Retour des services pharmaceutiques à l’Isle-Verte: «Nous avons réagi rapidement»

Une journée après l’incendie funeste qui a sévi à la Résidence du Havre à l’Isle-Verte dans la nuit du 23 janvier, le couple de pharmaciens propriétaires Marie-Hélène Miousse et Philippe Lépicier, dont la pharmacie a été complètement détruite dans la tragédie, poursuivaient leurs services et soins pharmaceutiques dans un local du club de l’âge d’or du village.Récit des événements qui marqueront à jamais leur vie personnelle et professionnelle.***« Je me suis fait réveiller par ma gérante à six heures du matin, raconte Marie-Hélène Miousse dans une entrevue accordée à L’actualité pharmaceutique quelques jours après le triste événement. Elle m’a dit que la villa brûlait, mais que la pharmacie était correcte. Toutefois, en ouvrant la télé, je voyais les flammes qui sortaient de la pharmacie. J’ai vite compris que ça serait terminé pour nous aussi. »Rendus sur les lieux, les deux pharmaciens ont constaté que la pharmacie qu’ils possédaient depuis sept ans s’était réellement envolée en fumée. « On ne pouvait pas s’approcher en raison de l’intensité du feu. Ça ne nous a pas pris bien des minutes pour comprendre que c’était complètement fini. […]. On était sans mot. C’était la panique », se remémore la jeune pharmacienne.Heureusement, vers 7 h 30, ils ont reçu un appel d’Albert Falardeau, président de la bannière Familiprix à laquelle ils sont affiliés, qui leur offrait la possibilité d’aménager une nouvelle pharmacie dans les 24 à 48 heures. « Ça nous a donné un petit regain d’énergie. »À dix heures, ils avaient trouvé un nouveau local presque de la même grandeur que leur ancienne pharmacie (environ 1000 pi2 comparativement à 1500 pi2) pour rouvrir la seule pharmacie de l’Isle-Verte.À midi, ils obtenaient de leur fournisseur informatique une copie de leurs dossiers-patients, ce qui leur a permis de servir rapidement en urgence des médicaments aux patients qui n’en avaient plus, à partir de leur autre pharmacie située à Cacouna, municipalité située près de l’Isle-Verte.Grâce aux employés de leurs quatre pharmacies (Isle-Verte, Cacouna, Saint-Cyprien, Saint-Hébert-de-Rivière-du-Loup) et de Familiprix qui étaient à l’œuvre dès le soir suivant le drame, ils ont « reproduit » leur pharmacie en moins d’une semaine, avec un laboratoire, une section de médicaments en vente libre et une section boutique « pour les gros vendeurs ».« C’est assez surprenant comme résultat. Mis à part l’environnement, je ne vois pas ce qu’il y a de différent. »Ils ont obtenu rapidement des médicaments de leur grossiste Familiprix et de leur autre pharmacie de Cacouna. « On n’a pas manqué de médicaments », se réjouit-elle.Elle souligne aussi que le personnel de sa pharmacie n’a jamais cessé de travailler depuis le tragique événement.La clientèle de l’Isle-Verte et des environs est de retour à leur nouvelle pharmacie. « On en a parlé beaucoup dans les médias, justement pour annoncer que notre pharmacie continuait ses activités. On a réagi rapidement. Je pense que c’est ça qui nous sauve […]. On voulait rassurer les gens, parce qu’on sait qu’une pharmacie dans un village, c’est un service essentiel. Les gens de l’Isle-Verte tiennent à leur pharmacie. On sentait beaucoup d’inquiétude dans la population sur l’avenir de la pharmacie. »Ces deux jeunes diplômés de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal (en 2004 pour Marie-Hélène Miousse et en 2000 pour Philippe Lépicier) habitent depuis huit dans la région du Bas-Saint-Laurent.Par conséquent, ils connaissaient bien les personnes qui sont décédées ou portées disparues dans l’incendie et les membres de leur famille, dont la plupart étaient ou sont leurs patients. « J’aime mieux ne pas en parler. On le vit personnellement. Mon personnel est affecté aussi », s’est-elle limitée à dire.Elle précise toutefois que les liens avec ses patients se sont davantage resserrés depuis le drame. « Avec tout ce qu’ils ont vécu… »Soulignons qu’ils ont reçu « énormément » d’appels de pharmaciens du Québec, notamment de leur région, pour les encourager et proposer leur aide.Pour le moment, ces deux pharmaciens propriétaires ne se sont pas encore penchés sur le transfert plus définitif de leur pharmacie. « Il est vraiment beaucoup trop tôt. On va décanter tout ça. »

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