de son plaidoyer de culpabilité, est à parfaire.» La radiation sera effective à compter du 19 mars prochain.

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