PL67: l’APPSQ exprime «certaines réserves»

Dès l’annonce des nouveaux actes ouverts aux pharmaciens dans le cadre du PL67 par la Présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, le 4 juin dernier, Professionsanté.ca se faisait l’écho de l’enthousiasme général des professionnels du secteur. Mais c’est un élan teinté de retenue que dévoile aujourd’hui l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ). «Nous ne pouvons, à nous seuls, porter la responsabilité de ces nouvelles activités», alerte l'association dans un communiqué diffusé mercredi 26 juin. S’il salue une belle avancée, Maxime Sawicki, pharmacien remplaçant et collaborateur dans le comité de prise de position de l’APPSQ, n’est en effet pas certain que les pharmacies communautaires aient aujourd'hui «la capacité de fournir tous ces services d'ici quelques mois, entre la pénurie de personnel et le manque d’organisation en laboratoire».À lire aussi: PL 67: des assouplissements majeurs au rôle des pharmaciensLa structure et l'organisation des pharmacies, aménagées sur un modèle traditionnel de distribution, vont donc devoir être repensées selon lui, car elles ne correspondent plus aux nouvelles prérogatives des équipes. «Ça va prendre des plages de rendez-vous, du matériel aussi comme des stéthoscopes, dont nous ne disposons pas pour l’instant, renchérit Maxime Sawicki. On parle de 3 à 6 mois avant la mise en place de ces nouveaux actes. Les chaînes et bannières comptent a priori installer des salles de consultations, ce qui serait bien. Mais est-ce que les 2000 pharmacies du Québec auront le temps de revoir la conception de leurs laboratoires? Ça me semble difficile.»Des équipes mieux formées et rémunéréesLes équipes vont elles aussi devoir évoluer via une formation nécessaire, ce qui n'est pas à l’ordre du jour, déplore Maxime Sawicki: «Nous ne sommes actuellement pas formés au diagnostic, comme dans le cas d’une otite par exemple. Et même si on avait accès à des formations à temps, il faudra qu’on continue de réaliser toutes nos autres tâches. Ce qui veut dire plus de travail sans plus de ressources.» Le pharmacien, confiant dans la capacité de résilience du personnel, souligne toutefois le criant manque de main-d’œuvre qualifiée qui risque encore de compliquer la tâche. «Les équipes actuelles sont déjà très sollicitées par la population, avec des défis tels que les ruptures d’approvisionnement, la demande croissante de conseils et de consultations, ainsi que la prolongation de prescriptions», pointe l’APPSQ dans son communiqué. L’anxiété liée aux risques d’erreurs et le spectre de l’épuisement professionnel associés à ces nouvelles activités planent sur les pharmaciens instrumentants et les personnels techniques. À lire aussi: Nouveaux pouvoirs aux professionnels de la santé: un pas de plus en faveur l’interdisciplinaritéL’association appelle ainsi à déléguer davantage les tâches techniques dans tous les milieux, et à sensibiliser le grand public au nouveau rythme en pharmacie. «On ne veut pas que les gens s’attendent simplement à arriver et à être traités, prévient Maxime Sawicki, qui prévoit des temps d’attente plus longs. Ça prendra des plages horaires, comme chez le médecin.»Enfin, l’APPSQ s’inquiète d'obtenir une juste rémunération, indispensable «pour reconnaître la valeur ajoutée des compétences du pharmacien, mais aussi pour attirer et retenir les professionnels qualifiés». «Au privé, une infirmière spécialisée fait environ 185$ pour une infection urinaire non compliquée chez la femme, affirme Maxime Sawicki. Est-ce que le gouvernement prévoit de payer les pharmacies de même? Seront-ce les assurances privées ou le patient qui paieront pour cela?» Des questions désormais entre les mains de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP), en charge du dossier.

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