Projet de loi 81: « un changement radical fait de manière unilatérale », selon l’AQPP

L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) estime que la mise en place d’un système d’appel d’offres pour les médicaments n’est pas la bonne solution pour réduire la facture des Québécois pour leurs médicaments.Mardi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a déposé mardi le projet de loi 81, qui permettrait notamment de déterminer, sur la base du prix soumis par les fabricants, quelles versions d’un même médicament seraient inscrites à la Liste de médicaments du RGAM.Le président de l’AQPP, Jean Thiffault, affirme qu’un système d’appel d’offres aurait de nombreux effets négatifs. « Il y a des moyens d’agir sur le prix des médicaments, mais ce n’est pas le bon mécanisme. Il faudrait que le ministre agisse dans le cadre d’une révision de la Politique du médicament à laquelle seraient conviés les intervenants du milieu », souligne-t-il.Selon Jean Thiffault, le ministre « propose un changement radical, mais il le fait de manière unilatérale ». « L’AQPP lui a d’ailleurs déjà proposé d’autres moyens de réaliser d’importantes économies, notamment en agissant sur certaines habitudes de prescription et de consommation de médicaments ou en limitant l’accès à des médicaments trop onéreux. »Déplafonnement des allocations professionnellesJean Thiffault ne cache pas son inquiétude quant à l’impact que pourrait avoir l’adoption du projet de loi 81 sur les allocations professionnelles que reçoivent les pharmaciens propriétaires et dont le plafond imposé actuellement par l’État serait aboli.« Le ministre n’a pas indiqué ses intentions quant à l’ampleur qu’il entend donner au mécanisme d’appels d’offres qu’il veut mettre en place, explique Jean Thiffault. Cela concernerait-il un petit nombre de médicaments ou un grand nombre ? Il est cependant clair qu’un fabricant ne pourra pas verser d’allocations aux pharmaciens s’il doit être très agressif sur le prix de vente de ses médicaments. »Selon lui, le retard du ministre dans la présentation de son règlement supprimant le plafond des allocations professionnelles a déjà un impact économique concret pour les pharmaciens propriétaires, qui doivent verser une contribution financière spéciale à l’État depuis le mois de septembre.« Le monde pharmaceutique devra s'adapter »Profession Santé a demandé au cabinet du ministre de la Santé quelles étaient les économies qu’entend réaliser le gouvernement avec le projet de loi 81.« Bien que nous ayons des estimations assez justes, nous préférons ne pas statuer publiquement pour laisser le jeu de la concurrence s'exercer sans l'influencer », a répondu Joanne Beauvais, la porte-parole du ministre Gaétan Barrette.Quant à l’impact économique que pourrait avoir le projet de loi 81 sur les protagonistes du secteur du médicament, Joanne Beauvais a souligné que « le monde pharmaceutique devra, inévitablement, s'adapter à cette réalité ».Sur la révision de la Politique du médicament et l’annonce éventuelle d’autres mesures, la porte-parole du ministre indique que le gouvernement pourrait en effet poser « d’autres gestes, que nous annoncerons en temps opportun. »

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