Plus de grains, moins de viande: la clé de la prévention du DT2

La viande est liée à un risque accru de diabète de type 2 (DT2), ce qui pourrait être dû à des niveaux plus élevés de biomarqueurs inflammatoires liés à l'obésité. La bonne nouvelle est qu'en réduisant la consommation de protéines animales et en la remplaçant par des protéines d'origine végétale, on réduit considérablement ce risque. En effet, le fait de remplacer 5% de l'énergie alimentaire provenant des protéines animales par 5% de l'énergie provenant de protéines végétales a été associé à une réduction de 21% du risque de DT2, selon une étude portant sur les protéines alimentaires et le risque de DT2. Les résultats ont été publiés dans Diabetes Care. «Nous avons constaté que la consommation de protéines animales provenant de la viande rouge, de la viande transformée, de la volaille ou des œufs est directement associée à une augmentation du risque de DT2, tandis que les protéines végétales provenant de grains entiers ou de noix ont été associées à une diminution du risque», ont écrit les chercheurs. Il était intéressant de se pencher sur les protéines alimentaires car des preuves de plus en plus nombreuses montrent que la viande rouge, la viande transformée et les œufs peuvent augmenter le risque de DT2, alors que les grains complets et les produits laitiers peuvent le diminuer. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont utilisé les données de deux études de population à long terme: la Women's Health Initiative (WHI) et la UK Biobank (UKB). La cohorte WHI comprenait des femmes ménopausées plus âgées aux États-Unis et la UK Biobank incluait des hommes et des femmes adultes plus jeunes que la population WHI. La UKB a été utilisée pour une analyse de réplication. «Nous avons utilisé la UK Biobank ainsi que la WHI pour observer si nous pouvions constater la cohérence des résultats dans ces cohortes [et si] les résultats pouvaient être généralisés aux populations sources ciblées», a déclaré le Dr Simin Liu, coauteur de l'étude et professeur d'épidémiologie, de chirurgie et de médecine à l'Université Brown à Providence, RI. Les objectifs de l'étude étaient d'examiner le rôle de différentes sources de protéines animales et végétales dans l'incidence du DT2 chez les participants aux deux études de population, et d'examiner si les biomarqueurs liés au DT2 pouvaient expliquer l'association entre les protéines végétales et les protéines animales dans les études cas-témoins imbriquées dans la WHI. La cohorte WHI a inclus 108 681 femmes ménopausées (âge moyen de 63 ans au départ), inscrites entre 1993 et 1998. Les femmes souffrant de diabète au moment de l'inscription ont été exclues. Parmi celles-ci, 15 842 (14,6%) ont développé un DT2 au cours d'une période de suivi médiane de 15,8 ans. Les données de l'UKB concernaient 19 714 femmes et 14 902 hommes qui ont été suivis pendant une période médiane de 11,4 ans, parmi lesquels 663 ont développé des cas incidents de DT2. Les données alimentaires de la WHI ont été recueillies lors de l'inscription, notamment. Un total de 12 sources de protéines alimentaires a été pris en compte pour l'étude actuelle. Il a été constaté qu'une consommation quotidienne moyenne plus importante de viande rouge, de viande transformée, de volaille, d'œufs et de fruits de mer à faible teneur en oméga-3 était associée à un risque accru de DT2, tandis qu'une consommation plus importante de grains entiers et de noix était inversement associée à une probabilité moindre de développer un DT2. Mais il existe un spectre des risques: la viande rouge et la viande transformée présentent le risque le plus élevé de développement du DT2, tandis que la volaille, les œufs et les fruits de mer à faible teneur en oméga-3 représentent le prochain risque le plus élevé. Les grains et les noix ont constitué le risque le plus faible. La consommation régulière de fruits de mer à forte teneur en oméga-3, de fromage, de lait, de yaourt et de légumineuses n'avait que peu ou pas de lien avec le risque de DT2, selon l'étude. Les plus grands consommateurs de protéines animales en ont mangé en moyenne 66,6 grammes par jour (soit environ 2,3 onces), tandis que ceux du groupe de faible consommation n’en ont ingéré en moyenne que 40,0 grammes par jour dans la WHI (soit environ 1,4 once), a détaillé le Dr Liu. Le remplacement d'une portion par jour de viande rouge, de viande transformée, d'œufs ou de volaille par des sources de protéines provenant de grains complets entraîne une diminution de 13 à 26% du risque de DT2. Ces résultats étaient cohérents dans la cohorte UKB. «Il est possible que les personnes qui mangent plus de protéines végétales aient un mode de vie globalement plus sain. Cependant, même lorsque nous tenons compte de ces habitudes de vie connues, les personnes qui consomment davantage de protéines végétales semblent être associées de manière indépendante à de meilleurs résultats», a souligné le Dr Liu. Les chercheurs ont ajusté les données en fonction de l'IMC, de la race, de l'activité physique, de la consommation d'alcool, du revenu familial, de l'utilisation de multivitamines et du régime alimentaire général afin de tenir compte de toute différence de mode de vie. Un sous-ensemble de la population de la WHI a subi des analyses de sang à différents moments de l'étude, ce qui a permis d'examiner la présence de biomarqueurs inflammatoires. L'étude comprenait 1445 cas incidents de DT2 et 2019 sujets témoins. Comparés aux sujets témoins, les sujets atteints de DT2 ont présenté un IMC, un tour de taille, une résistance à l'insuline HOMA, des facteurs d'inflammation, des marqueurs de dysfonctionnement endothélial et de la leptine plus élevés et une globuline liant les hormones sexuelles (SHBG) plus faible. Ces marqueurs sont connus pour être associés au risque de DT2, et les mesures étaient plus élevées chez ceux qui mangent plus de viande rouge. Le Dr Liu fait remarquer que les protéines animales contiennent plus de graisses saturées, de cholestérol alimentaire et de fer héminique, et moins de fibres et de polyphénols que les sources végétales, ce qui pourrait expliquer pourquoi des améliorations sont observées dans les maladies cardiométaboliques et les facteurs de risque lorsqu'on remplace les sources de protéines animales par des protéines végétales. «Les médecins de famille peuvent reconnaître les avantages qu'il y a à remplacer certaines sources de protéines animales par des sources de protéines végétales dans le régime alimentaire de leurs patients, en particulier chez ceux qui risquent de développer un diabète de type 2 [mais comme] les médecins de famille sont occupés, ils devraient envisager de les adresser à des diététiciens pour des conseils en nutrition», a-t-il ajouté. Les résultats ne sont pas surprenants, selon le Dr David Jenkins, médecin et professeur de sciences de la nutrition à l'Université de Toronto. Il n'a pas participé à l'étude. Selon lui, la consommation de viande est associée à un risque accru de diabète, de maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer pour diverses raisons. L'une d'entre elles est que la consommation de viande, en particulier lorsqu'elle est excessive, peut entraîner un excès de fer héminique, ce qui pourrait aggraver les risques de diabète et d'autres problèmes de santé. Les protéines végétales ont moins de facteurs inflammatoires potentiels, a-t-il rappelé.

Plus de grains, moins de viande: la clé de la prévention du DT2

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes