Rabais interdits, pubs trompeuses, médicaments périmés: un pharmacien écope de 32 000$ d’amendes

Certains n’apprennent pas de leurs erreurs. D’autres les reproduisent sciemment. Malek Subai semble appartenir à ces deux catégories. Visité à plusieurs reprises entre 2017 et 2021 par les enquêteurs du syndic de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), le propriétaire de la pharmacie Multi-Soins, située à Laval, n’a rien fait pour corriger les infractions constatées alors même qu’il était en situation de récidive pour plusieurs d’entre elles. Reconnu coupable des neuf chefs d’inculpation dont il devait répondre, le Conseil de discipline de l’OPQ vient de lui imposer une réprimande et huit amendes d’un montant total de 32 000$. Ses pairs ont jugé que leur confrère — un pharmacien expérimenté, inscrit au tableau de l’Ordre depuis 2006 — a posé des gestes «sérieux et préoccupants quant aux risques de préjudice qu’ils sont susceptibles de représenter pour ses patients et le public en général. (…) Une telle conduite de la part de l’intimé nuit à l’image et à la crédibilité de la profession de pharmacien. Elle mine aussi la confiance du public à l’endroit de cette profession». La pluralité des infractions reprochées à Malek Subai, qui «se sont produites sur une période prolongée», souligne le Conseil, sont de différentes natures. Les premières relèvent de la gestion des médicaments. Le pharmacien conservait par exemple des médicaments dans un autre contenant que celui d’origine, sans y apposer l’étiquetage approprié. Celui-ci doit mentionner la marque et la concentration du remède, son numéro de lot et sa date de péremption, conformément à l’article 2 du Règlement sur la tenue des pharmacies. À trois reprises, les enquêteurs du syndic ont relevé que des médicaments périmés étaient entreposés avec des médicaments valides, ce qui peut faciliter les erreurs et contrevient à l’article 9 du même Règlement, qui stipule que les produits expirés doivent être conservés distinctement avant d’être détruits. Ils ont également remarqué que le professionnel vendait à même sa pharmacie des chocolats et des détergents, ce qui est interdit par l’article 1. Ce dernier manquement provient vraisemblablement d’un aménagement inadéquat de son officine, une infraction pour laquelle il avait déjà été sanctionné en 2019. Cette fois-ci, les enquêteurs ont noté que les murs censés séparer la zone commerciale de l’espace pharmacie n’étaient pas conformes aux exigences réglementaires, que l’identification de la section laboratoire était insuffisante et que l’aire de confidentialité était mal aménagée. Pour sa défense, Malek Subai a plaidé qu’il a mal compris les exigences de l’Ordre lorsqu’il a effectué des travaux pour corriger les omissions qui lui avaient été reprochées trois ans plus tôt. Publicité trompeuse Les autres infractions sanctionnées par le Conseil concernent les méthodes commerciales du pharmacien. Il lui est reproché d’avoir privilégié son intérêt personnel au détriment de celui de ses patients en faisant la promotion de médicaments et d’autres produits périmés ou sur le point de l’être, sans en aviser le public. Selon ses pairs, le pharmacien a aussi encouragé la consommation de médicaments en offrant des rabais sur des médicaments en vente libre; rabais qui étaient annoncés sans équivoque dans sa pharmacie et dans ses circulaires, les prix en solde et les tarifs réguliers étant clairement affichés. Deux procédés qui contreviennent aux articles 44 et 98 du Code de déontologie des pharmaciens. Lire aussi: Une pharmacienne doublement sanctionnée pour des erreurs «de base» Le professionnel a par ailleurs diffusé des publicités jugées «fausses, trompeuses ou susceptibles d’induire le public en erreur», ce qui est interdit par l’article 94 du Code. Celles-ci indiquaient «Nous renouvelons les ordonnances des autres pharmacies», en omettant de signaler les restrictions pouvant s’appliquer dans un tel cas. De plus, Malek Subai a fait un usage inapproprié du logo de l’OPQ dans ses différentes publicités qui, selon l’article 106 du Code, ne peut être reproduit par un pharmacien que sur des supports précis. À savoir: sur sa correspondance; sur sa carte d’affaires; sur une affiche annonçant sa pharmacie; sur une étiquette identifiant un médicament; ou sur un reçu émis suite à l’exécution d’une ordonnance. L’intéressé a plaidé coupable, mais cette fois-ci, il n’a pas pu arguer de sa bonne foi. En 2019, il a déjà été sanctionné pour non-respect des articles 94, 98 et 106 du Code.

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