Quels sont les antidépresseurs de première intention qui font le plus grossir?

La prise de poids est un effet secondaire courant des antidépresseurs. Elle peut avoir des effets néfastes à long terme sur la santé métabolique des patients et conduire certains d’entre eux à arrêter le traitement qui leur a été prescrit. Bien que les antidépresseurs soient globalement associés à une prise de poids, les données sur les variations comparatives de poids pour certains traitements de première intention étaient jusque-là limitées 1 & 2.Pour combler cette lacune, des chercheurs américains ont comparé les variations de poids entre les traitements antidépresseurs de première intention les plus courants en imitant un essai randomisé (c’est-à-dire en concevant un essai idéal, hypothétique, et en alignant les données pour qu’elles correspondent le plus possible à celles de cet essai). Cette étude de cohorte observationnelle a utilisé les informations contenues dans les dossiers médicaux électroniques de huit réseaux de santé américains de 2010 à 2019 1.Les chercheurs ont obtenu des données de prescription pour 183 118 adultes qui étaient de nouveaux utilisateurs de sertraline, de citalopram, d’escitalopram, de fluoxétine, de paroxétine, de bupropion, de duloxétine ou de venlafaxine. Ils ont estimé les effets de l’introduction de chaque traitement, par rapport à la sertraline, sur le changement de poids moyen (critère d’évaluation principal) et la probabilité de prendre au moins 5% du poids initial (critère d’évaluation secondaire) six mois après l’introduction du traitement 1. Les auteurs ont utilisé une pondération par probabilité inverse pour tenir compte des facteurs de confusion de base. Les effets de l’initiation et de l’adhésion à chaque protocole de traitement ont été estimés dans des analyses secondaires 1.Les résultatsLes traitements antidépresseurs les plus fréquemment initiés étaient la sertraline (n=37 351 [20%]), le citalopram (n=30 184 [16%]) et le bupropion (n=27 054 [15%]). La paroxétine (n=7 675 [4%]) est le médicament le moins répandu.Comparativement à la sertraline, le gain de poids estimé à six mois était plus élevé pour l’escitalopram (+ 0,41 kg [intervalle de confiance à 95%, + 0,31 à + 0,52 kg]), la paroxétine (+ 0,37 kg [IC à 95%, + 0,20 à + 0,54 kg]), la duloxétine (+ 0,34 kg [IC à 95%, + 0,22 à + 0,44 kg]), la venlafaxine (+ 0,17 kg [IC à 95%, + 0,03 à + 0,31 kg]) et le citalopram (+ 0,12 kg [IC à 95%, + 0,02 à + 0,23 kg]).Par rapport à la sertraline, la prise de poids estimée à six mois était similaire pour la fluoxétine (- 0,07 kg [IC à 95%, - 0,19 à - 0,04 kg]).Par rapport à la sertraline, la prise de poids estimée à six mois était plus faible pour le bupropion (- 0,22 kg [IC à 95%, - 0,33 à - 0,12 kg]).L’escitalopram, la paroxétine et la duloxétine ont été associés à un risque plus élevé (de 10 à 15%) de prendre au moins 5% du poids initial.Le bupropion était associé à un risque réduit (de 15%) de prendre au moins 5% du poids initial. Lorsque les effets de l’initiation et de l’observance ont été estimés, les associations de changement de poids étaient plus fortes, mais avaient des intervalles de confiance plus larges. L’observance à six mois variait de 28% (duloxétine) à 41% (bupropion).Les résultats des changements de poids à 12 et 24 mois ont été limités par les faibles taux d’observance, qui étaient de 16% à 21% à 12 mois, et de seulement 4% à 5% à 24 mois 1.Les chercheurs ont conclu que leur étude a révélé de faibles différences dans la variation moyenne du poids entre les huit antidépresseurs de première intention. Le bupropion a systématiquement montré la plus faible prise de poids, tandis que l’escitalopram, la paroxétine et la duloxétine ont montré le gain de poids le plus important. Les cliniciens pourraient envisager une éventuelle prise pondérale lors de l’instauration d’un traitement antidépresseur, en particulier pour les patients ayant des problèmes de poids et de santé métabolique 1.Lire aussi: Lignes directrices sur la prise en charge de la dépression chez l’adulte: êtes-vous à jour?«Bien qu’il y ait plusieurs raisons pour lesquelles les patients et leurs cliniciens choisissent un antidépresseur plutôt qu’un autre, la prise de poids est un effet secondaire important qui conduit souvent les patients à arrêter leur traitement», souligne l’auteur principal Jason Block, médecin interniste et professeur associé à la Harvard Medical School. «Notre étude a montré que certains antidépresseurs, comme le bupropion, sont associés à une prise de poids moins importante que d’autres. Les patients et leurs cliniciens pourraient considérer la prise de poids comme l’une des raisons de choisir le médicament qui répond le mieux à leurs besoins», ajoute-t-il dans un communiqué de presse accompagnant la publication des données de l’étude 2. Références:Petimar J, Young JG, Yu H, et coll. Medication-induced weight change across common antidepressant treatments: a target trial emulation study. Annal of Internal Medicine; publié en ligne le 2 juillet 2024. Harvard Pilgrim Health care Institute. Weight change across common antidepressant medications. Communiqué de presse du 1er juillet 2024.

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