Pointe-du-Lac: Quand la Coop sauve la clinique...

La Coopérative de solidarité santé de Pointe-du-Lac aura cinq ans le 1er avril 2011. Et elle part de loin. « Nous allions fermer dans les six mois, c’était écrit dans les astres », dit le Dr Yves-Laurent Godbout*, 62 ans. Il évoque l’année 2005, des temps alors difficiles pour la seule clinique médicale du village.La clinique desservait une clientèle vieillissante. Elle devait aussi composer avec les effets d’une certaine poussée démographique dans cette zone semi-rurale située à l’orée du grand Trois-Rivières, en bordure du lac Saint-Pierre et du fleuve Saint-Laurent.Arrive la même année, à Trois-Rivières, une unité de médecine familiale affiliée à l’Université de Montréal. « Une excellente nouvelle pour la Mauricie, mais un événement difficile pour nous », résume le Dr Godbout. Si l’UMF remet effectivement la région sur la carte pour le recrutement, elle « séduit » deux médecins de la clinique.Leur départ survient peu avant le renouvellement du bail. Une clinique équipée pour « rouler » à cinq médecins se retrouve soudain à deux, le Dr Godbout et la Dre Johanne Donati, son épouse, également médecin de famille.Appel à l’aideLe couple lance un appel à l’aide auquel répondent plusieurs personnalités locales (notaire, comptable, représentant de la Caisse pop, de l’université, etc.). « Ils nous ont dit qu’ils allaient tout faire pour trouver une solution. » Et comme la région a déjà une longueur d’avance en matière de coops – celle de Saint-Étienne des Grès, la plus ancienne du Québec, étant dans le voisinage –, la formule coopérative retient leur attention.Une réunion publique se tient en novembre 2005. Cinq mois plus tard, la Coop ouvre ses portes. Le Dr Godbout lie cette efficacité au fort attachement à leur milieu « de gens débrouillards qui tenaient à garder chez eux leurs services médicaux ».En réalité, on n’a pas à proprement parler transformé la clinique en coopérative. La Clinique médicale de Pointe-du-Lac reste une entité à part; la Coopérative de solidarité santé Pointe-du-Lac en devient l’instrument de gestion. « Et c’est la coopérative qui fait la réussite de la clinique », note le Dr Godbout. Elle a engagé deux infirmières et au fil des ans, une équipe de cinq médecins s’est reformée.Carrière prolongéeSur le plan personnel, le Dr Godbout – un enfant du village – constate que l’avènement de la coopérative lui a permis de prolonger une carrière satisfaisante. Au lieu de partir à la retraite (il comptait en 2005 environ 30 ans de pratique et son épouse, 28), il a continué à exercer. « Je ne me suis pas contenté d’une contribution professionnelle. Nous avons légué à la coopérative tout le mobilier et l’équipement de la clinique, et gagné l’appui de la population. Nos gens participent aux services de santé, ils n’en sont plus seulement de simples consommateurs. »Et puis, conclut-il, on trouve moins des nôtres dans les urgences de Trois-Rivières. « Notre petit milieu se débrouille en effet en utilisant au maximum ses services de proximité. »Lire la suite du dossier «Les coops de santé, Une controverse»* Directeur médical de l’équipe de médecins de famille de la Clinique médicale de Pointe-du-Lac, également membre du conseil d’administration du CSSSTR et de la Table médicale territoriale de Trois-Rivières.Deux infirmièresLa Coopérative de solidarité santé Pointe-du-Lac a pour slogan « Ma santé, j’y participe ! ». Elle demande « une part de qualification » de 50 $, remboursable en tout temps, et une contribution annuelle de 75 $, votée en assemblée générale. Elle compte 7000 membres pour 8000 patients réguliers. Les 1000 patients non-membres, appelés « free-riders », sont reçus par leur médecin durant les mêmes plages horaires, indifféremment de leur statut envers la Coop.Même si elle ne roule pas sur l’or, la Coop a pu embaucher deux infirmières, un service complémentaire que s’offre la population. Elles s’occupent notamment du dépannage pour les patients présentant un problème de santé aigu, participent aux services curatifs et préventifs (Journée santé, conférence en nutrition, suivis en diabète, HTA, etc.).La Coop propose aussi les services d’une nutritionniste et d’une psychologue, assumant une partie de la consultation pour les citoyens plus démunis. On ne peut devenir membre de la Coop sans avoir au préalable un médecin de famille, ce qui se fait habituellement par un contact privé (un parent, un ami).

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