Plus d'exercice n'aggrave pas le taux d'ulcères du pied diabétique

Le Dr Joseph LeMaster, de la faculté de médecine de l’Université du Missouri, a expliqué dans une présentation au congrès NAPCRG que la neuropathie diabétique compte pour 60 % des amputations aux États-Unis. «Les ulcères du pied sont présents avant presque chaque amputation», a-t-il affirmé, ajoutant que la neuropathie diabétique est la plus courante des neuropathies, touchant 40 % des personnes souffrant de diabète sucré pendant leur vie.L’une des études qu’il a citées suggère que 78 % des ulcères du pied concernent des neuropathies; 63 %, des déformations du pied, comme les orteils en marteau, et 77 % sont liés à certains traumas mineurs. «Lorsque les trois causes étaient réunies, pratiquement tous les patients voyaient apparaître un ulcère du pied. L’activité physique avec mise en charge n’était pas l’une des causes principales identifiées.»Malgré tout, l’American Diabetes Association (ADA) suggère aux diabétiques atteints de neuropathies de limiter l’activité avec mise en charge, car le frottement mécanique contre le pied pendant la marche pourrait entraîner des ulcères. Cette recommandation a été émise dans les années 1970, mais même l’ADA suggère maintenant qu’une des façons de maîtriser le diabète passe par un programme d’activité physique régulière – 30 minutes d’activité physique modérée chaque jour, comme la marche rapide, de l’entretien ménager ou du jardinage.Renforcer les tissus? Le Dr LeMaster et ses collègues croient que les pieds tolèrent une certaine tension, mais une activité réduite entraîne de l’atrophie et vulnérabilise le pied. «Notre hypothèse est qu’une augmentation progressive et graduelle de la tension peut renforcer les tissus, les rendant plus résistants à la tension et moins susceptibles à l’apparition d’ulcères.»Pour vérifier cette idée, les chercheurs ont randomisé 79 patients sédentaires atteints de diabète de type 1 et 2, 41 à un groupe d’intervention et 38 à un groupe témoin. Les groupes – âge moyen de 66 ans et durée moyenne du diabète de 11 ans – étaient comparables et faisaient le même nombre de pas par jour, mesurés par un podomètre.Pendant les trois premiers mois de l’intervention, un entraîneur physique a travaillé individuellement avec les patients pendant huit séances en mettant l’accent sur des activités de renforcement des muscles des extrémités inférieures et sur l’équilibre. À leur domicile, les participants devaient faire des exercices progressivement plus difficiles, pendant une heure, trois fois par semaine.À la fin des trois mois, les participants ont reçu des conseils pour mettre au point un programme de marche correspondant à leur stade d’activité physique. Ils étaient encouragés à accroître lentement l’activité, ajoutant un minimum de 100 pas à leur activité quotidienne chaque deux semaines.Contrairement aux espérances des chercheurs, les sujets du groupe intervention n’ont pas suffisamment accru leur activité physique, et le nombre des ulcères n’a pas significativement varié entre les deux groupes; mais le nombre des ulcères n’a pas pour autant augmenté dans le groupe intervention.«Le nombre total de pas additionnels par jour n’a pas atteint les 25 % de plus auxquels on s’attendait, dit le Dr LeMaster. Dans le groupe témoin, le nombre de pas a décru de 13 % entre le début de l’étude et à 12 mois. Cependant, le nombre de pas effectués pendant un exercice de 30 minutes a connu des changements significatifs… augmentant de 14 % dans le groupe intervention tandis qu’il demeurait inchangé pendant toute la durée de l’étude dans le groupe témoin.»Si les lésions et les ulcères étaient comparables dans les deux groupes, les ulcères de pleine épaisseur ont doublé dans le groupe intervention pendant les six premiers mois, indiquant qu’un accroissement de l’activité physique pourrait avoir un effet défavorable au début. Mais ces ulcères n’étaient pas situés sur les zones de mise en charge, et le Dr LeMaster suggère qu’ils ont été entraînés par une activité physique accrue et de nouvelles chaussures plus adaptées et orthopédiques. «À la fin de l’année, les taux des ulcères du pied étaient pratiquement les mêmes dans les deux groupes.»À 12 mois, les taux des lésions entraînées par la mise en charge – qui sont plus longues à guérir – étaient plus élevés dans le groupe témoin par rapport au groupe intervention.«Étant donné l’effet négatif de l’inactivité sur le risque cardiovasculaire, il est important de mentionner que l’intervention a permis aux participants du groupe intervention d’éviter une réduction de l’activité, ce qui est survenu dans le groupe témoin.»Le Dr LeMaster estime qu’un programme de marche soigneusement surveillé est probablement sécuritaire, en portant une attention particulière aux chaussures. «Faites marche arrière si des zones d’échauffement ou de l’usure par frottement apparaissent», dit-il, ajoutant que ce peut être comme le «pied en vacances», lorsque les patients avec des neuropathies reviennent de vacances avec des ulcères du pied parce qu’ils ont marché plus que de coutume.Retour au compte rendu de congrès du North American Primary Care Research Group

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