Rapport CompasRx: les médicaments onéreux pèsent lourd dans la balance

Après une hausse de 5,3% en 2020‑2021, les coûts des médicaments d’ordonnance remboursés par les régimes publics d’assurance médicaments canadiens, hors Québec, ont à nouveau connu une augmentation significative de 6,8% en 2021‑2022, pour des dépenses totales de 13,2 milliards de dollars. Cette croissance est «plus rapide que la variation annuelle de 3% de l’indice des prix à la consommation (IPC) dans le domaine de la santé et des soins personnels», souligne la dernière édition du rapport CompasRx, publié par le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB).Depuis 2016-2017, les dépenses publiques en médicaments d’ordonnance ont ainsi augmenté de 3,1 milliards de dollars, atteignant un taux de croissance annuel de 4,9%.Les coûts des médicaments à proprement parler, qui représentent 10,9 milliards de dollars sur le total de 13,2 milliards de dollars (soit 83%) ont crû de 8,4% entre 2020-2021 et 2021-2022. Les coûts d’exécution de ces 290 millions d’ordonnances délivrées à près de 6,2 millions de bénéficiaires, qui représentent les 17% restants des dépenses, ont quant à eux augmenté de 0,1% (ou 1,7 million de dollars).En 2021‑2022, 7,5% des bénéficiaires des régimes publics d’assurance médicaments ont compté pour plus de 60% des coûts totaux des médicaments.«La hausse générale des dépenses est principalement attribuable à une augmentation marquée de l’utilisation de médicaments plus récents et plus onéreux», mentionne le rapport du CEPMB. Ces traitements dont le coût annuel dépasse les 10 000$ sont à eux seuls responsables de plus du tiers des sommes remboursées, et leur utilisation accrue a entraîné une poussée à la hausse de 8,1% sur les coûts. À l’inverse, le recours à des médicaments génériques ou biosimilaires à la place des molécules de marque a réduit les coûts globaux de 1,7%. Il s’agit de la plus forte réduction depuis l’année 2018-2019.Dans le détail, le nombre de médicaments dits «onéreux» a fortement augmenté, passant de 103 à 144 au fil des cinq années étudiées. En 2016‑2017, ces traitements pour des maladies rares représentaient 27,9% des coûts globaux rapportés dans le Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), la base de données exploitée par le CEPMB. En 2021‑2022, ils ont compté pour 36,8% des coûts, tout en ne représentant qu’un très faible pourcentage des bénéficiaires actifs (3,0%). «L’augmentation la plus marquée s’est produite dans la catégorie des médicaments dont les coûts sont les plus élevés – 50 000$ et plus», signale le rapport CompasRx.Les médicaments biologiques pèsent également lourd dans la balance, constituant année après année une fraction croissante des remboursements des régimes publics. En 2021‑2022, leur part de marché ayant augmenté de 12,6%, ils ont représenté 31,6% des dépenses, soit 3,4 milliards de dollars. Les quatre principaux médicaments biologiques — aflibercept (EyleaMC), adalimumab (HumiraMC et biosimilaires), infliximab (RemicadeMC et biosimilaires) et sémaglutide (OzempicMC) — équivalaient à 12,7 % des coûts totaux des médicaments du SNIUMP.Le CEPMB met les «pleins feux» sur les antidiabétiquesS’agissant de l’Ozempic, qui fait tant parler pour ses vertus amaigrissantes, le rapport du CEPMB souligne que son utilisation n’a «cessé d’augmenter considérablement», l’antidiabétique figurant «en tête de la liste des médicaments à grande incidence» depuis son introduction sur le marché canadien en 2018. Alors que 40 576 bénéficiaires des régimes publics l’utilisaient en 2019‑2020, ils étaient 139 397 en 2021‑2022, soit une augmentation correspondante des remboursements de 221 millions de dollars (M$). Résultat: en 2021-2022, l’Ozempic «a contribué à lui seul à hauteur de 1,2% à la croissance de 8,4% (des dépenses) des régimes publics d’assurance médicaments».À lire aussi: Déprescription: comment faire passer la pilule au patient?Plus généralement, le CEPMB observe que l’introduction de nouveaux antidiabétiques — les analogues du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4) et les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2 (SGLT2) — a fait bondir les dépenses des régimes publics. Celles-ci sont passées de 193 M$ en 2016‑2017 à 701 M$ en 2021‑2022, soit une croissance annuelle de 30%. «Puisque la prévalence du diabète devrait augmenter dans les années à venir et que la concurrence des génériques pour les médicaments de nouvelle génération non insuliniques ne se fera pas avant quelques années, l’incidence sur les coûts de ces médicaments devrait se poursuivre», anticipent les experts du Conseil.Impact relatif des génériques et des biosimilairesPromu par les régimes publics, le remplacement des médicaments de marque par des médicaments génériques ou biosimilaires a réduit les dépenses de remboursement de 1,7% en 2021‑2022, ce qui a engendré des économies de 171 M$. Les trois génériques ayant le plus contribué à l’effet «substitution» — deux immunosuppresseurs (lénalidomide et pirfénidone) et un médicament agissant sur la structure osseuse et sur la minéralisation (acide risédronique) — «n’ont permis de réaliser que des économies de -0,4%», indique le rapport. Les biosimilaires sont pour leur part à l’origine de plus de la moitié des économies réalisées. Ce sont les biosimilaires de trois immunosuppresseurs qui ont le plus réduit les coûts: -0,4% pour l’adalimumab (en remplacement d’AmgevitaMC, HadlimaMC, HulioMC, Hyrimoz MC et IdacioMC); -0,3 % pour l’infliximab (en remplacement d’AvsolaMC, InflectraMC et RenflexisMC); et -0,1 % pour l’étanercept (en remplacement de BrenzysMC et ErelziMC).

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