Premier tour du CaRMS: des dizaines de postes non comblés en médecine de famille

Les résultats du premier tour de jumelage du CaRMS, le Service canadien de jumelage des résidents, ont été dévoilés cette semaine. Et les années se suivent et se ressemblent. Sur les 528 postes de résidents en médecine de famille offerts en 2024 par les quatre facultés de médecine du Québec, 91 n’ont pas trouvé preneurs (17%), soit un peu moins que l’an dernier (20%).Autrement dit, 93% de tous les postes de résidence en médecine non pourvus dans la province le sont en médecine familiale, puisque seulement six postes de résidents en médecine spécialisée (sur 448) demeurent vacants à ce jour: 2 en chirurgie générale et 1 en pédiatrie à l’Université de Montréal (UdM), 2 en pathologie diagnostique et moléculaire à l’Université de Sherbrooke (UdS) et 1 en santé publique et médecine préventive à l’Université Laval (UL).Dans le détail, 31 résidences en médecine de famille n’ont pas été attribuées à l’UL, 26 à l’UdM, 20 à l’UdS (dont 4 postes dévolus à Moncton) et 14 à l’Université McGill. Ailleurs au Canada, 1172 postes de résidents en médecine familiale étaient offerts par les 13 autres facultés de médecine au pays. À l’issue du premier tour du CaRMS, 1011 ont été pourvus, soit un taux de vacance de 13% hors Québec. «Malheureusement, cette année encore, les résultats annoncés sont extrêmement décevants pour la médecine familiale», regrette la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) dans un communiqué. En guise d’explication, elle cite pêle-mêle la lourdeur administrative, la surcharge de travail, le soutien d’autres professionnels en première ligne qui tarde à arriver, les mesures législatives coercitives, les contraintes à l’installation en pratique (PREM et AMP) ou encore les écarts de rémunération avec les autres spécialités.«Le déficit d’attractivité de la médecine familiale auprès de la relève médicale a des conséquences dont on doit enfin saisir la pleine mesure au Québec», affirme le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot. «Chaque poste de formation vacant nous prive potentiellement d’un médecin de famille pour les 30 prochaines années. Multipliez ce chiffre par près de 600, soit de manière réaliste le nombre prévisible de postes de formation en médecine de famille qui auront été laissés vacants au cours des 12 dernières années au Québec, et on peut alors mesurer la perte immense que cela représente.»Soulignant la pénurie d’omnipraticiens qui sévit au Québec, le Dr Amyot dresse un sombre constat: «La recette sur les plans de l’évaluation des besoins, de la planification des effectifs médicaux et de l’attractivité de la médecine de famille ne fonctionne pas. (…) Si la Fédération est résolument en mode action et à pied d’œuvre depuis un certain temps à cet égard, force est de constater que d’autres acteurs doivent changer leur approche, leur vision et leur façon de faire afin que les choses changent dans le bon sens.» Changer le discours politiqueLe président du Collège québécois des médecins de famille (CQMF), le Dr Alain Papineau, estime quant à lui qu’il ne faut pas «minimiser la situation en disant que le MSSS [ministère de la Santé et des Services sociaux] ouvre plus de postes de résidence qu’on en a besoin et que les postes vacants sont des postes excédentaires. Il n’en reste pas moins que seulement 50% de nos externes finissent par rejoindre la médecine de famille (et non 55%) et qu’il manque de 1000 à 1400 médecins de famille au Québec, selon la méthode utilisée.» Lire aussi: Où s’en va la médecine de famille?Selon lui, «force est de constater que nos élus n’ont pas encore appris que le fait de dénigrer de quelque façon les médecins de famille sur la place publique ne fait qu’envenimer la situation. Les étudiantes et étudiants y sont très sensibles. Que 13 000 patientes et patients plus vulnérables soient en attente, c’est désolant et nous devons trouver des solutions pour les intégrer rapidement et en assurer le suivi. Mais pourquoi encore mettre publiquement et de façon à peine voilée, la “faute” sur les médecins de famille plutôt que de voir comment remédier au problème avec les autorités compétentes», se demande le Dr Papineau dans une lettre ouverte.Le président du CQMF reste convaincu que la valorisation de la médecine de famille est encore possible, «mais attention, on n’y arrivera pas sans un processus de réflexion sérieux partagé par l’ensemble des parties prenantes. (…) Le temps presse, cependant, on ne voudrait pas manquer la prochaine cohorte qui commencera à l’automne sa réflexion pour le prochain CaRMS 2025.»En attendant, le second tour du CaRMS 2024 aura lieu du 9 au 17 avril prochain.

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