Prévention des diarrhées liées à C. difficile : L’usage des probiotiques non recommandé par l’INESSS

Compte tenu de l’état actuel des connaissances, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) estime qu’il est prématuré d’offrir à tous les patients hospitalisés et sous antibiothérapie des probiotiques en prévention des diarrhées associées à la bactérie Clostridium difficile (DACD).Dans un avis publié cette semaine sur son site Web, l’INESSS statue que les preuves scientifiques sur les avantages des probiotiques en prévention des DACD sont insuffisantes pour en justifier leur utilisation.Ce constat émane du mandat d’analyse des données probantes confié par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ce dernier souhaitait ainsi évaluer la pertinence clinique d’une telle pratique.Grave problème de santéD’entrée de jeu, l’organisation souligne que les DACD « représentent un important problème de santé aux conséquences graves ». Les aînés et les personnes fragilisées par des conditions cliniques particulières sont les plus à risque de contracter cette bactérie.L’Amérique du Nord a connu, au début des années 2000, une hausse importante d’éclosions d’infections à C. difficile dans les établissements de santé, de sorte que plusieurs mesures de contrôle des infections et de surveillance des antibiotiques ont été mises en place par le MSSS. De plus, l’Agence canadienne de santé publique (ACSP) a publié des lignes directrices sur le contrôle des DACD et Agrément Canada a instauré les premières normes en matière de sécurité des patients, accompagnées des pratiques organisationnelles requises (POR). Dans cette foulée, certains milieux ont même décidé de se tourner vers l’administration de probiotiques.Depuis, des retombées positives sont observées. Le taux d’incidence est notamment passé de 9,1 en 2006-2007 à 6,5 nouveaux cas pour 10 000 jours-présence d’hospitalisation en 2009-2010, une diminution de 28,6%. En 2016, on parle plutôt de 5,9 nouveaux cas pour 10 000 jours-présence d’hospitalisation.Autres mesures préventives plus efficaces« Considérant les avantages des autres mesures de prévention et de contrôle des infections et de surveillance des antimicrobiens, dont la portée est plus étendue », les experts estiment que les établissements devraient cesser l’usage des probiotiques, du moins en attendant de recueillir plus de données probantes sur leur efficacité.Pour l’instant, on ignore si l’efficacité, jusqu’ici attribuée aux probiotiques, découle uniquement de son administration ou plutôt, en partie, à ces mesures préventives, maintenant normalisées au Québec. « Il est possible que les probiotiques aient encore moins d’effets que ce qui a été rapporté dans les études », peut-on lire dans le rapport de l’INESSS.Inquiétudes chez les experts« Le fait qu’au moment de rédiger le présent avis, aucune société savante reconnue ni agence d’ETS ne se prononce en faveur d’un usage des probiotiques en prévention des DACD en dit long sur la reconnaissance de ses avantages et empêche d’en faire la recommandation au Québec », note-t-on dans le rapport de l’INESS.Certaines parties consultées craignent que la recommandation de l’usage des probiotiques en prévention des DACD entraîne un relâchement des mesures préventives en place. Une augmentation du taux de DACD pourrait alors en découler.

Prévention des diarrhées liées à C. difficile : L’usage des probiotiques non recommandé par l’INESSS

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