Pharmacie: des conseils pour garder l’équilibre au travail

La surcharge de travail est un problème bien documenté chez les pharmaciens, notamment dans les sondages réalisés année après année par l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ). Voici quelques gestes simples à poser au travail ou à la maison pour vous aider à garder l’équilibre. «Chacun est responsable de son bien-être au travail.» S’il y a une phrase que la pharmacienne Jacynthe Dupras aimerait que ses pairs retiennent chaque fois qu’elle donne une conférence, c’est bien celle-là. Et être responsable de son bien-être signifie avant tout d’éviter le statu quo devant une situation professionnelle difficile, explique la formatrice et consultante en gestion du bien-être qui a donné une conférence sur l’équilibre en pharmacie à l’ère de la sursollicitation au 9e Forum pour l’avancement de la pratique pharmaceutique à l’Université de Montréal, en octobre dernier. «Lorsqu’on se met en mode attente, c’est rare que les choses se corrigent d’elles-mêmes. Le plus grand danger que l’on court est en prenant une position d’inaction, d’impuissance et de victimisation.» La formatrice propose aux pharmaciens de ne pas hésiter à faire des demandes à leurs collègues ou à leurs gestionnaires. «Il faut nommer ce qui fonctionne moins bien afin qu’une situation ne perdure pas. Sinon, cela expose la personne à du stress chronique.» D’ailleurs, chaque organisation a intérêt à être à l’écoute de ces demandes et à mettre le bien-être de ses employés au cœur de ses préoccupations, car «si les gens ne sont pas heureux au travail, particulièrement la génération des milléniaux, ils ne restent pas», rappelle Jacynthe Dupras. Gérez les sollicitations Des sollicitations de toute forme, légitimes ou pas, les pharmaciens en ont énormément chaque jour. Or, celles-ci consomment de l’énergie, une ressource loin d’être illimitée. En effet, Jacynthe Dupras souligne qu’une personne concentrée sur une tâche qui se fait déranger peut prendre jusqu’à 20 minutes pour revenir à un niveau d’attention maximale sur cette tâche. Elle invite donc les pharmaciens à se questionner sur le genre de sollicitation qu’ils veulent. Par exemple, comment ai-je envie que l’on communique avec moi ? Est-ce que ce dossier me concerne ou non ? Est-ce qu’on me donne trop d’informations ? «Une fois que l’on a établi nos paramètres, nous pouvons avertir les gens de ne plus nous solliciter, car c’est une impolitesse de solliciter quelqu’un inutilement, estime-t-elle. Il faut savoir mettre nos limites.» Privilégiez une tâche à la fois Les pharmaciens effectuent souvent plusieurs tâches en même temps. Or, ce mode de fonctionnement, même s’il est inhérent à la nature du travail en pharmacie, est épuisant à la longue, note Jacynthe Dupras. Dans la mesure du possible, le pharmacien doit plutôt focaliser son attention sur une tâche à la fois. «L’attention sélective est possible en pharmacie, affirme-t-elle. Il faut traiter une ordonnance à la fois, un dossier à la fois, un patient à la fois…» Prenez des pauses Les pharmaciens prennent peu de pauses. Pourtant, selon les études en psychologie de la performance, les employés devraient prendre huit minutes de pause par heure, souligne Jacynthe Dupras. Bien consciente qu’il est rarement possible de le faire, elle croit qu’il est tout de même possible de déterminer un temps d’arrêt qui corresponde à ses besoins, même s’il ne dure qu’une minute par heure. Car en réalité, les bienfaits des pauses s’appuient davantage sur leur répétition que sur leur durée. «Pendant cette minute, il faut s’éloigner de ce que l’on fait. Si nous sommes assis, on se lève et on fait autre chose comme des étirements ou des exercices de respiration.» Reconnaissez vos limites et respectez-les «Les pharmaciens ne sont pas habitués à écouter leur corps. C’est même contre-intuitif pour eux puisque ça leur a servi