«Rien n’accote ce que j’ai pu vivre aux Jeux olympiques»

Vingt-quatre heures après son retour au Québec, survenu lundi après-midi, la Dre Mélissa Généreux était toujours sur l’adrénaline. «À date, c’est l’une des expériences les plus marquantes de ma vie. J’ai vécu cinq jours vraiment extraordinaires», confie-t-elle en entrevue avec ProfessionSanté.ca. «Faire partie de cette aventure, c’était enivrant. Il y avait une telle énergie positive. Tout le monde vivait sa best life au village olympique», relate la médecin qui, en tant que bénévole, a été affectée à la «Mind Zone» (ou zone bien-être) mise à la disposition des athlètes et de leur entourage.Lumières bleutées tamisées, musique douce, diffuseurs d’huiles essentielles, cette zone, la première du genre aménagée dans un village olympique, est constituée de plusieurs espaces propices à la détente. Loin du brouhaha et de l’effervescence parisienne, les athlètes y sont invités à se ressourcer en se livrant à différentes activités: mandalas, peinture à numéros, yoga, méditation, casques de réalité virtuelle pour pratiquer la pleine conscience. «On incitait aussi les gens à pratiquer la gratitude par l’écriture d’une carte postale dans laquelle on les encourageait à remercier leurs proches pour leur soutien», ajoute la Dre Généreux en soulignant que l’exercice de la gratitude permet «de se mettre dans un esprit positif, d’être reconnaissant. Ça a un effet positif sur le bien-être».Initialement, la médecin spécialiste en santé publique s’était imaginé qu’elle serait en relation d’aide avec les athlètes, qu’elle aurait des discussions bienveillantes avec eux, qu’ils parleraient de leur stress et qu’elle leur donnerait éventuellement des conseils. Une fois briefée par l’organisation, l’Estrienne a dû s’ajuster. «On avait pour consigne de ne pas leur donner de conseils afin de ne pas interférer avec l’approche psychologique propre à chaque équipe. En même temps, si on détectait qu’une personne n’allait pas bien, on pouvait la diriger vers les bonnes ressources», explique-t-elle en précisant que la zone bien-être n’est pas forcément destinée aux athlètes qui se sentent mal. «Certains étaient un peu stressés, d’autres étaient déçus de leur performance, mais il y en a aussi plein qui venaient juste pour se recentrer et se calmer.»Le rôle de la Dre Généreux et des autres professionnels de la santé sur place consistait en fait à accueillir les athlètes dans la «Mind Zone» et à les orienter vers les différentes activités offertes en leur expliquant leurs bénéfices en lien avec la santé mentale. «Par exemple, devant un mandala, tu peux faire le vide en ne pensant à rien d’autre qu’à produire quelque chose sans avoir un souci de performance. Il y a un sens derrière ça», assure la clinicienne qui se souvient d’un sportif plutôt sceptique. «Au début, il me regardait bizarrement. Je l’ai invité à me suivre en lui disant “concentre-toi sur ta respiration et sur le choix des couleurs pendant cinq à 10 minutes”. Quand je suis revenu le voir, il a voulu continuer et après, il m’a avoué qu’il était plus détendu.»Un modèle à importerLa Dre Généreux est d’ailleurs convaincue que le concept de la «Mind Zone» du village olympique mériterait d’être reproduit au Québec dans les milieux de vie, au travail ou à l’université. «On a tous des vies de fous. Si des athlètes de haut niveau sont capables de reconnaître qu’ils ont besoin de prendre une pause, on devrait tous avoir ce droit pour qu’on puisse se détendre», estime la médecin, Elle souligne que le stress est un réel enjeu de société et de santé publique, notamment chez les jeunes. «Les données montrent que les diagnostics de troubles mentaux, les symptômes de détresse psychologique et la consommation d’antidépresseurs sont en augmentation constante», insiste-t-elle.Face aux problèmes d’accessibilité aux soins de première ligne comme aux ressources en santé mentale, de telles zones de bien-être pourraient «donner des outils aux gens pour les aider à se vider le cerveau et à gérer leur stress. Ça ne va pas enlever tous les maux de la Terre», convient la Dre Généreux. «Mais ce ne sont pas des infrastructures dispendieuses. Un mandala, ça ne coûte rien. Même si ça a un petit impact, ça peut contribuer au bien-être mental.»Elle-même reconnaît que la «Mind Zone» olympique l’a aidé à passer sa semaine à Paris. «Je n’étais pas stressée, mais j’étais sous adrénaline et en surcharge émotionnelle, car j’étais exaltée par tout ce que je vivais. Dès que j’arrivais sur place, ça me calmait et ça me donnait de l’énergie.»

«Rien n’accote ce que j’ai pu vivre aux Jeux olympiques»

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