Renforcer le dépistage médical de toute personne demandant l'asile

15 août 2025.À Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec, à environ 48 km au sud de Montréal, entre le 1er et le 27 juillet, 3 089 demandes d'asile ont été déposées, soit cinq fois plus qu'au cours de la même période l'année dernière. La plupart provenaient d'Haïti, du Venezuela, des États-Unis, de la Colombie et du Pakistan. Environ 11 millions de migrants illégaux vivent aux États-Unis, et l'Agence de contrôle de l'immigration et des douanes (ICE) procède à leur arrestation et à leur expulsion. Avec un objectif de 3 000 arrestations par jour, à la mi-juin, quelque 56 000 personnes étaient détenues par l'ICE.Le gouvernement de Donald Trump tente d'annuler le statut de protection temporaire accordé à 500 000 personnes originaires d'Haïti et à plus de 350 000 personnes originaires du Venezuela, en plus des migrants originaires d'Ukraine, d'Afghanistan, du Népal, du Cameroun, de Cuba, du Honduras et du Nicaragua. «Toutes les personnes qui arrivent ici ont peur d'être arrêtées, qu'elles aient des papiers ou non», a déclaré Marjorie Villefranche, défenseure de la communauté haïtienne de Montréal.Je crois comprendre qu'une fois au Canada, ces personnes ont 30 jours pour consulter un médecin afin de passer un examen médical, subir une radiographie pulmonaire et faire des analyses sanguines.Il est très important de noter que les infections sont en forte augmentation des deux côtés de la frontière. Au Canada, on observe une recrudescence des cas de VIH, de syphilis, d'hépatite B et de tuberculose pharmacorésistante. Aux États-Unis, le nombre de cas de tuberculose signalés a augmenté de 34% entre 2020 et 2024. Environ les trois quarts d'entre eux concernaient des personnes nées à l'étranger. À New York, l'incidence de la tuberculose est 2,5 fois supérieure à la moyenne nationale. Il convient de noter cet énoncé de Shannon Charlebois et Jasmine Pawa dans le numéro du 2 juillet 2025 du Journal de l'Association médicale canadienne:«Une crise des maladies transmissibles se déroule en Amérique du Nord, alors même que les réponses du système de santé canadien sont entravées par le démantèlement des infrastructures de santé et de recherche aux États-Unis.»Ironiquement, Trump a réduit de 50% le budget du Centre de contrôle des maladies et de 40% celui de l'Institut national de la santé. Cela a réduit la capacité des institutions de santé américaines à collecter, interpréter et partager des données.Le Canada doit donc renforcer de toute urgence le dépistage médical de toutes les personnes demandant l'asile.J'ai écrit à l'honorable Lena Metlege Diab, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, mais je n'ai reçu aucune réponse. J'ai de plus communiqué avec plusieurs médecins et gestionnaires d'Ottawa qui effectuent des examens médicaux pour les immigrants. Personne ne savait quelles instructions avaient été données ou quels examens préliminaires étaient effectués à la frontière. Je n'ai absolument pas réussi à parler à quelqu'un en personne à Saint-Bernard-de-Lacolle. J'aimerais savoir quel pourcentage de personnes sont retournées aux États-Unis. Je me demande de plus si les personnes admises au Canada qui obtiennent l'asile reçoivent un questionnaire de santé écrit et, dans la négative, quelles sont les questions posées au sujet de leur état de santé. Leur conseille-t-on de ne pas dormir dans des refuges (Armée du Salut, Shepherds of Good Hope, etc.) jusqu'à ce qu'un médecin les ait examinées? Je ne sais pas non plus si le gouvernement fédéral assure un suivi de ces personnes jusqu'à ce qu'elles consultent un médecin et que les résultats de leur radiographie pulmonaire et de leurs analyses sanguines soient disponibles.Je suggère fortement que Saint-Bernard-de-Lacolle et tout autre poste frontalier terrestre important qui reçoit un grand nombre de migrants provenant des États-Unis soit doté, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, d'infirmières qui pourraient faire un rapide examen physique et recueillir les antécédents médicaux. Ceux qui semblent malades devraient être détenus dans une zone de détention et être rapidement dirigés vers un médecin. Ces infirmières pourraient de plus être chargées de dépister les migrants en situation irrégulière qui sont interceptés à quelques kilomètres des postes frontaliers. Il s'agit actuellement d'un problème qui touche principalement la région de Montréal, mais qui pourrait facilement s'étendre à l'avenir. Il faudrait donc réévaluer toutes les quelques semaines les besoins en infirmières à chaque passage frontalier terrestre, car le nombre de migrants est susceptible d'augmenter.En avril dernier, le premier ministre François Legault a souligné que le Québec avait déjà dépassé sa capacité d'accueil. Le premier ministre Mark Carney a convenu de la «nécessité de réduire le niveau d'immigration temporaire au Québec». Ottawa est en train d'adopter le projet de loi C-2, la Loi sur la sécurité des frontières. Entre-temps, à compter du 30 septembre, il ne couvrira plus les dépenses d'hébergement à l'hôtel des demandeurs d'asile. Il faut dès maintenant prendre des mesures rapides. Le délai d'attente de 30 jours pour consulter un médecin devrait être raccourci. Les demandeurs d'asile ne devraient pas être autorisés à disparaître pendant si longtemps, alors qu'ils peuvent être porteurs de la tuberculose et d'autres infections qui pourraient facilement contaminer de nombreuses autres personnes dans les refuges pour sans-abris et autres établissements similaires.Le Dr Charles S. Shaver, médecin à Ottawa, est né à Montréal. Il est l'ancien président de la section de médecine interne générale de l'Association médicale de l'Ontario. Les opinions exprimées ici sont les siennes.

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