GMF Rouyn-Noranda: un pour tous, tous pour un !

Le GMF Rouyn-Noranda, c’est 39 médecins répartis dans un CLSC, une UMF et cinq cliniques… Situation impossible à gérer ? Bien au contraire. Ils sont maintenant tous reliés par un réseau informatique, ce qui leur permet d’avoir un seul dossier par patient, un dossier commun.Et le salut est justement venu du fait que, bien que dispersés sur sept sites, tous les médecins de famille du réseau local de services sont regroupés en un seul Groupe de médecine familiale (GMF). En effet, selon la loi en vigueur au Québec, les différents GMF ne peuvent partager entre eux le même dossier patient. Dans le jargon informatique, ils doivent travailler « en silo ». À Rouyn-Noranda, pas de silo ! Les médecins peuvent donc partager toute l’information clinique nécessaire. « Travailler tous, en quelque sorte, dans le même réceptacle permet une mise en commun de l’information. Les médecins contribuent à la saisie des données, tout comme les infirmières et les autres professionnels du GMF », précise le Dr François Vaillancourt, médecin responsable du GMF Rouyn-Noranda, qui a participé à la mise en place de ce réseau depuis le début de son mandat, en 2010.Formation communeDepuis six mois, la région est passée à l’étape de vérité : l’implantation d’un même dossier médical électronique (DME) pour tous les professionnels du GMF. La stratégie pour y arriver ? Tabler sur la mise en commun de l’expertise et sur la formation pour répondre aux besoins des professionnels de la santé et à ceux du personnel administratif. « Nous avons coordonné les sessions de formation de façon à ce que les médecins et le personnel clinico-administratif des différents sites du GMF puissent s’y rencontrer. Cela a eu un effet d’entraînement, dit le médecin. Les formations sont devenues un lieu de rencontre et d’entraide. »Sur le terrain aussi, il y a un effet d’entraînement. Les plus grands utilisateurs échangent beaucoup d’informations entre eux, ce qui les aide à mieux utiliser les nouveaux outils. Il y a aussi « un effet d’osmose » : ceux qui étaient peut-être moins convaincus au départ sont tout à coup attirés par ces nouvelles solutions.Et au bout du compte, les principaux avantages sont bien ceux qu’on escomptait. « En plus de vraiment faciliter la communication entre professionnels, ça nous évite de courir après l’information et d’avoir à toujours tout retranscrire », poursuit le Dr Vaillancourt.Sans oublier que c’est un outil pédagogique extraordinaire ! Le Dr Vaillancourt, pourtant super utilisateur des outils informatiques, avait quelques inquiétudes au départ, se demandant si sa relation avec les patients allait y perdre. « On m’avait beaucoup parlé des médecins qui passent leur temps à regarder leur écran plutôt que leur patient. Dans mon cas, c’est le contraire qui s’est produit. Mon patient et moi nous regardons l’écran ensemble ! » témoigne-t-il.En fait, au lieu d’y perdre, la relation médecin-patient gagne en interactivité, aussi, grâce à un meilleur partage de l’information, en compréhension. « C’est très efficace, notamment pour la gestion de la médication, poursuit-il. Je peux revoir avec le patient la liste de ses médicaments, ce qui nous permet d’échanger sur les différents aspects du traitement. L’informatique nous donne aussi accès à beaucoup d’autres sources d’information. »Il utilise Uptodate et Epocrates, des logiciels d’aide à la prise de décision clinique qui contiennent aussi de l’information destinée aux patients. Cela lui permet de leur donner accès à des images, à des diagrammes et à des textes qui les aident à mieux comprendre leur situation et, ultimement, à mieux prendre en charge leur santé.Le Dr Vaillancourt gagne aussi beaucoup de temps grâce aux résultats de laboratoire et d’imagerie de son CSSS, ainsi qu’au volet médicaments du Dossier Santé Québec, qu’il peut consulter sur son ordinateur. « Je les montre aux patients. Ils sont très intéressés par ce qu’ils voient à l’écran. Après tout, c’est leur dossier ! Cela me permet de leur donner des explications beaucoup plus claires. » Le médecin a aussi hâte de voir la mise en place d’un portail patient, dans lequel les patients pourront consulter eux-mêmes leur dossier. « Au Kaiser Permanente, aux États-Unis, c’est une pratique normale qui facilite beaucoup la relation patient-médecin, mais on n’en est pas encore là, il faut d’abord former les docteurs », tempère-t-il.Car l’implantation des dossiers patients demandera beaucoup de soutien aux utilisateurs, surtout au départ. « Nous commençons à utiliser le volet “médicament” du DSQ, mais nous devons nous débrouiller tout seuls, et nous pourrions aller beaucoup plus vite si on nous apportait plus de soutien technique », tient-il à préciser.Embauche d’un technicien informatiqueEn Abitibi, les sept GMF se sont cotisés en 2009 pour financer le salaire d’un technicien informatique de niveau 2 à temps plein, qui les aidera dans l’implantation des réseaux, dans la gestion du changement et dans le soutien aux utilisateurs. Malgré les succès rencontrés depuis, la pérennité de cette ressource est menacée parce qu’elle ne figure pas dans le cadre de gestion des GMF. « Comment vais-je pouvoir prendre en charge plus de patients si je dois par-dessus le marché m’occuper de problèmes d’ordre technique ? » se désole le Dr Vaillancourt.Selon lui, les médecins sont trop souvent laissés à eux-mêmes. « Les agences et les établissements de santé disposent de services informatiques vers lesquels les professionnels peuvent se tourner. Dans les GMF, ce n’est pas le cas. » Les adjointes administratives se retrouvent souvent seules pour s’occuper de la gestion du changement que sous-tend l’informatisation clinique. « Si les GMF étaient mieux soutenus sur le plan technique, ils pourraient faire beaucoup plus vite et beaucoup mieux », argue-t-il.En attendant, tout repose sur l’implication d’une poignée de médecins « champions », déterminés à se charger de l’ensemble du processus. « Les projets sont encore portés à bout de bras par quelques médecins convaincus qui ne disposent malheureusement que de peu de moyens », dit le médecin.Une situation qui, selon lui, contraste tristement avec ce qui se passe dans les autres sphères de la société, étant donné la facilité avec laquelle on peut, par exemple, avoir accès à son compte bancaire…

GMF Rouyn-Noranda: un pour tous, tous pour un !

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