durant leurs études exigeantes de ne pas l’écouter», note Marie-Anne Bougie, conseillère d’orientation organisationnelle et psychothérapeute chez Gestion-Psychologie-Santé, un service spécialisé en prévention et intervention relative à la santé psychologique au travail. Pourtant, c’est primordial de s’écouter si l’on veut tendre vers le bien-être. Chaque personne a une fenêtre de tolérance au stress, illustre-t-elle. Lorsque la fenêtre est ouverte, le pharmacien est dans le moment présent et est entièrement connecté «avec ce qu’il pense, ce qu’il dit et ce qu’il fait». En revanche, lorsque la fenêtre est fermée, les limites sont atteintes et l’épuisement s’ensuit. Ainsi, «quand on sent que le corps ne suit pas, c’est important de ralentir. Il faut alors améliorer la qualité de son sommeil et de son alimentation.» Respirez ! Afin de se concentrer sur le moment présent et de gérer son stress, Marie-Anne Bougie recommande la technique de respiration 4-7-8 : on inspire pendant 4 secondes, on retient son souffle pendant 7 secondes et on expire pendant 8 secondes. Les exercices de respiration amènent une cohérence cardiaque, et permettent de ralentir, d’avoir une meilleure concentration, moins de tensions musculaires et un meilleur sommeil, illustre-t-elle. Selon la psychothérapeute, chaque personne devrait prendre un temps d’arrêt pour effectuer cet exercice, en série de quatre répétitions, le matin, le midi, le soir avant de rentrer à la maison et avant de se coucher. D’autres techniques de relaxation peuvent être utilisées pour diminuer le stress, comme la méditation, la visualisation et la pleine conscience. «L’important est de trouver un moyen de rester connecté au moment présent», note-t-elle. Augmentez votre sentiment d’efficacité personnelle Marie-Anne Bougie conseille par ailleurs aux pharmaciens d’augmenter leur sentiment d’efficacité personnelle (SEP) : plus une personne croit en elle-même, plus elle se fixera des buts adaptés à ses capacités, mettra en place les comportements pour atteindre ses buts et persévérera dans ses efforts, malgré les obstacles. En revanche, si une personne ne croit pas qu’elle réussira une tâche donnée, il y a peu de chance qu’elle arrive à se motiver, à fournir les efforts nécessaires et à persévérer. «Si un pharmacien a un sentiment de confiance, de maîtrise et de capacité pour faire face aux situations, il développera plus facilement un sentiment général de bien-être», souligne Jacynthe Dupras. Pour augmenter leur sentiment d’efficacité personnelle, les pharmaciens peuvent notamment prendre le temps de savourer leurs succès, s’entourer de gens qui leur renvoient une image positive d’eux-mêmes et tenter de dédramatiser les manifestations de stress devant une tâche à accomplir. Les pharmaciens peuvent mesurer leurs croyances en leurs capacités de faire face à différentes situations avec l’échelle du sentiment d’efficacité personnelle. Ce test comporte des énoncés auxquels on doit attribuer une cote en fonction de ce qui nous correspond le plus. L’outil est disponible en ligne sur plusieurs sites Internet. Posez des gestes de bienveillance (ou exprimez votre gratitude) Les études sur la psychologie positive le démontrent : poser un geste de bienveillance ou exprimer sa gratitude est une bonne façon de sécréter les hormones du bonheur et de bloquer les hormones du stress. Ces gestes favorisent d’ailleurs aussi la sécrétion de sérotonine, de dopamine et d’ocytocine chez les gens qui reçoivent cette bienveillance. De simples petites phrases comme «Merci de m’avoir aidé», «Une chance que tu es là», «C’est le fun de travailler avec toi», «Je me sens soutenu» peuvent avoir un impact très positif en milieu de travail. «Chaque fois que vous dites ces phrases, vous êtes en train de travailler en faveur du bien-être au travail», souligne Jacynthe Dupras.

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