Première ligne: le déploiement du «HUB» dans le dernier droit

À quelques jours de la date butoir du 30 juin, 597 des 643 cliniques des GMF de la province ont déployé le fameux «HUB» décrit par Québec comme le «Trivago» de la prise de rendez-vous en première ligne. L’orchestrateur est le pilier informatique sur lequel repose la réorganisation en cours des soins primaires, notamment le déploiement des GAP, les guichets d’accès à la première ligne destinés aux patients orphelins. Il s’agit d’une plateforme qui regroupe les données des dossiers médicaux électroniques (DME) et les portails de prise de rendez-vous comme Bonjour-santé, Rendez-vous santé Québec ou encore Chronometric, Tap medical et Logibec Réorientation. Les omnipraticiens doivent y déposer la «totalité de leur offre de services», conformément à la lettre d’entente conclue en 2021 entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le ministre de la Santé Christian Dubé. Autrement dit, les médecins de famille qui pratiquent en GMF doivent renseigner dans le «HUB» les plages de consultation, avec ou sans rendez-vous, durant lesquelles ils sont disponibles. Dernièrement, plusieurs gestionnaires de GMF ont rapporté des problèmes divers et variés avec l’orchestrateur: chaises vides, doublons dans les rendez-vous, patients venant parfois de très loin, etc. «Le déploiement précipité du HUB se fait de manière douloureuse, tant pour les patients que pour les médecins», constate le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot. Il considère que l’orchestrateur «n’est pas une mauvaise chose en soi, dans la mesure où il est fonctionnel et répond aux besoins [des soignés et des soignants]. Actuellement, ce n’est pas encore le cas, ce qui compromet le succès du GAP.» Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on trouve «normal qu’il y ait des accrocs techniques» pour un projet d’une telle envergure. On assure cependant que la situation est «suivie de près» et que les demandes de correctifs sont traitées dans les plus brefs délais. Les bogues signalés sont en effet soumis au fournisseur du «HUB», l’entreprise québécoise PétalMD, et «les travaux se font en continu afin de les résoudre», a précisé par courriel Robert Maranda, un porte-parole du MSSS. Des retardataires excusés, ou pas Parmi les 46 cliniques GMF qui n’ont pas encore adopté le HUB, 30 ne peuvent pas le déployer en ce moment. «Certaines de ces cliniques n’utilisent pas de dossier médical électronique», indique M. Maranda. Elles devront néanmoins se conformer aux obligations du programme, dont l’utilisation d’un DME, si elles souhaitent conserver leur statut de GMF, précise-t-il. «D’autres ont obtenu une dérogation du MSSS, car elles doivent par exemple changer de DME dans les prochains mois, ce qui aurait exigé de faire le travail deux fois.» Pour ces 30 cliniques-là, l’échéance a donc été ajustée et varie selon les situations. Les 15 autres cliniques ayant pris du retard nécessitent quant à elles «des travaux d’investigation technique dont la résolution est en cours». Enfin, une seule clinique refuse de se brancher, ce qui l’expose aux pénalités prévues par le programme GMF, soit une réduction de 30 à 50% des financements liés à son fonctionnement.

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