Prix des génériques: Québec laisse en place un «système dysfonctionnel», estiment deux experts

En rejetant le processus d’appels d’offres sur les médicaments génériques, le gouvernement du Québec a accepté de laisser en place un «système dysfonctionnel» qui coûte au système de santé et aux patients beaucoup plus qu’il ne le devrait, déplorent les auteurs d’un texte publié sur le site healthydebate.ca.Selon Steve Morgan, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, et Nav Persaud, médecin au St. Michael’s Hospital et professeur adjoint à l’Université de Toronto, les prix des médicaments génériques pourraient baisser si les rabais étaient remplacés par des appels d’offres. «L’appel d’offres peut être un outil efficace pour promouvoir un prix vraiment compétitif des médicaments génériques», affirment les auteurs.Actuellement, les médicaments génériques se vendent entre 25 % et 75 % – voire 85% – moins cher que les médicaments d'origine. «Cela peut sembler une réduction importante, mais les réductions de prix même de 85 % ne sont pas nécessairement élevées pour le secteur pharmaceutique, où le coût de production peut être aussi faible que 1 % du prix des médicaments d'origine», indiquent MM. Morgan et Persaud.Au final, la décision du gouvernement profitera principalement aux grandes chaînes de pharmacies et aux sociétés de médicaments génériques, en particulier celles qui sont les premières au marché, estiment-ils.«Essentiellement, les pharmacies de détail exploitent un système d’enchères privé dans lequel les fabricants de produits génériques rivalisent avec des rabais dissimulés.»Ignorer l’entente du QuébecMM. Morgan et Persaud recommandent aux gouvernements du reste du Canada d’ignorer l’entente que le Québec a signé et de cesser d’essayer de marchander pour de meilleurs prix pour les génériques. «Ils devraient agir comme des systèmes de santé comparateurs et tout simplement mettre en concurrence les entreprises afin qu'elles offrent les meilleurs prix et approvisionnements aux Canadiens», écrivent ceux qui croient que le gouvernement québécois a reculé devant la menace de pertes de milliers d’emplois.Les deux professeurs affirment que les appels d’offres devraient commencer par les médicaments considérés par les experts comme des médicaments essentiels.«Si les gouvernements commencent par des appels d'offres sur au moins 50 versions génériques de médicaments essentiels, ils couvriraient les médicaments dont l'utilité est démontrée pour les patients et le système de santé.»Par ailleurs, ils soulignent qu’un processus d’appel d’offres bien conçu pour les médicaments génériques n’entraînera pas de pénuries, contrairement à ce que craignent des intervenants de l’industrie. Selon les auteurs, «l’appel d’offres peut garantir que les médicaments sont disponibles au Canada en incluant des garanties d’approvisionnement et des clauses de contingence dans les contrats d’approvisionnement».Moins cher ailleursPour étayer leurs propos, les auteurs donnent des exemples de deux pays et d'une organisation qui ont recours aux appels d'offres pour leur approvisionnement en médicaments génériques. Ils dressent une liste de 18 médicaments couverts par les plans de médicaments en Suède, en Nouvelle-Zélande et par l’Administration des anciens combattants des États-Unis, qui prouve que le prix est moins cher qu’au Canada (voir tableau).Cliquer sur le tableau pour l'afficher en plus grand Source: healthydebate.ca

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