Régime public d’assurance médicaments - Des patients parfois dans l’incapacité de payer

Même s’ils bénéficient du Régime public d’assurance médicaments, un nombre important de Québécois éprouveraient quand même des difficultés à payer pour les médicaments dont ils ont besoin, révèle une enquête réalisée par cinq associations coopératives d’économie familiale (ACEF).« La contribution mensuelle maximale pour le régime public est de 83,83 $, indique Mélanie Rioux, conseillère budgétaire à l’ACEF Rive-Sud, située à Lévis. Or, comme beaucoup de médicaments ne sont pas remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec, il n’est pas rare de voir des gens dépenser 150 $ pour obtenir leurs médicaments. La facture peut même monter jusqu’à 200 $ ou 300 $. Sur un revenu mensuel moyen de 1400 $, c’est une part considérable. »Parmi les 1954 dossiers de consultation budgétaire ouverts entre le 1er avril 2013 et le 31 mars 2014 dans les régions desservies par les cinq ACEF (Rive-Sud de Québec, Appalaches-Beauce-Etchemin, Montérégie-Est, Lanaudière, Est de Montréal), 75 cas « posaient problème », poursuit Mélanie Rioux.Dans ces cas problématiques, les personnes doivent couper ailleurs dans leur budget pour se procurer leurs médicaments ou s’endetter. Cela représente environ 4 % des cas étudiés, mais le nombre réel de cas serait encore plus élevé, selon Mélanie Rioux, car plusieurs personnes ne consultent pas les conseillers budgétaires des ACEF. Transposé à l’échelle du Québec, le pourcentage de 4 % représente des milliers de personnes, ajoute-t-elle.Les patients en manque d’argent pour payer leurs médicaments vont peut-être couper dans d’autres dépenses courantes, comme les dépenses d’épicerie, emprunter de l’argent à leurs proches, demander à leur pharmacien de payer plus tard ou, dans le pire des cas, cesser de les prendre.« Les conséquences de ce phénomène peuvent être dramatiques pour la santé de ces personnes, mais elles peuvent également avoir un impact plus large, notamment pour leurs employeurs », donne en exemple Mélanie Rioux.Petites et grandes solutionsLorsque des gens sollicitent l’aide des conseillers budgétaires des ACEF, ces derniers vont les aider à trouver différentes solutions pour équilibrer leurs finances personnelles. « Dans le cas des dépenses liées aux médicaments, nous pouvons leur conseiller de voir avec les professionnels de la santé s’il est possible de remplacer leur médicament par un générique ou par une autre molécule moins chère, souligne Mélanie Rioux. Nous pouvons également leur suggérer de vérifier auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) si leur médicament peut être remboursé de façon exceptionnelle. »La conseillère budgétaire de l’ACEF Rive-Sud constate que les médecins et les pharmaciens sont généralement soucieux d’aider les personnes aux prises avec des difficultés à payer leurs médicaments. « Lorsqu’ils le peuvent, les médecins vont fournir des échantillons aux patients, indique-t-elle. Du côté des pharmaciens, ils font souvent preuve d’ouverture pour permettre aux gens de payer leurs médicaments à la fin du mois, même s’il est normal que cette souplesse ait une limite. »Les ACEF, qui travaillent en partenariat avec l’Union des consommateurs, prônent l’instauration d’un régime public universel d’assurance médicaments, car les assurés des régimes privés peuvent vivre également des situations difficiles. À titre d’exemples, la prime payée par l’employé peut être très élevée, de même qu’il peut y avoir une interruption de couverture entre deux emplois.

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