Regard sur la médecine événementielle sportive: les équipes médicales, anges gardiens des athlètes

Le Ironman de Mont-Tremblant et le Marathon de Montréal arrivent à grands pas, attirant de nombreux participants qui chercheront à se surpasser. En coulisses, d’imposantes équipes médicales s’activeront pour assurer la sécurité des athlètes. Survol de cette médecine événementielle qui gagne du terrain au Québec.Tous les marathoniens vous le diront : courir 42 km demande un effort important et une bonne préparation. Imaginez maintenant nager 3,8 km et pédaler 180 km en plus ! Lors du Ironman de Mont-Tremblant le 20 août, les quelque 2700 participants devront pousser leur corps à la limite pour franchir le fil d’arrivée après plusieurs heures d’activité physique intense.La tenue d’un tel événement entraîne inévitablement des blessures, des malaises ou des problèmes de santé qui peuvent parfois être graves.« Chaque année, on peut s’attendre à avoir entre 250 et 400 athlètes qui ont besoin de soins médicaux. Quelque 90 % d’entre eux doivent en recevoir après la ligne d’arrivée, tandis que seulement 10 % en reçoivent pendant la course », explique l’urgentologue et directeur médical du Ironman de Mont-Tremblant, le Dr Marc Gosselin, qui ajoute qu’à chaque événement, une douzaine de participants doivent être transférés à l’hôpital.Pour répondre à cette demande, le Dr Gosselin peut compter sur une équipe de 250 bénévoles composés notamment de médecins, d’infirmières, de pharmaciens, de technologues de laboratoire, de premiers répondants, de paramédics, de physiothérapeutes et d’osthéopathes.Pour soigner les participants, le Ironman a établi un partenariat avec des hôpitaux de la région des Laurentides et des entreprises privées pour les prêts d’équipement. L’équipe médicale possède une trentaine de défibrillateurs, une salle d’urgence de 60 civières, une salle de réanimation pour gérer les cas plus graves, un système de communication et un système de géolocalisation des effectifs.« Nous avons mis sur pied une structure médicale complète. Nous avons essayé de reproduire le modèle d’un hôpital, mais de terrain », souligne le Dr Gosselin. Le Dr Marc GosselinMoins de deux minutesUne structure similaire a été mise sur pied du côté du Marathon de Montréal.« Nous pouvons faire tout ce qu’un hôpital fait, même que l’on dépasse largement les indicateurs de performance de certains hôpitaux, notamment en ce qui a trait aux protocoles spécifiques à la course à pied et au protocole d’hyperthermie », mentionne Eddy Afram, coordonnateur médical du Marathon de Montréal.Les ressources du service d’urgence de l’événement sont impressionnantes : dix ambulances et autant de motos médicales, sept véhicules de transport alternatif, 50 défibrillateurs et 20 moniteurs cardiaques. Pour la première fois cette année, le Marathon sera équipé de la technologie ECMO (Extracorporeal Membrane Oxygenation), qui permet de gérer artificiellement la circulation sanguine et la respiration du patient.C’est donc quelque 300 intervenants médicaux qui utiliseront ces équipements et ces véhicules lors de la populaire course qui devrait attirer 37 000 personnes, le 24 septembre prochain. « En répartissant ces ressources partout sur le parcours, nous sommes capables de garantir un temps de réponse de moins de deux minutes », souligne Eddy Afram.Selon lui, deux facteurs majeurs expliquent l’affluence dans les services médicaux lors du marathon : la météo et le manque de préparation. « La météo peut carrément faire doubler le taux d’affluence. Par exemple, si la température est de 27 degrés, on estime qu’il y aura deux fois plus de participants qui vont requérir des services médicaux comparativement à une journée où il fait 15 degrés », illustre le coordonnateur médical. Chaque année, plusieurs professionnels de la santé vivent une expérience hors du commun en faisant partie de l’équipe médicale du Ironman de Mont-Tremblant.Principaux problèmes de santé rencontrés au IronmanNatation : problèmes respiratoires, hypothermie et traumatisme mineurVélo : accidents lors d’une chute et problèmes muscolo-squelettiquesCourse à pied : hypothermie ou hyperthermie, problèmes musculaires, problèmes digestifs, hyponatrémie, hypoglycémie, coup de chaleur et problèmes cardiaquesUne médecine en développementLors du premier Ironman de Mont-Tremblant en 2012, le Dr Gosselin et son équipe ont dû mettre au point une structure de médecine événementielle qu’on ne retrouvait pas au Québec. Pour ce faire, ils ont assisté à plusieurs Ironman tenus à travers le monde afin de s’inspirer des différentes pratiques déjà en place ailleurs.Six ans plus tard, son équipe peut dire mission accomplie. « La médecine événementielle se structure au Québec. Nous croyons y avoir contribué à ça puisque, au fil des années, beaucoup de gens sont venus rencontrer notre organisation et s’en sont inspirés. »Principaux problèmes de santé rencontrés au IronmanInstallations au Marathon de MontréalUne salle de réanimation pouvant accueillir jusqu’à six patientsHuit lits de monitorage pour les soins intermédiairesPrès de 40 lits pour les soins aigus10 lits de médecine sportiveAujourd’hui, un programme à l’Université McGill forme des médecins pour travailler lors de ces événements d’envergure, note le Dr Gosselin. « Je crois que la professionnalisation de la médecine événementielle est inévitable. Cette structure se retrouve tranquillement dans les événements d’envergure afin de mieux encadrer les athlètes et d’éviter l’improvisation », observe-t-il.Toutefois, la rémunération des médecins reste un problème, estime-t-il. « Ils reçoivent une rémunération bien en-deçà de celle d’un médecin à l’hôpital et plusieurs doivent travailler bénévolement. On ne peut pas embaucher 250 personnes pour un événement de 24 heures. »

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