Qu’est-ce qu’un «bon» médecin de famille?

Compétences médicales, relationnel avec les patients, capacité d’écoute et d’empathie, perspicacité, disponibilité, ponctualité… Quelles sont les qualités requises pour être un «bon» médecin de famille? D’après le dictionnaire Le Robert, «bon» signifie «qui fait bien son travail; tient bien son rôle». Mais être «bon» quand on est omnipraticien se rapporte-t-il aux connaissances, aux résultats obtenus, à la relation clinicien-patient?Deux Françaises (Léa Guirado et Pénélope Dupont-Bourgoin), jeunes médecins généralistes, abordent la question dans la thèse qu’elles ont soutenue fin mars à la Faculté de médecine de Grenoble. Dans un contexte similaire à celui du Québec — «difficultés croissantes d’accès au système de santé», «nombre de médecins généralistes en diminution de 8% depuis 2010» alors qu’ils ont été «replacés au centre du parcours de soins» et subissent de facto «la pression de la demande de soins» —, les deux étudiantes ont mené une étude qualitative en conduisant des entretiens semi-dirigés auprès d’une vingtaine de patients âgés de 19 à 84 ans. L’objectif: définir les qualités qu’ils attendent d’un «bon» médecin de famille.«Selon notre interprétation des résultats, il y avait des prérequis pour être un bon médecin, des stratégies et des procédés pour le rester ou le devenir, et des missions qu’il avait le devoir d’accomplir», écrivent les deux finissantes qui ont identifié 43 qualités qui définissent un «bon» médecin. «Certaines se sont distinguées par leur importance lors de notre analyse», soulignent-elles.Ainsi un bon médecin de famille sait: «construire une relation de confiance», «être compétent», «être disponible», «représenter sa profession», «s’investir», «s’adapter», «être à l’écoute», «expliquer», «être un allié», «guider», «rassurer», «donner une réponse», «être le soignant référent». Les deux jeunes médecins ont notamment découvert de nouvelles qualités, qu’elles n’ont pas retrouvées dans la littérature existante: «prendre au sérieux», «déculpabiliser», «valoriser» et «gérer les erreurs». «Elles suggèrent l’apparition de nouvelles attentes des patients envers les médecins généralistes», peut-on lire dans leur thèse.Confiance, compétence et disponibilitéDans le détail, la relation de confiance est primordiale. Celle-ci «était parfois tellement forte qu’elle entraînait un a priori négatif et une méfiance à l’idée même de voir un autre médecin», notent les Dres Guirado et Dupont-Bourgoin qui soulignent aussi que «le fait de connaître son patient donnait au médecin généraliste un statut de “proche”». L’empathie était considérée comme clef dans la relation de soin, les patients demandant à leur médecin traitant de faire preuve d’humanité et de bienveillance. Sans surprise, la compétence clinique était une évidence aux yeux des patients. Cela consistait à: «avoir des connaissances fiables», «être compétent dans plusieurs domaines», «savoir-faire des gestes techniques», «questionner pertinemment», «faire preuve de perspicacité pour comprendre le motif de consultation (et) ne pas faire d’erreurs», mais aussi «connaître ses limites». Lire aussi: Pourquoi la médecine de famille est en train de s’effondrer au CanadaLa disponibilité était par ailleurs une nécessité. Celle-ci peut se matérialiser par un secrétariat accessible, la présence sur une plateforme de rendez-vous en ligne, des créneaux d’urgence, être joignable, savoir s’organiser pour ne pas avoir trop de retard, proposer des téléconsultations et travailler suffisamment.Au niveau de la communication, les patients apprécient un médecin qui a du tact pour aborder les sujets sensibles et qui sait les mettre à l’aise en maniant l’humour, par son attitude chaleureuse, ou avec le sourire. «Mettre à l’aise le patient lui permet de libérer sa parole, de se sentir libre de reconsulter et donc d’être mieux soigné», signalent les deux médecins qui égrènent au fil de leur thèse de nombreuses autres attitudes et habiletés plébiscitées par les patients. Au final, elles estiment qu’«il n’y a pas de cahier des charges d’un médecin “idéal” qui correspondrait aux attentes de tout patient, mais plutôt des aptitudes à avoir et une grande faculté à s’adapter».À vous de débattreQuelles sont les qualités essentielles de tout bon médecin? Les compétences cliniques sont-elles suffisantes ou les prédispositions humaines sont-elles tout aussi importantes? Sur quels critères jugez-vous vos pairs? Et comment pensez-vous que vos patients vous jugent? Exprimez-vous en commentaires.

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