Rapport de cas: ouvrir l’œil, et le bon!

Il m’arrive parfois, dans notre clinique sans rendez-vous, de recevoir un patient qui a déjà été diagnostiqué (et souvent traité), mais qui n’est pas satisfait et aimerait avoir un deuxième, voire un troisième avis, ou plus. J’ai récemment été consultée par une femme agréable - mais désemparée - de 83 ans, à la peau claire, pour une éruption cutanée sous et autour de ses yeux. Celle-ci avait commencé un mois auparavant, en l’espace de quelques jours. La patiente n’avait jamais eu d’éruption cutanée similaire (ou autre) auparavant. La dermatite érythémateuse foncée, qui provoque des démangeaisons intenses, s’est aggravée et n’a pas satisfait aux évaluations médicales ni répondu aux thérapies. La patiente n’était pas malade, elle était globalement en bonne santé et n’avait pas d’allergies connues. Elle prenait du Diltiazem et de l’Olmetec Plus pour contrôler sa tension artérielle et n’avait pas changé de médicament depuis des années. Lorsque l’éruption périorbitaire est apparue, elle a été examinée trois fois en urgence et une fois (par téléphone) par son médecin de famille. Dans un premier temps, elle s’est vu prescrire de l’Amoxil. Aucun effet, mais je n’avais pas l’impression qu’il s’agissait d’une infection. Ensuite, on lui a prescrit une crème à base d’hydrocortisone, sans aucun soulagement. Elle a essayé de son propre chef le Claritin et le collyre lubrifiant en raison des démangeaisons qui l’empêchaient de dormir, mais sans résultat. Plus récemment, son médecin de famille lui a prescrit (après une consultation téléphonique) cinq jours de Prednisone à raison de 50 mg par jour, ce qui lui a procuré un léger soulagement, mais temporaire. Lorsque la patiente a été reçue à notre clinique, l’éruption cutanée était apparente. Sa vision n’était pas affectée, la dermatite ne touchant que les tissus mous périorbitaires. Une fois de plus, ce cas m’a rappelé l’importance de l’anamnèse dans le diagnostic. La patiente n’a signalé aucun changement dans son environnement, aucun voyage, aucun animal de compagnie et aucun contact avec quoi que ce soit de nouveau avant l’éruption. Cependant, lorsque j’ai posé des questions sur son acuité visuelle, elle a mentionné avec désinvolture que son glaucome était bien contrôlé, puisqu’elle venait de commencer à prendre des gouttes de Timolol un mois auparavant et qu’elle les utilisait tous les jours depuis. Aucun médecin n’avait posé de questions sur ces gouttes ophtalmiques, puisqu’aucun n’avait été informé de leur existence. Lire aussi: Alopécie et éruption cutanée sur le cuir chevelu (rapport de cas) Le diagnostic est devenu plus facile. Je pense que la patiente souffrait d’une réaction allergique à son nouveau collyre. J’ai suggéré d’appeler son ophtalmologiste pour qu’il lui propose une thérapie alternative pour son glaucome, d’arrêter ses gouttes actuelles, d’utiliser des compresses d’eau fraîche et de prendre du Rupall. Pas d’autre traitement topique. Il m’a semblé étrange que la patiente n’ait pas mentionné l’utilisation de gouttes médicamenteuses pour ses yeux aux plusieurs médecins qu’elle avait consultés. Je suppose qu’elle considérait les collyres prescrits comme «inoffensifs». Cela m’a fait mesurer l’importance d’une investigation approfondie de tous les contacts possibles avec la peau ayant pu développer une éruption soudaine et récente.

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