Quatre panélistes rêvent à une profession qui soit meilleure

En plus du président du Collège des médecins du Québec, le Dr Gaudreault, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, le doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval, le Dr Julien Poitras, et le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Bertrand Bolduc, ont participé à ce panel. Pour le Dr Mauril Gaudreault, deux qualités devront primer dans les années à venir chez les médecins: l’empathie et l’écoute. «La science sera toujours au cœur du rôle du médecin, mais dans l’avenir, il faudra surtout plus d’empathie. Le médecin de l’avenir devra passer plus de temps à regarder son patient que son écran d’ordinateur», a-t-il affirmé lors d’un événement organisé par l’Association médicale canadienne. Pour être empathique avec son patient, le médecin devra d’abord être à l’écoute de celui-ci. «Il ne faudra pas juste l’entendre. Il faudra plutôt comprendre les attentes de son patient, ses idées et ses inquiétudes», poursuit le Dr Gaudreault. De son côté, le Dr Julien Poitras est d’avis que les relations humaines occuperont une place importante dans la médecine de demain. Selon lui, «ce qui va nous distinguer de l’intelligence artificielle et nous permettre de ne pas nous faire remplacer par elle, c’est notre humanité». Réduire le surtraitement Tout comme le Dr Gaudreault, le Dr Poitras estime que le médecin devra prendre le temps de connaître le patient. «Plutôt que de prescrire et d’investiguer sur le pilote automatique, il faudra prendre le temps de discuter et d’ajuster le traitement en fonction de la personne qui est devant nous.» Mieux personnaliser le traitement permettra de réduire le surdiagnostic et le surtraitement, de véritables fléaux dans le secteur de la santé. Le doyen estime que 30% des examens et des traitements sont non pertinents. «En plus de coûter cher au réseau de la santé, cela peut rendre les patients anxieux, leur occasionner des effets indésirables lors des investigations et même les tuer.» L’utilisation excessive des équipements médicaux a aussi des effets sur l’environnement. En effet, 5% des émissions de gaz à effet de serre au Canada sont causées par le système de santé. Des médecins responsables socialement Les Drs Gaudreault et Poitras avancent que le médecin de l’avenir sera socialement responsable et engagé envers sa communauté. «Il aura le courage de dénoncer des situations qui briment le public et qui mettent la santé de sa communauté en danger au-delà des intérêts économiques et politiques. Comme dans le cas des rejets de contaminants d’une fonderie, a commenté le président du CMQ. Les médecins ne peuvent pas nier les impacts des déterminants sociaux comme les changements climatiques et la pauvreté sur la santé des patients.» À son université, le Dr Poitras constate que les étudiants ont à cœur la responsabilité écologique et planétaire. «Toutefois, en plus d’être un professionnel responsable, le médecin doit être un modèle de santé. Il doit s’occuper de sa propre santé physique et mentale.» Recentrer la pratique des médecins Pour le Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ, le médecin de demain devra centrer sa pratique sur les besoins des patients. «Lors de la consultation médicale, est-ce que le questionnaire et la note médicale doivent être absolument remplis par le médecin? Le plan de traitement et l’examen physique doivent être effectués par le médecin. Mais est-ce qu’il doit expliquer le plan de traitement au patient? La pratique du médecin devrait se limiter à son expertise.» Selon lui, le médecin ne devrait plus perdre son temps à signer des formulaires exigés par des compagnies d’assurance afin de couvrir des soins de physiothérapie, de psychothérapie ou de massothérapie. «Les jeunes qui commencent en médecine me disent qu’ils sont déçus puisque de 20 à 25% de lors travail, c’est de la paperasse et des appels.» Par ailleurs, le Dr Amyot rêve que la technologie facilite la pratique des professionnels de la santé dans les prochaines années. «Je ne comprends pas qu’en 2023, nous n’ayons pas une intelligence artificielle (IA) pour faire le triage automatique des patients et les orienter vers la bonne ressource et une IA pour aider les médecins à poser le bon diagnostic.» Fini la pharmacie «fast-food» Du côté de la pharmacie, le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Bertrand Bolduc, affirme qu’il faudra mettre un terme à la pharmacie «fast-food». «Les gens s’attendent à être servis rapidement et que ça leur coûte zéro dollar. Vous allez à Punta Cana et avez besoin d'un médicament pour réduire le risque de la diarrhée du voyageur? Ne venez pas la veille du voyage! Vous voulez faire renouveler vos médicaments? Appelez 24 à 48 heures avant», affirme-t-il. Selon lui, l’avenir de la pharmacie, comme celui de la médecine, passe par une relation étroite avec le patient. «Nous avons eu peur d’Amazon, mais nous n’avons plus peur parce qu’au final ce qui est important c’est la relation avec les gens. Amazon a un million d’employés et personne ne réussit à leur parler.» La délégation et le travail à distance font également partie de l’avenir dans ce secteur d’activité. «La pharmacie du futur, ce sont de jeunes pharmaciens qui travaillent de la maison, qui font des téléconsultations, des suivis et de l’accompagnement en automédication.»

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