Recherches montréalaises: Une nouvelle génération de biobanques pour combattre les cancers résistants et métastatiques

Des chercheurs du Centre du cancer Segal de l'Hôpital général juif de Montréal travaillent actuellement avec des collègues du Consortium de recherche en oncologie clinique du Québec (Q-CROC) à l’élaboration de nouveaux protocoles cliniques permettant de prendre des biopsies de tumeurs malignes à différents stades de leur croissance.Cet axe de recherche est fort important pour lutter contre les cancers métastatiques et résistants aux médicaments.«La triste réalité, c'est que les tumeurs solides métastatiques ne peuvent presque jamais être guéries parce qu'elles deviennent progressivement résistantes aux pharmacothérapies en série. Il semble n'y avoir aucun signe laissant entrevoir un moyen de surmonter ce problème en clinique», écrit le Dr Mark Basik, oncologue au Centre du cancer Segal, dans la dernière édition de la revue Nature Reviews Clinical Oncology.«De toute évidence, ajoute le Dr Basik, le temps est maintenant venu de concentrer notre attention sur l'analyse moléculaire de tumeurs récurrentes, métastatiques et pharmacorésistantes.»L'avènement de la médecine personnalisée a permis de démontrer que les cellules cancéreuses mutent de différentes façons et d'une manière imprévisible pour survivre face aux traitements déployés contre elles. À mesure que cette lutte se poursuit, les médicaments perdent progressivement leur efficacité et les patients finissent par succomber à la maladie.BiobanquesDe vastes progrès dans la technologie analytique et la conception accélérée de médicaments, ainsi qu'une compréhension croissante de l'hétérogénéité des tumeurs ont abouti à la création de biobanques novatrices. Celles-ci permettent des biopsies en série pour assurer la surveillance des changements dans les caractéristiques du cancer métastatique au fil du temps.Cette nouvelle génération de biobanques permettra aux chercheurs d'étudier et de voir comment la constitution génétique des cellules cancéreuses évolue au fil du temps et conduit à la pharmacorésistance. Elle aidera aussi les médecins à prescrire une série de traitements ciblant les fondations moléculaires du cancer d'un patient et à les ajuster selon les changements dans la constitution génétique de la maladie.Etudes multicentriquesDepuis qu’on a pris conscience que chaque cancer peut évoluer différemment, la demande pour des études multicentriques est en croissance. Celles-ci permettent une analyse comparative sur un plus grand nombre d'échantillons de tumeurs, ce qui augmente les données disponibles pour découvrir le traitement susceptible d'être le plus efficace pour chaque patient.Dans un article publié dans la dernière édition de Modern Pathology, le Dr Batist, du Centre du cancer Segal, et ses collègues proposent un protocole standardisé pour pratiquer une biopsie au trocart pour un cancer du foie.«C'est un processus complexe qui exige une analyse détaillée du déroulement du travail dans différentes disciplines afin de s'assurer de la qualité et de l'utilisabilité des échantillons du patient», indique le Dr Batist.Il est toutefois clair, pour des spécialistes comme lui, que la prochaine génération de bioéchantillons représente l'avenir de la recherche et des traitements contre le cancer au cours de la prochaine décennie.Le Centre du cancer Segal s'apprête à faire un pas de géant l’an prochain, avec l'ouverture de son centre de pathologie moléculaire qui deviendra l'installation de base pour recueillir, analyser et conserver les échantillons de tissus malins. Sa capacité à effectuer des analyses génétiques des tumeurs sera considérablement améliorée avec ces nouvelles installations.

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