Pharmaciens et infirmières coroners: le président de l'Association des coroners se prononce

Dans environ 30% des cas, la cause du décès est inconnue, obscure ou la mort est causée à la suite de ce qui semble être une négligence, ce qui rend le travail du coroner complexe du point de vue médical, souligne le Dr Dandavino. «On demande au coroner de faire des évaluations de la fonction médicale, de faire une évaluation du suivi médical et de voir si le système hospitalier a été fonctionnel. C’est toujours difficile d’évaluer le travail des médecins spécialistes. Les coroners doivent évaluer si le patient a été bien pris en charge, par exemple, à l’Institut de cardiologie ou au CHUM», explique le médecin de famille coroner qui occupe ce poste depuis 1987. Ce dernier vise plus particulièrement les ingénieurs. «Ce sont eux qui vont conclure si le psychiatre ou le cardiologue a bien fait son travail... On verra ce que cela va donner.» Le Dr Dandavino se garde toutefois de porter un jugement trop rapide sur ces «nouveaux coroners», mais sait que, pour certains, cet emploi va demander plus de recherche et de travail que pour un médecin. D’autant plus que ce ne sont pas les coroners qui décident, selon leurs compétences, de quels cas ils s'occupent. En effet, les investigations sont attribuées selon les territoires. Par exemple, une mort suspecte à Gatineau sera investiguée par le coroner de garde de cette ville ou des environs. Qu’il soit médecin, pharmacien ou infirmier, il pourrait également traiter toutes sortes de cas, dont des suicides, des accidents agricoles ou de la route, des morts naturelles ou des empoisonnements alimentaires. Avant d’être coroner, une formation de 40 heures est donnée, mais il ne s’agit pas d’un cours de médecine de base. «C’est une formation technique qui explique, entre autres, comment le système informatique fonctionne, les limites du rôle de coroner, en plus de décortiquer le rapport de police», affirme le Dr Dandavino. Manque de coroners La décision de permettre à trois autres professions d’occuper ce poste dénote un manque criant de coroners au Québec, soutient le président de l’Association des coroners du Québec. À l’heure actuelle, 56 juristes et 46 médecins occupent cette fonction d’officier public nommé par le gouvernement. «À cause de leur surcharge de travail et de la non-rémunération, les médecins abandonnent le travail. Donc, il faut aller puiser dans d’autres professions.» Les coroners sont rémunérés, mais pas à la hauteur de leurs efforts, précise l’omnipraticien. Il avance ainsi qu’un coroner à temps partiel reçoit 380$ pour l’investigation d’un décès causé par une maladie et 714$ pour l’investigation d’une mort violente. Selon la nature du décès, il faut entre 10 et 12 heures de travail avant de rendre son rapport. De plus, le coroner peut être de garde 24h sur 24 et être réveillé en pleine nuit. «Les gens doivent être coroners par passion, car la rémunération est inacceptable pour le moment. C’est un manque de respect du gouvernement», dénonce-t-il. Pour montrer leur insatisfaction au sujet de leurs tarifs, les coroners se sont mis indisponibles durant quelques jours cet été. Toutefois, ce moyen de pression n’a pas eu d’effet auprès du gouvernement. Coroners recherchés Dernièrement, le gouvernement a publié une offre d’emploi pour pourvoir deux postes à temps plein, à Montréal et à Québec, ainsi que plusieurs postes à temps partiel. La personne candidate doit posséder au moins huit années d’expérience pertinente dans l’exercice de sa profession pour le poste à temps plein et au moins quatre années d’expérience pour le poste à temps partiel. Le salaire d'un coroner à temps plein varie de 130 732$ à 169 950$. Cependant, lorsque la personne est médecin, il varie de 135 647$ à 176 339$. Les coroners sont nommés par le gouvernement pour un mandat de cinq ans renouvelable.

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