Quel avenir en première ligne pour les pharmaciens?

Lors du Congrès Première ligne en santé qui s’est tenu au Palais des Congrès de Montréal le 27 et 28 avril derniers, des experts ont échangé sur la place du pharmacien en première ligne dans un panel modéré par Jean Thiffault, vice-président finances et affaires professionnelles, chez Pharmaprix. «Je pense qu’avec un peu de recul, nous allons réaliser que la pandémie n’aura pas juste eu du mauvais. On a réalisé que les médecins ne pouvaient pas être les seuls intervenants», a rapporté Dominique Perron, conseiller en organisation des services de première ligne au ministère de la Santé et des Services sociaux. Selon Benoit Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), l'après-COVID n’est pas de tout repos car les pharmaciens communautaires sont encore en train de développer leur autonomie. «Avec toutes les nouvelles activités qui sont arrivées pendant la pandémie, nous sommes encore en train de construire et de bâtir notre propre confiance envers elles», a-t-il affirmé. Les pharmaciens sont toutefois de plus en plus à l’aise de poser des actes qui découlent des nouvelles activités, remarque Élyse Desmeules, directrice principale des services professionnels de Pharmaprix. «Si on élimine tout ce qui est relié à la COVID-19, entre 2019 et 2022, les pharmaciens ont offert trois fois plus de services à la population, a-t-elle partagé. C’est très beau de voir cela.» Une collaboration sans compétition Selon Benoit Morin, la collaboration permettrait de limiter le sentiment de compétition qui peut sembler être présent chez les pharmaciens. «On ne parle jamais de compétition au niveau des services avec les médecins, mais entre pharmaciens, oui, la minute où une pharmacie offre un service que l’autre n’offre pas. Il ne faut pas penser comme cela», a-t-il rapporté. «Il faut penser à développer les services et amener les professionnels à ne pas se faire compétition, mais plutôt à se développer. Avec le développement professionnel des pharmaciens, toute la population du Québec va être de mieux en mieux desservie», a-t-il ajouté en précisant qu’il n’y a aucun problème d’accessibilité dans les pharmacies de la province. À l'avenir, Dominique Perron souhaite aussi qu’il y ait plus de collaboration entre les professionnels. «Il faut continuer cette approche populationnelle. La pharmacie communautaire doit être la porte d’entrée de la première ligne et prendre une place prépondérante», croit-il. Benoit Morin abonde dans le même sens. «Avec le Projet Santé qui arrive, nous avons un momentum. Tout le monde est prêt à collaborer et il faut profiter de cette opportunité-là pour aller encore plus loin.» L’exemple de l’Alberta Pour pallier le manque d’accès aux médecins de famille, l’Alberta a mis sur pied en 2022 sa première clinique de première ligne dirigée par des pharmaciens pour les problèmes de santé mineurs. Aujourd’hui, il y en a six dans la province. À lire aussi: Alberta: ouverture de la première clinique menée par des pharmaciens «Nous avons appris beaucoup de ces cliniques. C’est plus facile de voir un patient en consultation dans ce contexte que dans une pharmacie bruyante», a partagé Haley Van De Walle, directrice, spécialiste en services pharmaceutiques chez Shoppers Drug Mart. Les pharmaciens du Québec pourraient-ils avoir une pratique plus autonome? «Ce ne serait pas de la science-fiction de voir davantage de services autonomes de pharmaciens pour dépister ou initier certains traitements. Ce sont des modèles qui pourraient être très porteurs pour l’avenir», croit Élyse Desmeules.

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