Former la relève: «un défi de plus en plus grand»

Y a-t-il un désengagement des médecins de famille du Québec dans la formation de la relève? À deux semaines du Colloque québécois des enseignants en médecine de famille, cette question mérite d’être posée.Un récent article du Journal de l’Association médicale du Canada signale qu'il devient de plus en plus difficile pour les étudiants de gagner de l'expérience clinique en médecine de famille, car il n'y a pas assez de médecins pour superviser les stages». Trop occupés, peur de ne pas rencontrer assez de patients, manque de confiance, les raisons sont multiples pour ne pas encadrer les étudiants.La situation ne semble pas très différente au Québec, même si les facultés de médecine sont néanmoins en mesure de fournir une place de stage en médecine de famille à tous leurs étudiants, assure la Dre Hélène Boisjoly, présidente de la Conférence des doyens des facultés de médecine, dans une réponse écrite.«Toutefois, cela représente un défi de plus en plus grand», reconnaît-elle.Selon la Dre Boisjoly, plusieurs facteurs influencent le nombre d’enseignants: départs à la retraite, réorientations de carrière, équilibre avec le temps de clinique, congés de maternité, congés de maladie et même le manque de locaux. De plus, il y a davantage de places en groupe de médecins de famille universitaire.Témoin de désengagementCe n’est pas d’hier que le manque d’enseignants en médecine de famille préoccupe les universités. En mars 2015, convaincus que le projet de loi 20 serait extrêmement dommageable pour la formation de la relève, les doyens des quatre facultés de médecine du Québec lançaient un cri d’alarme au gouvernement.«Nous sommes témoins dès maintenant de signes avant-coureurs de désengagement des médecins de famille du Québec dans la formation de la relève», écrivaient-ils dans un mémoire déposé à la Commission de la santé et des services sociaux.Ils affirmaient qu’avec la mise en application de la Loi 20, la pression serait forte pour que les médecins de famille augmentent leur présence auprès des patients, reléguant leurs autres tâches au second plan.«Les activités qui risquent de nuire à l’inscription et au suivi des clientèles, dont les activités reliées à l’enseignement, auront beaucoup moins d’intérêt et risquent fort d’être progressivement délaissées», expliquaient-ils.Des médecins de famille s’acquittent de 20 à 60 % des tâches d’enseignement auprès des étudiants de 1er, 2e et 3e années, indiquaient les signataires du mémoire.Aujourd’hui, bien que les universités se vantent de pouvoir compter sur des enseignants motivés, passionnés et bien formés, le manque d’intérêt des médecins de famille pour l’enseignement au Québec semble être une réalité, même si le projet de loi 20, adopté en 2015, a été mis en «veilleuse».

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