Quelles sont les principales tendances en matière de médicaments prescrits?

Les médicaments et dispositifs pour le diabète constituent la catégorie de médicaments qui pèse le plus lourd, selon le Rapport 2024 sur les tendances et références canadiennes en matière de consommation de médicaments de Telus Santé. Ils représentent désormais 15,4% des dix catégories les plus importantes en matière de coûts admissibles en 2023 par rapport à l’année précédente, où ils occupaient déjà la première place du classement. La raison: l’augmentation du nombre de personnes atteintes de diabète de type 2, qui a presque quadruplé entre 2008 et 2023. Cela s'explique aussi par le fait que les nouvelles thérapies antidiabétiques sont plus chères qu’avant, avec un coût moyen souvent supérieur à 1000$ par an, et que les patients sont plus susceptibles de commencer un traitement comprenant plusieurs médicaments. «La proportion de patients commençant leur traitement avec des combinaisons de deux médicaments a presque doublé au cours des dernières années», commente Caroline Le Pottier, pharmacienne consultante pour TELUS Santé, dans le rapport. Les nouveaux dispositifs de traitement du diabète, comme les glucomètres flash et les moniteurs de glycémie en continu, coûtent également plus cher aux régimes d’assurance maladie que les moniteurs de première génération. Au final, le montant annuel moyen admissible par demandeur pour le diabète est passé de 661$ en 2008 à 1574$ en 2023.À lire aussi: L'État québécois a remboursé à ce jour plus de 280 millions $ pour l'OzempicLe sémaglutide, un médicament à succès prescrit pour le diabète de type 2 et utilisé pour la gestion du poids, participe à l'augmentation du prix des traitements contre le diabète. Les médicaments contre les maladies inflammatoires arrivent en deuxième position, et représentent une part de 11,2%. Ils ont occupé la première place pendant plus d'une décennie, malgré le fait qu'ils ne soient pris que par 1% des réclamants. Selon Vicky Lee, pharmacienne consultante pour TELUS Santé, cette baisse est principalement due au fait que les patients optent davantage pour des biosimilaires. «C'est un fait remarquable, tant pour les résultats de santé des patients que pour l'impact sur les régimes privés d'assurance médicaments», analyse-t-elle. Viennent ensuite les médicaments pour les affections cutanées, qui représentaient 7,9% du montant admissible en 2023.Le TDAH poursuit sa progression, la dépression reculeLes médicaments pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont de leur côté passés au quatrième rang des médicaments les plus courants (5,8%), dépassant à la fois l'asthme et la dépression, et poursuivant leur ascension d’une année sur l'autre. Là encore, l'augmentation du nombre de demandeurs explique ce phénomène, tout comme la sensibilisation au TDAH chez l'adulte, l'élargissement des critères de diagnostic au cours de la dernière décennie et les pressions induites par la pandémie. Enfin, la dépression occupe la cinquième place avec 5,5%, un demandeur sur cinq prenant un antidépresseur à la fin 2023. Les médicaments pour deux affections courantes, l'asthme et l'hypertension artérielle, et trois problèmes plus rares, le cancer, la sclérose en plaques et la fibrose kystique, complètent le top 10. Les progrès médicaux ont contribué à maintenir le rang de ces trois derniers. En oncologie, de plus en plus de médicaments sont couverts par les régimes privés d'assurance-médicaments sous leur forme orale et ne sont plus administrés par les hôpitaux. Le Trikafta, un nouveau traitement contre la fibrose kystique mis sur le marché en 2021, a fait augmenter les prix dans cette catégorie: il peut traiter jusqu’à 9 patients sur 10, et son montant moyen admissible est de 163 000$ par an. À lire aussi: Rapport CompasRx: les médicaments onéreux pèsent lourd dans la balanceLa liste des 10 premiers médicaments peut se diviser en deux: d’un côté, les médicaments à faible coût et à volume élevé; de l’autre les médicaments à coût élevé et à faible volume. «Cette liste illustre parfaitement la manière dont le développement des médicaments évolue dans des directions opposées, tout en étant aussi importantes l'une que l'autre en termes d'impact sur les dépenses globales des payeurs privés», analyse Caroline Le Pottier. Les médicaments destinés à la gestion du poids ne figuraient pas dans le top 10, mais Telus Santé souligne leur probable croissance future. Le très attendu Wegovy, tout comme la probable mise sur le marché de Zepbound l'an prochain, participeront à cet essor, prédit Vicky Lee.TraitementRangPourcentage du montant total admissibleDiabète115,4%Maladies inflammatoires211,2%Affections cutanées37,9%TDAH45,8%Dépression55,5%Asthme65%Cancer73,6%Sclérose en plaques82,7%Fibrose kystique92,6%Hypertension artérielle102,5%TOTAL 62,2%Source : TELUS SantéLa substitution par des biosimilaires réduit la factureLe pourcentage des montants admissibles provenant des médicaments de spécialité a augmenté de façon spectaculaire au cours des 16 dernières années, passant de 10,5% en 2008 à 31,2% en 2023, tout en concernant moins de 2% des demandeurs. Mais leur croissance ralentit: elle a baissé pour la première fois en 2022 et est restée stable en 2023. Vicky Lee attribue la baisse des prix aux changements de politique en faveur des biosimilaires, qui, selon elle, «ont clairement un impact». Elle a ajouté que «les économies vont se poursuivre pendant un certain temps, car de plus en plus de régimes ont recours aux biosimilaires et de plus en plus de médicaments biologiques de référence ne sont plus sous brevet».Dans l'ensemble, les médicaments génériques ont représenté 67,5% des médicaments couverts par les régimes privés d'assurance-médicaments en 2023. Les milléniaux dépassent les baby-boomersPlus de la moitié (58,7%) des assurés ont fait au moins une demande de remboursement en 2023. Le montant annuel moyen admissible par demandeur a augmenté pour toutes les tranches d’âge entre 2008 et 2023. La part des réclamants âgés de moins de 18 ans a augmenté de 205$ à 468$; celle des 20 à 44 ans a doublé, passant de 422$ à 845$; enfin, celle des 45 à 64 ans a aussi augmenté de 987$ à 1424$. À lire aussi: Les médicaments nouvellement remboursés par la RAMQProportionnellement, les moins de 19 ans représentent désormais une part plus importante du montant total admissible, soit 9,9% (contre 8% en 2008), tandis que les 20 à 44 ans représentent 34,4% (contre 29,5%) et que le montant pour les 45 à 64 ans a diminué, passant de 62,4% à 55,7%. L'âge moyen des assurés n'a pas beaucoup varié entre 2008 (où il était de 41 ans) et 2023 (où il est de 42 ans). Mais les personnes qui composent ces groupes ont changé. En 2008, les baby-boomers représentaient la majeure partie de la main-d'œuvre, puisqu'ils avaient entre 43 et 62 ans. En 2023, les milléniaux, qui ont aujourd'hui entre 27 et 42 ans, constituent la plus grande cohorte en âge de travailler.

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